Italie : patronat et syndicats rappellent l’urgence sociale à la classe politique

Toujours le stand by en Italie, mais ça fait du bien de prendre le pouls de la population...

Patronat et syndicats italiens lancent l’alarme sur la crise économique et sociale «dramatique» traversée par le pays, appelant à des mesures urgentes, pendant que la classe politique poursuit d’interminables tractations pour la formation d’un gouvernement.

«C’est la tempête absolue : toutes les échéances électorales se croisent» alors que l’Italie traverse une crise «gravissime, longue et dramatique qui n’a pas d’équivalent depuis l’après-guerre», a estimé jeudi la secrétaire générale de la CGIL (gauche), principal syndicat de la péninsule, Susanna Camusso.

Engluée dans une profonde récession provoquée par une série de plans d’austérité, l’Italie est en train de battre tous ses plus mauvais records. En 2012, plus d’un million de licenciements ont été recensés, en hausse de 14% sur un an, et le chômage, qui touche près de trois millions de personnes, s’est établi à 11,6%. Les jeunes sont particulièrement touchés, avec 37,8% de sans emploi chez les 15-24 ans.

Depuis un an, les suicides liés aux difficultés économiques se multiplient. Début avril, un couple de sexagénaires s’est pendu car il ne parvenait pas à payer son loyer. La femme percevait une retraite de 500 euros par mois. Son mari faisait partie des «sacrifiés» d’une récente réforme du marché du travail qui a laissé sans revenu (ni salaire, ni indemnité de chômage, ni droits à la retraite) des dizaines de milliers de salariés.

Le patron des patrons, Giorgio Squinzi, a lui aussi employé le terme de «tempête», ajoutant «nous sommes tous dans la même barque et nous devons ramer dans la même direction».

Une invite que Mme Camusso accueille avec une moue dubitative : «Nous sommes tous dans la même barque, mais elle est un peu inégale», a-t-elle dit. Mais les deux partenaires soulignent l’urgence face à l’impasse politique qui perdure en Italie.

Après les élections législatives de fin février d’où aucune majorité claire n’a émergé, les partis politiques ne sont toujours pas parvenus à un accord sur la formation d’un gouvernement.

Il faut un gouvernement «d’hommes de bonne volonté qui aient à cœur les intérêts du pays et le fassent sortir des sables mouvants», a imploré M. Squinzi, président de la première organisation patronale Confindustria. «L’économie réelle ne peut pas attendre. Il faut intervenir tout de suite, donner un signal de changement de tendance», a-t-il dit, estimant que cette période d’attente «fait perdre à l’Italie un point de PIB, c’est-à-dire 1.600 milliards d’euro».

Sans reprendre ses chiffres à son compte, l’actuel ministre du Développement économique Corrado Passera a jugé lui aussi indispensable «un exécutif en pleine possession de ses forces».

«Si on ne met pas de frein, la chute continuera», estime Mme Camusso, qui préconise aussi «le changement». Selon elle, le gouvernement sortant de Mario Monti, peut prendre «dès maintenant» des mesures pour enrayer la récession et protéger les travailleurs les plus exposés.

Elle réclame des dispositions fiscales «tant pour les travailleurs que pour les entreprises car les échéances attendues en juin et juillet apporteront une charge insupportable», ainsi qu’un accroissement des ressources de l’organisme chargé d’indemniser les chômeurs.

«Nous marchons sur le bord d’un volcan. Certains entrepreneurs sont prêts à manifester. Le danger est qu’une partie de notre système industriel soit détruit», renchérit le vice-président de Confindustria Aurelio Regina.

«Combien de mal est en train de provoquer ce stand by de la politique ? Il faut vite un tournant, une thérapie de choc, une réaction positive d’urgence qui puisse remettre la reprise et l’emploi au centre de l’agenda», analyse l’éditorialiste Walter Passerini dans La Stampa.

Pourtant, certains entrepreneurs conservent leur optimisme. A l’image de Paolo Ronchetti, dirigeant d’une petite entreprise de fabrication de «béton naturel», Equilibrium. «L’Italie est de toute façon un pays un peu original, et d’un instant à l’autre passe de dernier à premier de la classe donc c’est juste une question de patience, de travailler bien, de faire de la qualité et les résultats arriveront.» «Pour nous la crise signifie opportunité», résume-t-il, à rebours de la majorité de ses collègues.

 

Source : Liberation.fr

Informations complémentaires :

 
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