« Je suis un centimier... »

Heureusement que dans cette crise certains restent authentiques. Merci à M. Gérard Filoche de veiller au grain, et de toujours nous alerter et tenter de défendre nos droits.

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Comment « économiser » sur la vie, la sueur, le salaire de ses salariés ? Une catégorie de patrons du bâtiment innove. Ce sont les patrons de la « démolition ».

C’est un secteur de travail pénible, un de ceux les plus risqués, avec le plus de pénibilité et le plus d’accidents. A tel point qu’il y a eu des négociations qui ont abouti à une convention collective appropriée avec des compensations modestes mais réelles auprès des salariés. Horaires, salaires minimaux, indemnités de repas, de petits déplacements, primes d’insalubrité, de nuisance, de pénibilité, ont été concédées dans ce secteur bien précis.

Les ouvriers effectuant les travaux présentant un caractère de pénibilité énumérés ci-dessous bénéficient suivant les cas d’une ou de plusieurs interruptions quotidiennes de travail égales à 10 % du temps de travail pénible effectué. Cette interruption est rémunérée et considérée comme du temps de travail effectif. Les travaux concernés sont :

- Travaux de montage et démontage occasionnels d’échafaudages volants, d’échafaudages de pied, de grues, de sapines, à une hauteur supérieure à 10 mètres au bord du vide, mesurée à partir de la surface de réception ou, à défaut, du sol (…/…)

- Travaux dans plus de 25 cm d’eau,

- Travaux avec utilisation manuelle d’un marteau-piqueur ou brise-béton,

- Travaux effectués dans des vapeurs d’acide,

- Travaux dans les égouts en service et dans les fosses d’aisance,

- Travaux dans des excavations dont l’ouverture est inférieure à deux mètres et à une profondeur supérieure à six mètres…

Alors des entreprises se créent, qui proposent d’effectuer de la « déconstruction », du « curetage » ou « curage », plutôt que de la démolition. Elles prétendent intervenir avant la démolition et ne pas toucher aux murs porteurs, ni aux murs externes, mais s’attacher à « enlever » tout ce qu’il y a « avant » leur destruction, doubles parois, plâtres, ornements, réseaux de câbles, tuyaux, canalisations… Ce serait un « nouveau métier » déconstruction et curetage, en « amont » de la démolition… lequel pourrait se rattacher au secteur… du nettoyage (sans compter qu’ils ramassent des matériaux et métaux).

Et bien entendu, elles prétendent se rattacher à la « convention du nettoyage », bien moins avantageuse pour les salariés que la convention du bâtiment. Il existe les mêmes bruits, les mêmes risques, les mêmes pénibilités, les mêmes manutentions de poids, il s’agit du même contexte de chantier type BTP, mais ces nouveaux patrons du « nettoyage » entendent ainsi payer moins de cotisations liées aux accidents du travail, moins de primes, moins de salaire minima…

C’est sans scrupule et sans état d’âme : quand l’inspectrice du travail interroge l’un de ces patrons, celui-ci ose lui répondre « - Je suis un centimier. » Chaque centime économisé en effet sur la sueur et la santé du salarié va dans sa poche et, par le truchement de la sous-traitance et des donneurs d’ordre, dans celle des majors du bâtiment.

 

Source : Filoche.net


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