Les États-Unis approuvent ouvertement le chaos qu’ils ont créé à Hong Kong, par Tony Cartalucci

Tony Cartalucci est un analyste en géopoltiique américain basé en Thaïlande. Son site présente un regard un peu différent sur les événements actuels.

N’ayant pas creusé le sujet (je ne peux tout faire), je n’ai aucune idée de s’il a tort ou raison (comme notre presse), mais ce contrepoint semble crédible, et peut nous inciter à nous poser les bonnes questions. A lire donc, comme toujours, avec un regard critique.

Espérons en tout cas que les choses ne dégénéreront pas – et qu’en effet la Démocratie progressera dans la région…

OB.

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Image : Les États-Unis soutiennent désormais ouvertement le chaos qui s’est emparé des rues de Hong Kong, et ce après avoir condamné plus tôt dans l’année les mouvements de protestation de type “Occupy” à Bangkok. La différence étant qu’en Thaïlande, les manifestations visaient à évincer un gouvernement œuvrant pour les États-Unis, alors qu’à Hong Kong, elles visent justement à en placer un au pouvoir.

30 septembre 2014 (Tony Cartalucci – LD) – Les manifestations du mouvement “Occupy Central” se poursuivent – déstabilisant la petite île du sud de la Chine célèbre pour être une plate-forme au service des intérêts des grandes entreprises financières et, avant cela, pour avoir servi les ambitions coloniales de l’Empire britannique. Ces intérêts ont conspiré pendant des années pour détacher l’île de l’influence de Pékin après qu’elle eut été rendue de mauvaise grâce à la Chine à la fin des années 1990, et l’ont utilisée comme tremplin pour déstabiliser davantage la Chine continentale.

Derrière les manifestations de “Occupy Central”, qui se déguise en mouvement “pro-démocratique” cherchant à obtenir le “suffrage universel” et la “pleine démocratie”, se cache un profond et sournois entrelacs de réseaux financiers, politiques et médiatiques soutenu par des intérêts étrangers. Le plus notable d’entre eux est le Secrétariat d’État aux Affaires Étrangères des États Unis d’Amérique à travers sa Fondation Nationale pour la Démocratie [National Endowment for Democracy (NED)] et sa filiale l’Institut National Démocratique pour les Affaires Internationales [National Democratic Institute (NDI)].

Maintenant, les États-Unis ont pris une position beaucoup plus franche dans leur soutien au chaos que leurs propres réseaux de manipulation ont préparé et que maintenant ils orchestrent. Il est maintenant officiel que la Maison Blanche a soutenu le mouvement “Occupy Central”. Dans son article “La Maison Blanche affiche son soutien aux aspirations des Hongkongais“, Reuters annonce :

La Maison Blanche suit attentivement les manifestations pour la démocratie qui se déroulent à Hong Kong et soutient les “aspirations des Hongkongais”, a déclaré lundi Josh Earnest, porte-parole de la Maison Blanche.

“Les États-Unis soutiennent le suffrage universel à Hong Kong conformément au Droit International, et nous soutenons les aspirations des Hongkongais” a déclaré Earnest, qui a par ailleurs appelé les deux parties à la retenue.

Le Département d’État américain a créé et dirige “Occupy Central”

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Image : les États-Unis à travers le NED et ses filiales ont une longue histoire de subversion et de division en Chine.

Les commentaires de Earnest reproduisent textuellement les demandes des leaders de “Occupy Central” mais, plus important encore, ils reproduisent textuellement les plans préparés depuis longtemps que le NDI du Département d’État américain présentent clairement sur son site internet, consacré à son ingérence en cours dans les contestations à Hong Kong. Le terme “suffrage universel” et la référence à la “Loi Fondamentale”, et son “interprétation” comme signifiant “démocratie réelle” sont clairement formulés sur le site de la NDI, qui affirme :

La “Loi Fondamentale” met en place un cadre de gouvernement, où des groupes d’intérêts particuliers, ou “constitutions fonctionnelles”, gardent la moitié des sièges dans le Conseil Législatif (LegCo). Pour le moment, le chef de l’exécutif de Hong Kong est aussi nommé par un comité dont les membres sont choisis de façon non démocratique. Selon les mots de la “Loi Fondamentale”, cependant, le “suffrage universel” est le “but ultime”. Bien que le terme “suffrage universel” ne soit pas défini dans la loi, les citoyens hongkongais l’ont interprété comme signifiant vraie démocratie.

Pour poursuivre cet objectif – qui consiste essentiellement à empêcher Pékin d’enquêter sur les candidats à l’administration de Hong Kong et ouvrir ainsi des portes aux politiciens ouvertement soutenus, financés et dirigés par le département d’État américain – la NDI a listé les actes d’ingérence en cours sur l’île. Elle établit :

Depuis 1997, la NDI a mené une série de missions à Hong Kong pour examiner l’évolution du cadre électoral à Hong Kong “post-rétrocession”, le statut d’autonomie, l’application de la loi et les libertés civiles sous souveraineté chinoise, les perspectives et les défis en matière de démocratisation.

