Alerte à Deepwater !

Je suis désolé de revenir là-dessus, mais cet article m'a intéressé et cette histoire a le don de m'énerver. Un homme averti en vaut deux...

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Au fur et à mesure des mois qui passent, on commence à peine à mesurer l’étendue du désastre, et des conséquences qui en découlent déjà.

La fuite du pétrole, aussi catastrophique qu’elle soit, ne doit pas masquer d’autres réalités, toutes autant dommageables.

Dans la deuxième quinzaine de juillet, d’autres fuites de pétrole ont été découvertes, issues manifestement du sol fissuré par l’explosion. lien

La tentative de stopper définitivement la fuite semble bien fragile. lien

Malgré la volonté de BP de dissimuler l’étendue du désastre, quelques journalistes réussissent à faire sortir des vérités du puits. lien

Pourtant « Le Monde  » du 28 juillet n’a pas peur d’écrire que « le pétrole a pratiquement disparu de la surface du golfe du Mexique ». lien

Mais le pétrole n’est qu’un des aspects de la question. Il ne faudrait pas ignorer les problèmes liés au méthane, et au dispersant toxique utilisé, qui sont loin d’être négligeables.

On le sait aujourd’hui, BP a utilisé le Corexit 9500, dans le but annoncé de « disperser » le pétrole. lien

Il est possible que la motivation de BP soit aussi guidée par la volonté de masquer l’étendue de la pollution, puisque le produit dispersant fait disparaitre la visibilité de la nappe en surface. lien

Ainsi que l’ont constatés des scientifiques, à bord du navire le Pélican, il y a, à grande profondeur de l’eau polluée au pétrole (oil plumes) et ces « nuages » sous-marins sont d’une grande superficie jusqu’à 16 km de long, pour 5 km de large, et d’une épaisseur de 90 mètres.

Ils ont été détectés jusqu’à 600 mètres de profondeur. lien

Corexit 9500 contient pour 1 à 5 % de Propylène Glycol, et de 10 à 30 % d’acide sulfonique.

Un contact cutané prolongé dessèche la peau en provoquant éventuellement des dermatites, ou même une « pneumonie chimique » chez l’animal, et donc chez l’homme, si il est ingurgité/régurgité.

Ainsi que l’affirme le docteur Susan Shaw, fondatrice et directrice de l’institut de recherche de l’environnement marin : «  Corexit 9500 est particulièrement toxique, il contient des solvants pétroliers et peut provoquer des saignements internes s’il est ingéré  ». lien

Selon une modélisation effectuée par le fabricant, l’utilisation du produit provoque une dispersion dans l’air de 5 %, de 10 à 30 % dans l’eau, et de 50 à 70 % pour le sol. lien

Il faut ajouter à cela qu’il y a une possible accumulation du produit dans la chaîne alimentaire.

Selon la fiche technique du produit, aucune étude de toxicité n’a été menée. lien

Une exposition excessive au Corexit 9500 peut altérer le système nerveux central, provoquer des vomissements, voire même des dommages aux globules rouges, au rein, au foie. lien

A cela il faut ajouter la pollution dégagée par les nappes de pétrole en mer, auxquelles le feu a été mis.

On se souvient du témoignage de Kindra Arnesen, cette Louisianaise que l’on peut revoir sur cette vidéo.

Elle évoque largement les problèmes cutanés de sa fille, liés manifestement à la pollution de l’air.

Sur le terrain, la situation est surréaliste :

Sur les plages souillées de Floride, les enfants jouent dans le sable pollué par les agents dispersants, et le pétrole.

Un laboratoire a fait des prélèvements sur les plages du Golfe du Mexique, et l’eau captée à provoqué l’explosion d’une éprouvette, tant était importante la concentration de pétrole dans l’eau.

On peut le découvrir sur cette vidéo.

Un autre problème préoccupant est lié à l’importante quantité de méthane relâché dans l’atmosphère.

Les conséquences d’une éruption océanique provoquée par le méthane seraient catastrophiques. lien

Le docteur Gregory Ryskin, ingénieur chimique de la Northwestern University dans l’Illinois, propose une hypothèse :

Il croit que l’extinction de masse qui s’est produit il y a 251 millions d’années soit liée à l’explosion d’une énorme poche de méthane.

Cette poche, de l’ordre de 10 000 gigatonnes, pourrait s’être accumulée sous le fond de l’océan, et suite peut-être à un tremblement de terre, aurait été libéré.

L’explosion du méthane aurait déclenché des tsunamis provoquant la disparition de 95 % des espèces marines, et de 70 % des espèces terrestres. lien

Comme il l’écrit : « ce qui est déjà arrivé hier peut évidement se reproduire demain ».

Or, les experts évoquent la présence d’une importante poche de méthane à proximité du forage de Deepwater.

Naomi Klein, la célèbre journaliste, évoque « une plaie béante dans le golfe du Mexique  » affirmant « qu’il ne s’agit pas d’un simple accident industriel, mais d’une blessure profonde infligée à la Terre  ».

Dans un article paru dans « Courrier International  », elle n’y va pas avec le dos de la cuillère :

« Si l’ouragan Katrina a mis à nu la réalité du racisme, le désastre de BP a mis à nu quelque chose de beaucoup plus profondément occulté : le peu de contrôle que nous exerçons sur les terribles forces naturelles interconnectées avec lesquelles nous jouons avec une telle insouciance. BP n’est pas capable de reboucher le trou qu’il a fait dans la Terre ». lien

Aujourd’hui des Américains sont de plus en plus nombreux à se préparer au pire, et envisagent déjà « la vie après le pétrole »

Telle Jennifer Wilkerson qui cultive ses légumes dans sa cuisine lien ou André Angelantoni qui a stocké des provisions dans sa maison de San Rafael, en Californie, troquant ses actions contre des lingots d’or, d’argent, convaincu que la baisse des ressources pétrolières auront des effets brutaux.

Une association, Transition US aide les citadins à se préparer à « l’après pétrole », en leur proposant des jardins communautaires, et étudie la mise en place d’une « monnaie locale » au cas ou la monnaie nationale serait menacée.

Mais revenons à Deepwater.

Contre toute attente, cette catastrophe majeure ne semble pas remettre en cause les forages en eau profonde. lien

Ils se comptent pourtant par centaines au sud des Etats-Unis, et la décision prise d’un moratoire de 6 mois vient d’être rejetée par la Cour d’Appel, celle-ci estimant que « l’administration n’avait su prouver que la poursuite des forages pourrait entraîner des dommages irréparables ». lien

Si l’on songe que les conséquences de cette catastrophe concernent pour l’instant 20 millions de personnes, on peut s’interroger sur la pertinence de cette décision.

Une pétition a été lancée pour le boycott de BP et on peut la signer sur ce lien.

Cela dit, il n’est pas sûr que BP survive à la catastrophe, puisqu’en dix semaines sa capitalisation boursière est passé de 190 à 90 milliards de dollars. lien

Comme dit mon vieil ami africain :

« L’eau du fleuve ne retourne jamais à sa source » et j’ajouterais : sans la sagesse et l’intelligence, l’homme a peu d’avenir sur cette Terre.


Source :
Agoravox


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