Les géants américains de la défense profitent des tensions en Corée

Même si ça semble aller mieux dans cette région du monde (et on ne peut que s’en réjouir), après avoir mis le feu aux poudres, l’Oncle Sam vend ses jouets…

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RQ-4 Global Hawk de Northrop Grumman

Raytheon, Boeing ou encore Northrop Grumman enchaînent les contrats avec Séoul. L'appel d'offres pour les prochains avions de combat se jouera entre Boeing et Lockheed Martin.

Fin avril, les troupes américaines et sud-coréennes ont mis fin aux gigantesques exercices militaires « Foal Eagle » qu'elles avaient lancé le 1er mars au large de la péninsule. Organisées régulièrement, ces manœuvres communes impliquant plus de 20.000 soldats ont été particulièrement suivies par les grandes capitales de la zone car leur ampleur a semblé contribuer à la spectaculaire montée des tensions dans la région. Accusant Washington et Séoul de préparer une attaque, les autorités nord-coréennes ont enchaîné les provocations depuis début mars, allant jusqu'à enclencher la fermeture du complexe industriel nord-coréen de Kaesong.

Si ce durcissement mobilise les diplomates, il est aussi mis à profit par les grands industriels américains de l'armement. Pour eux, l'agressivité de Pyongyang et le rapprochement entre les états-majors américain et sud-coréen constituent une occasion unique de pousser leurs produits auprès de leurs clients de la péninsule. En quelques semaines, ils ont d'ailleurs sécurisé plusieurs commandes importantes.

Négociations

Mi-avril, Séoul a ainsi annoncé l'achat de 36 hélicoptères de combat Apache construits par Boeing pour 1,6 milliard de dollars, afin d'améliorer ses capacités de réaction face à la menace nord-coréenne. Une semaine plus tôt, Raytheon a révélé que son radar à antenne active RACR a été sélectionné dans le cadre du programme de modernisation des avions de combat F-16 du pays. Le montant de la vente n'a pas été divulgué mais les experts l'estiment à plusieurs centaines de millions de dollars.

Mention Fr
 

Même si aucun contrat n'est encore entériné, la presse sud-coréenne table sur l'acquisition prochaine d'au moins quatre exemplaires du plus imposant drone jamais conçu par les industriels américains. Presque aussi grand qu'un avion de ligne et facturé 215 millions de dollars pièce, le RQ-4 Global Hawk de Northrop Grumman pourrait compléter le réseau d'informations mis en place par les Américains et leurs alliés pour surveiller la Corée du Nord mais également la Chine. Début avril, Reuters assurait que les négociations avaient commencé avec Séoul mais aussi Tokyo.

Avant la fin de l'été, Séoul devrait aussi dévoiler le nom de la société qui lui fournira sa nouvelle génération d'avions de combat. Ce programme, estimé à près de 8 milliards de dollars, doit permettre le remplacement, à partir de 2017, des anciens F-4 « Phantom ». Officiellement trois appareils restent en lice, le F-35 de Lockheed Martin, le F-15 Silent Eagle de Boeing, et l'Eurofighter Typhoon porté, dans ces négociations, par Cassidian, la filiale défense d'EADS.

La semaine dernière, le consortium européen a annoncé qu'il était prêt à délocaliser en Corée du Sud chez Korea Aerospace Industries la production d'au moins 48 des 60 appareils qui seraient commandés. Il a aussi laissé entendre qu'il était prêt à de plus importants transferts de technologies que ses concurrents américains dont les exportations sont strictement encadrées par Washington.

Malgré tout, les chances de l'Eurofighter sont bien maigres dans un pays qui fait office de pré carré américain (Dassault en sait quelque chose). En pleine période d'exercice militaires communs, les lobbies pro-américains ont pu activer tous leurs réseaux sur place et le contrat ne devrait pas leur échapper.

Au début du mois, Dave Scott, le responsable des ventes du F-35 chez Lockheed Martin, est longuement venu expliquer à Séoul que son avion de combat était le plus efficace face à la menace nord-coréenne. A condition de s'armer de patience car le programme, plombé par des problèmes techniques, affiche des années de retard.

Yann Rousseau, Les Echos

Correspondant à Tokyo

 

Source : Lesechos.fr

Informations complémentaires :

 

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