L'attaque d'Israël contre le site nucléaire iranien de Natanz est une tentative de stopper l'accord nucléaire (TLAV)

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Cela fait trop longtemps qu'Israël joue avec le feu, et là, les Iraniens risquent d'être obligés de devoir répondre à l'attaque, au risque de passer pour des faibles au yeux de leur population, en tout cas c'est là dessus que va jouer l'opposition iranienne.

April 11, 2021 Auteur Robert Inlakesh

On considère généralement comme acquis qu'Israël est à l'origine de la récente attaque contre le site nucléaire iranien de Natanz, dans le but probable d'empêcher les États-Unis de revenir sur l'accord sur le nucléaire iranien. Mais cet acte est-il allé trop loin et cette situation pourrait-elle déboucher sur un conflit plus large ?

Dans ce que l'Iran a décrit comme un acte de "terrorisme nucléaire", le Mossad israélien - selon des sources de renseignement israéliennes anonymes citées par les médias israéliens - a lancé une cyberattaque contre l'installation nucléaire iranienne de Natanz.

L'attaque est survenue juste après que l'Iran ait connu une journée de célébration nationale consacrée à son programme nucléaire - l'ampleur des dégâts causés par l'attaque n'est pas encore connue. L'Iran venait également de mettre en service de nouvelles centrifugeuses avancées conçues pour un enrichissement plus rapide de l'uranium. L'incident a d'abord été rapporté comme une panne ou un "accident", mais il est rapidement apparu que ce qui s'était passé était beaucoup plus grave.

Fait inhabituel, les médias israéliens avaient reçu des communications de leurs sources de renseignement confirmant qu'une opération du Mossad israélien avait eu lieu et qu'il s'agissait bien d'un attentat. Le gouvernement israélien n'a pas l'habitude d'admettre de telles attaques, et les informations liant Israël à des attaques proviennent généralement de médias basés aux États-Unis - comme ce fut le cas pour l'attaque présumée d'Israël contre un navire iranien, le "Saviz", en mer Rouge la semaine dernière.

Cette attaque était différente, elle a été rapidement présentée par les médias israéliens comme une attaque du Mossad dans le but d'attiser les tensions avec l'Iran. Il est intéressant de noter que Lloyd Austin, la figure de l'administration Biden à la tête du Pentagone, est arrivé en Israël ce lundi pour un voyage de deux jours. Il est frappant de constater, que pendant la conférence de presse de Lloyd Austin, donnée aux côtés de son homologue israélien Benny Gantz, qu'Austin n'ai pas prononcé un seul mot sur l'Iran, alors que Gantz a centré son discours sur cette question.

Au début de son mandat, le président Joe Biden avait adopté une approche de l'accord sur le nucléaire iranien similaire à celle de l'administration de son prédécesseur. Cependant, après avoir échoué à contraindre l'Iran à faire des concessions aux États-Unis et après que Téhéran ait signé un accord de coopération historique de 25 ans avec l'adversaire numéro un des États-Unis, la Chine, Joe Biden a commencé à faire lentement des pas en avant vers la réintégration de l'accord JCPOA.

Pour Israël, ce changement dans l'approche de l'administration Biden vis-à-vis de l'accord sur le nucléaire iranien est un sujet de préoccupation majeur. Dès le début de l'année, de hauts responsables israéliens ont clairement fait part de leur intention de poursuivre une attitude offensive à l'égard de l'Iran, et de ne pas rester silencieux. Par exemple, en janvier, le général israélien Aviv Kochavi a déclaré qu'Israël avait l'intention de lancer des actions offensives contre l'Iran. Puis, en février, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé l'engagement d'Israël à lutter contre la "quête de l'arme nucléaire" par l'Iran, quel que soit l'accord signé entre les États-Unis et l'Iran.

En ce moment, l'Iran est placé entre le marteau et l'enclume ; il vient d'être attaqué sévèrement et ouvertement par Israël. Les campagnes électorales pour les élections présidentielles iraniennes vont commencer dans quelques semaines et le gouvernement actuel fait des pieds et des mains pour améliorer son image auprès de son propre peuple et pour réintégrer l'accord nucléaire. Si le président iranien Hassan Rouhani peut superviser la réintégration dans le JCPOA, cela sera le résultat de l'abandon par le gouvernement américain de ses sanctions, qualifiées d'illégales par la Cour internationale de justice. La fin des sanctions américaines susciterait un sentiment d'euphorie parmi la population iranienne, qui a connu les pires difficultés financières que le pays ait jamais connues.

Cependant, Israël a maintenant posé un problème majeur à l'Iran. Jusqu'à présent, l'Iran a ignoré un certain nombre d'actions offensives provocatrices et carrément illégales à son encontre, très probablement en raison de ses efforts concentrés sur le rétablissement de l'accord nucléaire. Si l'Iran répond militairement à Israël, il est plus que probable que cela creusera un fossé énorme entre la République islamique et les États-Unis, ce qui pourrait ruiner les efforts visant à rétablir l'accord nucléaire.

Mais cette attaque, surtout si elle inflige des dommages importants au programme nucléaire iranien, pourrait être trop importante pour être ignorée. Le peuple iranien considérera probablement l'absence de réponse à l'ennemi le plus méprisé du pays comme une faiblesse de la part de son gouvernement, et potentiellement comme un embarras. La raison pour laquelle il s'agit d'un si gros problème pour le président Rouhani est que ses concurrents conservateurs pourraient bien promettre de remédier à cette impression de faiblesse.

L'Iran doit maintenant choisir les moyens nécessaires pour répondre, tout en essayant de ne pas perdre la possibilité de sortir de la "campagne de pression maximale" des sanctions. En fin de compte, l'Iran est contraint de choisir entre une réponse et une tentative de réintégration dans le JCPOA, alors que les États-Unis ne se sont même pas encore pleinement engagés à ouvrir la voie.

Dans le cas où l'Iran répondrait, la question se pose alors de savoir quelle sera la prochaine action d'Israël et jusqu'où ira l'escalade ? L'Israël de Netanyahu conduira-t-il son armée dans une confrontation totale, qui pourrait exploser sur plusieurs fronts, juste pour empêcher les États-Unis de revenir sur l'accord ? Peut-être cette attaque pourrait-elle aussi être un moyen de pression, utilisé contre l'administration Biden, en la menaçant d'une guerre déstabilisatrice si elle osait revenir sur l'accord.

Indépendamment de ce qui est écrit en petits caractères, ce qu'Israël a fait est imprudent et devrait susciter une réaction internationale unifiée. Si l'Iran n'était pas aussi profondément patient, cela aurait pu dégénérer depuis longtemps en un paroxysme aux proportions cataclysmiques.

 

Source : Thelastamericanvagabond.com

 

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