La perte du triple A, « simple rappel » ou « humiliation » pour la Grande-Bretagne ?

Et de trois après l'Espagne et la Grèce, la Grande-Bretagne, comme ça ont commence à bien voir ce que cela donne l'austérité. C'est les Anglais qui doivent être heureux, il ne leur reste plus que leurs yeux pour pleurer...

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Par (à Londres)

L'échec du gouvernement à sauvegarder la notation du pays polarise plus que jamais le débat sur la politique économique des Tories.

C'est l'histoire de l'une de ces promesses de campagne qui reviennent comme un boomerang d'autant plus violent qu'il était attendu depuis quelques mois. Durant toute la campagne de 2010, les Tories l'avaient martelé : avec eux, fini les dépenses à tout-va des travaillistes, le pays allait revenir à une gestion économique saine et rigoureuse. Mieux que ça : celui qui est depuis peu devenu le chancelier de l'Échiquier, George Osborne, le proclamait haut et fort : voter conservateur, c'était s'assurer que la Grande-Bretagne resterait dans le saint des saints des pays les mieux notés, c'était éloigner pour de bon le cauchemar de la dégradation de la note du pays, déjà vécu en 1978.

Dès sa nomination aux finances, George Osborne n'a d'ailleurs pas perdu de temps pour sortir sa grande paire de ciseaux et couper sans hésiter dans les dépenses de l'État. Et à chaque protestation contre les coupes budgétaires, fermetures d'hôpitaux et de bibliothèques, à chaque manifestation contre les hausses d'impôts (et notamment la jamais vue manifestation d'étudiants contre l'augmentation des droits d'inscription dans les universités), le ministre faisait ce rappel: celui de la lutte impérative contre les déficits et la nécessaire sauvegarde du fameux triple A.

Aujourd'hui, au lendemain de la dégradation de la note du pays par l'agence Moody's, Osborne focalise les foudres de l'opposition. Le shadow ministre travailliste de l'économie Ed Balls l'a canardé sur toutes les chaînes de radio et de télévision dès que la nouvelle a été officialisée... le qualifiant notamment de "docteur charlatan de l'économie", venant de subir "un humiliant soufflet" de la part de Moody's. "C'est lui qui, avec le Premier ministre David Cameron, avait assuré que le maintien du triple A était un test pour leur crédibilité économique et politique", a rappelé le travailliste.

"Simplement un rappel"

Car, derrière la personne de George Osborne, c'est la politique économique des tories qui est visée. Pour le Labour, c'est ce choix de la lutte contre les déficits avant tout qui vient d'être sanctionné. "Pas de croissance depuis deux ans, pire, la menace d'une troisième récession et un déficit qui s'accroît, de plus de 8 % cette année... Et pendant ce temps-là, les Britanniques souffrent... On l'a tous compris, cette politique est un échec total", a tranché Ed Balls. La solution des travaillistes ? Mettre la pédale douce sur la lutte contre les déficits pour mieux stimuler le retour de la croissance. Autant dire un remède pire que le mal pour la droite des conservateurs qui milite depuis quelques mois pour une potion beaucoup plus radicale. "Avec la taille et le poids de l'État en Grande-Bretagne aujourd'hui, il n'est pas étonnant que notre économie soit si fragile", s'est emporté un député tory de base qui milite pour encore plus de coupes dans les dépenses et de vraies baisses d'impôts pour stimuler la croissance.

Entre ces deux solutions radicalement opposées, le ministre de l'Économie et des Finances joue d'un flegme tout britannique pour plaider le maintien de sa ligne politique. "Cette dégradation de la note du pays, c'est un rappel, certes brutal, mais simplement un rappel, de l'importance de la crise de la dette dans notre pays. Cela signifie tout simplement qu'il faut continuer notre effort. Nous sommes dans la bonne direction." Un avant-goût de son projet de budget 2014 présenté dans quelques semaines... Un avant-goût aussi des arguments échangés lors de la campagne électorale nationale de 2015. Car même les économistes le soulignent dans leurs analyses post-dégradation de la note du pays : il est de plus en plus nécessaire pour le pays d'avoir un vrai débat national sur la politique économique à mener.

 

Source : Lepoint.fr

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