Les Belges aux urnes, sous le signe de la discorde entre Flamands et Wallons

carte-belgique-3.jpg

La belgique est au bord de l'implosion, alors qu'elle doit prendre la présidence tournante de l'UE le 1er juillet

BRUXELLES (AP) — "Veut-on vivre ensemble, avec quel projet?". Une partie des réponses à cette question posée par le ministre des Finances, le francophone Didier Reynders, sera donnée dimanche à l'occasion des élections législatives anticipées en Belgique, sur fond de discorde entre néerlandophones et francophones.

Selon les sondages, les séparatistes de la Nouvelle alliance flamande (NV-A) de Bart de Wever, devraient largement arriver en tête en Flandre, région néerlandophone du nord de la Belgique où résident 6,5 des 10,5 millions d'habitants du pays. Le NV-A est crédité de quelque 26% des suffrages, contre 3,7% lors du scrutin de 2007.

Cette formation centriste devance les chrétiens-démocrates flamands (CD&V) du Premier ministre sortant Yves Leterme. Son gouvernement est tombé le 26 avril dernier, après l'échec des négociations pour résoudre le différend entre partis flamands et wallons sur la circonscription électorale de Bruxelles-Hal-Vilvorde. La question est maintenant de savoir si un bon score du NV-A sera suffisant pour ouvrir la voie à une séparation en deux entités.

C'est le souhait, à des degrés divers, des partis politiques en Flandre, partisans du "confédéralisme". Cela consisterait à confier diverses compétences (santé, justice, fiscalité, sécurité sociale, etc.) à des entités régionales, l'Etat fédéral ne conservant pour sa part que certaines prérogatives régaliennes comme la défense ou la politique étrangère. Et pour certains partis comme le NV-A, le confédéralisme ne serait qu'une étape avant une indépendance complète de la Flandre.

Autrefois marginal, le discours séparatiste est devenu le principal argument de campagne de Bart de Wever. "Ensemble nous dégringolons. La Flandre et la Wallonie doivent maîtriser chacune leur destin", a-t-il estimé.

Pour le patron du N-VA, la Belgique est un pays figé, économiquement en retard sur ses voisins et paralysé par la querelle linguistique et l'inefficacité.

Il se plaint de ce que la Flandre transfère 11,3 milliards d'euros par an à la Wallonie sans avoir son mot à dire sur la gouvernance dans cette région, marquée par des affaires de corruption. "La Belgique est devenue la somme de deux démocraties distinctes (s'écartant) de plus en plus vite, en termes de langue et de culture, mais aussi dans les domaines socio-économique et politique", juge-t-il.

Un discours qui a le soutien de nombreux Belges découragés par trois ans d'impasse politique entre chrétiens-démocrates, libéraux et socialistes, pendant lesquels la situation économique s'est dégradée et la dette publique a grimpé.

Selon un sondage rendu public en avril par la radio francophone Bel RTL, 32% des Flamands réclament l'indépendance immédiate, 17% la création d'une "confédération" avec la Wallonie -c'est-à-dire l'indépendance de fait- et 25% davantage d'autonomie au sein de la Belgique.

En Wallonie (sud) et dans la région de Bruxelles-Capitale, où vivent quatre millions de francophones, seul le modeste Front national réclame le rattachement de la Wallonie à la France. Les autres formations politiques, dont le Parti socialiste qui dirige la région, restent attachées à l'unité de la Belgique.

Bruxelles-capitale (19 communes), majoritairement francophone, est officiellement bilingue. Le reste de l'arrondissement Bruxelles-Hal-Vilvorde, où vivent une importante minorité francophone et nombre de résidents internationaux, est situé en région flamande. Mais en raison de ce statut "mixte", les Wallons peuvent y voter pour des listes soit francophones soit néerlandophones, ce que contestent les Flamands.

C'est ce dossier qui a fait éclater la coalition d'Yves Leterme et entraîné les élections législatives anticipées du week-end. Le scrutin devrait consacrer le morcellement des voix, et les négociations pour la formation d'un gouvernement de coalition s'annoncent laborieuses.

La Belgique risque ainsi d'entrer dans une nouvelle période d'instabilité, au moment où le pays va prendre, le 1er juillet, la présidence semestrielle de l'Union européenne. AP


Source : Le NouvelObs

Informations complémentaires :

France-Info (Audio) : Elections décisives en Belgique
Le Monde.fr : "Les politiciens belges sont indignes de nous"
Le Point : PORTRAIT - Bart De Wever détient les clés de la Belgique


Inscription à la Crashletter quotidienne

Inscrivez vous à la Crashletter pour recevoir à 17h00 tout les nouveaux articles du site.

Archives / Recherche

Sites ami(e)s