Elle déclare également :

En 2005, la NDI a initié un programme de six mois pour les jeunes leaders politiques visant à former un groupe de nouveaux partis politiques, ainsi que des membres de groupes politiques, à la communication politique.

Et :

Le NDI a également travaillé à réunir des partis politiques, des chefs de gouvernement et des acteurs de la société civile dans des forums publics pour y discuter du développement des partis politiques, du rôle des partis à Hong Kong et des réformes politiques. En 2012, par exemple, une conférence tenue par le groupe de réflexion Hong Kong SynergyNet, soutenu par le NDI présentait des participants issus de partis couvrant tout le spectre idéologique, a exploré la façon dont l’adoption d’un gouvernement de coalition pourrait mener à un processus législatif plus réactif.

Le NDI admet aussi qu’il a créé, financé et soutenu d’autres organisations qui opèrent à Hong Kong afin de réaliser les objectifs de subversion du contrôle de Pékin sur l’île qu’a le département d’État américain :

En 2007, l’institut a lancé un programme de participation politique des femmes coordonné au Women’s Political Participation Network (WPPN) (Réseau de participation politique des femmes) et à la Hong Kong Federation of Women’s Centres (HKFWC) (Fédération des centres de femmes de Hong Kong) pour améliorer la participation des femmes aux prises de décisions politiques, encourager leur participation croissante à la politique, et s’assurer de la prise en compte des enjeux des femmes dans les décisions politiques.

Et sur une page séparée, le NDI décrit les programmes qu’il poursuit avec l’université de Hong Kong pour mener à bien son projet :

Le Centre for Comparative and Public Law (CCPL) [Centre pour le droit public comparé] de l’université de Hong Kong, avec le soutien du NDI, travaille à amplifier les revendications citoyennes dans ce processus consultatif en créant Design Democracy Hong Kong (www.designdemocracy.hk), un site internet unique et neutre servant de plate-forme citoyenne pour les discussions sur l’avenir du système électoral de Hong Kong.

Ce ne sera donc pas une surprise pour le lecteur de découvrir qu’ absolument tous les leaders du mouvement “Occupy Central” sont soit directement liés au département d’État américain, à la NED ou à la NDI, soit impliqués dans l’une des nombreuses conspirations de la NDI.

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Image : Benny Tai, leader de “Occupy Central”, a été pendant des années associé au département d’État américain et a aussi bénéficié de financement et de soutien de sa part.

Le leader autoproclamé d’”Occupy Central”, Benny Tai, est professeur de droit à l’université susmentionnée de Hong Kong et collaborateur régulier du CCPL que finance le NDI. En 2006-2007 (rapport annuel, .pdf), il a été nommé membre du comité de direction – une position qu’il a conservée jusqu’à l’année dernière. Dans le rapport annuel de 2011-2013 du CCPL (.pdf), le NDI est mentionné comme ayant apporté des fonds à cette organisation pour “concevoir et mettre en application un portail en ligne intitulé “Modèles de suffrage universel”, où tout un chacun pourra discuter et faire part de ses idées de manière interactive sur la méthode de suffrage universel la plus adaptée à Hong Kong.”

Étrangement, le dernier rapport annuel pour 2013-2014 du CCPL (.pdf) ne mentionne pas Benny Tai comme membre du comité de direction. Il est signalé pour avoir participé à trois conférences organisées par le CCPL et comme chef d’au moins un projet du CCPL. On l’a vu intervenir dans une conférence au moins, côte-à-côte avec une autre figure proéminente d’”Occupy Central”, Audrey Eu. Le rapport annuel cite aussi le NDI comme finançant le CCPL.

La secrétaire du Parti civique Audrey Eu Yuet-mee, en plus de ses discours conjoints avec Benny Tai aux réunions du CCPL-NDI, a des liens serrés avec le Département d’État américain et ailleurs avec son NDI. Elle participe régulièrement à des forums patronnés par la NED et son satellite, la NDI. En 2009, elle était intervenante dans un forum public parrainé par la NDI et hébergé par “SynergyNet”, également financé par la NDI. En 2012, elle était intervenante invitée du “Jour international des femmes” du Centre des femmes financé par la NDI, hébergé par le Hong Kong Council of Women (HKCW) (le Conseil des Femmes de Hong Kong), qui est également financé à l’année par le NDI.

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Image : Martin Lee et Anson Chan se pressent à une table avec le vice-président des USA Joe Biden à Washington DC cette année. Au cours de leur voyage, Lee et Chan ont participé à une causerie animée par la NED sur “l’avenir de la démocratie” à Hong Kong. Sans aucun doute, “Occupy Central” et le soutien qu’il reçoit de Washington était un sujet réservé à des discussions à huis clos.

