Putsch raté en Turquie : la purge s'étend aux médias et à l'éducation...

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15.200 employés du ministère de l'Éducation vont être mis à pied, et 9322 militaires, magistrats et policiers font l'objet d'une procédure judiciaire.

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Erdogan 20 07 2016

Les représailles continuent après le putsch raté du 15 juillet en Turquie.  Le régime Erdogan a étendu mardi ses purges aux secteurs de l'enseignement et des médias, dans lesquels il soupçonne les partisans du prédicateur Fethullah Gülen, accusés d'être derrière le putsch avorté de vendredi en Turquie, d'exercer une forte influence. Le Conseil de l'enseignement supérieur (YÖK) a ainsi demandé la démission des plus de 1500 recteurs et doyens d'universités publiques et rattachées à des fondations privées après l'échec du coup de force contre le président Recep Tayyip Erdogan, a rapporté mardi l'agence de presse progouvernementale Anadolu.

25.000 fonctionnaires démis de leurs fonctions

Parallèlement, l'autorité audiovisuelle a annoncé que les radios et télévisions jugées proches de l'imam Gülen se verraient retirer leur licence. Selon un comptage de l'Agence France-Presse, au moins 25.000 fonctionnaires, dont des policiers et des enseignants, ont été suspendus ou démis de leurs fonctions dans tout le pays dans le cadre de la chasse aux « gülenistes ». Les fonctionnaires mis à pied ont été interdits de quitter le territoire. Par ailleurs, 9322 militaires, magistrats, policiers font l'objet d'une procédure judiciaire, a déclaré le vice-Premier ministre Numan Kurtulmus, sans autres précisions.

« Nous allons les déraciner d'une manière telle que (...) plus aucun traître, plus aucune organisation terroriste clandestine, plus aucun groupe terroriste séparatiste n'auront l'audace de trahir la Turquie », a déclaré le Premier ministre Binali Yildirim, évoquant les partisans de Fethullah Gülen. Dans un exercice délicat d'équilibre, il a rejeté « tout esprit de vengeance » qui serait « absolument inacceptable dans l'État de droit », alors que la communauté internationale s'inquiète d'un déchaînement répressif en Turquie.

Le FMI a appelé à « préserver » les institutions démocratiques, « piliers » des progrès économiques du pays, après la tentative de coup d'État militaire qui a provoqué une « certaine volatilité » financière.

Le vice-Premier ministre compare les putschistes à Daech

Jusqu'à présent, au moins 118 généraux et amiraux ont été placés en garde à vue, selon l'agence Anadolu, dans ce qui s'apparente à une importante purge au sein de l'armée. Vingt-six généraux et amiraux, dont l'ancien chef de l'armée de l'air, le général Akin Oztürk, ont été placés en détention préventive après avoir été inculpés, notamment, de « tentative de renversement de l'ordre constitutionnel » et de « tentative d'assassinat » du président Erdogan. Mais « l'écrasante majorité des forces armées turques qui aime sa patrie, sa nation et son drapeau n'a absolument rien à voir » avec la tentative de coup d'État, a assuré l'état-major dans un communiqué. Les « traîtres » ayant pris part à « cette vilenie » seront « sanctionnés de la manière la plus lourde ».

Numan Kurtulmus a lui aussi expliqué que le putsch n'avait « pas été soutenu par la chaîne de commandement » de l'armée. « Ce sont (les gülenistes) des forces armées qui ont fait le coup d'État. Il n'y a pas de différences entre eux Daech », le groupe djihadiste, a-t-il lancé. Mais « nous n'agirons pas comme ce gang de meurtriers. Nous agirons dans les limites de la loi », a-t-il assuré lui aussi. Par ailleurs, 9000 policiers, gendarmes et fonctionnaires ont été démis de leurs fonctions dans la chasse aux gülenistes.

Le gouvernement au courant du putsch ?

« Nous avons envoyé quatre dossiers aux États-Unis pour (demander) l'extradition du terroriste en chef », a déclaré Binali Yildirim au Parlement au sujet de Fethullah Gülen. La demande officielle d'extradition doit être très prochainement envoyée. « Nous aimerions que les États-Unis agissent sur ce dossier, nous aimerions voir une coopération de la part des États-Unis sur cette question », a déclaré Ibrahim Kalin, le porte-parole du président Erdogan, à Istanbul.

Mais le prédicateur a réfuté dans un entretien lundi avec l'Agence France-Presse aux États-Unis toute responsabilité. « J'ai toujours été contre l'intervention des militaires dans la politique intérieure », a-t-il assuré. Il a laissé entendre que le gouvernement aurait pu jouer un rôle dans cette tentative de putsch. « Vous avez des informations de presse indiquant que des membres du parti au pouvoir étaient au courant de la tentative huit, dix voire 14 heures à l'avance », relève-t-il.

Erdogan pense sa vie menacée

Mais le vice-Premier ministre a formellement démenti ces allégations : « Nous n'avions aucune information sur le coup », a assuré Numan Kurtulmas. « Si ce n'était pas un coup d'État, alors qu'est-ce qu'un coup d'État ? » a demandé Ibrahim Kalin, le porte-parole du président Erdogan. « C'est comme si on affirmait que le 11 Septembre (2001) a été orchestré par les États-Unis ou les attentats de Paris (en janvier et novembre 2015) et de Nice (le 14 juillet) par le gouvernement français ». Le président Erdogan a expliqué que sa vie avait été menacée par les putschistes, tandis que les conditions de son exfiltration de la station balnéaire de Marmaris (ouest) où il se trouvait au moment du déclenchement du coup d'État restaient floues.

« Si j'étais resté 10, 15 minutes de plus à l'hôtel, ils m'auraient tué, kidnappé ou emmené », a-t-il assuré dans une interview diffusée tard lundi par la chaîne de télévision américaine CNN. Les fonctionnaires mis à pied ont été interdits de quitter le territoire.

 

Source : Le Point.fr

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