Il y a aussi Martin Lee, président fondateur du Parti démocrate de Hong Kong, une autre figure importante à s’être manifestée en faveur d’”Occupy Central”. Cette année, Lee était à Washington pour y rencontrer le vice-président des USA Joe Biden, le membre du Congrès Nancy Pelosi, et il a même pris part à un débat organisé par la NED spécialement pour lui et son agenda “démocratique” à Hong Kong. La NED lui a même dédié une page depuis qu’il a reçu, en 1997, le “Democracy Award” de la NED. Avec lui, à Washington, se trouvait Anson Chan, une autre figure importante qui en ce moment soutient le soulèvement dans les rues de Hong Kong.

Le programme extrêmement impopulaire du mouvement “Occupy Central”

Si la démocratie est définie par l’autogestion, alors un mouvement comme “Occupy Central” dans lequel toutes les figures de premier plan sont les bénéficiaires et sont les obligés de fonds d’origine étrangère, de soutiens étrangers et d’un programme établi à l’étranger, n’a rien du tout à voir avec la démocratie. En revanche, ce mouvement a tout à voir avec le dévoiement de la démocratie dans le but de saper le contrôle de Pékin sur Hong Kong et d’ouvrir la porte à des candidats clairement inféodés à des intérêts étrangers, non à ceux de la Chine ou même des Hongkongais.

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Image : la NED et ses diverses entités, y compris le National Democratic Institute, est un organisme soutenu par de gros intérêts financiers dont le programme hégémonique est couché en embuscade derrière une “promotion de la Démocratie” et de la “Liberté” dans le monde. Ci-dessus, une représentation des intérêts présents dans le Conseil de direction de la NED.

Quoi de plus parlant que le référendum illégal “Occupy Central” qui s’est tenu plus tôt cette année dans le but de justifier le chaos à venir, planifié dans les rues de Hong Kong. Le référendum était axé sur l’objectif du Département d’État américain de mettre en œuvre un “suffrage universel” – cependant, seul un cinquième de l’électorat hongkongais a participé à ce référendum, et ceux qui y ont participé ne se voyaient proposer pour choix que les organisations soutenues par les États-Unis et leurs objectifs respectifs pour miner l’influence de Pékin.

La BBC rapporte, dans son article “le référendum de la démocratie a Hong Kong rassemble presque 800 000 participants“, que :

Un total de 792 808 votants ont participé à un référendum non officiel sur le suffrage universel à Hong Kong, selon les organisateurs.

Le scrutin était organisé sur 10 jours par le groupe de protestation “Occupy Central”.

Les militants demandent que le public soit en mesure d’élire le dirigeant de Hong Kong, à savoir le chef de l’exécutif.

Le gouvernement de Hong Kong déclare que ce vote n’a aucune valeur légale.

Presque 42% des votants se sont prononcés en faveur d’une proposition permettant au public, à un comité de sélection et aux partis politiques, de nommer les candidats pour ce poste.

Pour un mouvement qui se revendique de la “démocratie”, compris comme voulant dire la volonté des gens, son programme est très impopulaire et a été rejeté sans appel par la grande majorité des Hongkongais – et maintenant il sème la confusion dans l’île et prend la population ainsi que la stabilité en otages pour en accélérer la mise en œuvre. Tout cela étant orchestré et appuyé par les États-Unis, leur Département d’État et ses réseaux de sédition planétaires qui opèrent sous l’égide de la NED et de son satellite, le NDI.

Alors que les médias occidentaux montrent des foules composées de “milliers” de participants conduisant à croire que le “peuple” soutient le chaos dans les rues de Hong Kong, le référendum de “Occupy Central”, mis en scène par lui-même et illégal, prouve qu’il n’a pas le soutien du peuple et que son plan est en fait rejeté à la fois par la Chine continentale et les Hongkongais.

Mettre au grand jour la nature insidieuse, fourbe et pilotée de l’extérieur d’”Occupy Central” est important. Il est également important d’examiner objectivement tout mouvement de manifestation qui surgit dans le monde. Un regard superficiel ne peut permettre de relier un mouvement à un autre, ou un groupe à des intérêts particuliers cachés. On doit, au contraire, s’appliquer à identifier et cerner le profil des meneurs, suivre les flux de financement, identifier leurs véritables motivations, et trouver des informations sur leurs liens avec des intérêts particuliers à l’extérieur ou à l’intérieur du pays dans lequel ces manifestations ont lieu.

De cette façon, les mouvements comme “Occupy Central” peuvent être dévoilés, neutralisés et repoussés avant que la destruction et le chaos que les efforts de déstabilisation nourris par les États-Unis ont imposés ailleurs – c’est-à-dire au Moyen-Orient et en Ukraine – ne puissent s’installer à Hong Kong.

 

Source(s) : LandDestroyer, 30/09/2014 via Les-crises.fr

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Informations complémentaires :

 

 


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