L’Education nationale a vendu nos écoles à Microsoft pour une poignée de lentilles !

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Le Point.fr – « Sans le moindre appel d’offres, Microsoft vient de s’offrir 850.000 enseignants et plus de 12 millions d’élèves. « Une affaire ! » juge Jean-Paul Brighelli.

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Sur la page Facebook de Najat Vallaud-Belkacem, la ministre de l'Éducation nationale et Alain Crozier, président
de Microsoft France, signent un partenariat (c) DR

Mediapart s’indigne : « L’Éducation nationale vend nos enfants à Microsoft pour 13 millions », dit Lilian Amar. Et la semaine dernière Le Canard enchaîné évoquait « le lobbying d’enfer de Microsoft pour se payer l’école » [voir ici]. Pas cher payé !

Formatés

Sur la photo de cet accord « historique », publiée sur sa page personnelle, le ministre sourit aux anges. Alain Crozier, président de Microsoft France, y va aussi de son rictus. Il peut : il s’offre (on lui offre ?) sur un plateau 850.000 enseignants, 2500 VRP (les chefs d’établissements chargés de mettre en place localement ces nouveaux outils forcément indispensables) et plus de 12 millions d’élèves, désormais cadenassés sous Windows, qui n’est pas le plus libre ni le plus opérant des systèmes. Formatés par Windows, auront-ils plus tard le choix de le quitter ?

Ce n’est jamais que les suites, rue de Grenelle, de l’accord passé début novembre entre le chef de l’État et Satya Nadella, patron de la firme américaine. « Pour sa première rencontre avec François Hollande, le patron de Microsoft a apporté dans sa besace 83 millions d’euros d’investissements », se félicitait Le Monde. La presse s’en est peu fait l’écho : les attentats deux jours plus tard l’ont aiguillée sur des urgences différentes. Mais pendant les attentats, le lobbying continue.

Réseaux

Le 28 mai dernier, c’est dans les locaux de Microsoft que s’est tenue la Journée de l’innovation organisée par le rectorat de Paris, qui a permis au journaliste du Monde Emmanuel Davidenkoff, qui bataille depuis des années pour transformer l’école en un vaste champ de ruines numérisées, de dire tout le bien qu’il pense — que nous devons penser — de cette intrusion d’un géant américain dans la formation à la française.

Mais le mal vient de plus loin, comme disait Racine. Comme le rappelle Jean-François Julliard dans Le Canard, « le directeur des affaires publiques et juridiques de Microsoft a jadis travaillé avec un ministre de Mitterrand. Un de ses adjoints, grand lobbyiste, fut l’assistant de trois sénateurs socialistes » (…) « Quant au patron du marketing digital, Marc Couraud, il a œuvré au cabinet de trois ministres de l’Éducation : Claude Allègre, Ségolène Royal et Jack Lang. » Et le 2 décembre dernier, ce même Marc Couraud était promu « directeur de l’innovation ». Félicitations ! Encore un qui a bien fait de passer par les classes prépas, Normale sup et le corps des Mines. L’école française l’a formé, il en touche les dividendes. Et nous ?

Cerise sur le gâteau — celui que l’on se partage —, le responsable pour l’éducation de Microsoft, Thierry de Vulpillières, a un numéro très bien rodé, raconte L’Humanité, l’un des rares journaux à s’être ému des accords de la rue de Grenelle — un numéro de séduction qu’il joue et rejoue tous les quatre matins au ministère de l’Éducation. Ainsi de cette convocation des inspecteurs de l’Éducation nationale, sur papier à en-tête du ministère, dans les locaux du géant américain. Au menu, « petits fours, hôtesses et logiciels » dans la « classe immersive » de Microsoft, déplore dans une interview Rémi Boulle, vice-président de l’Association de promotion du logiciel libre, qui pointe également les subsides accordées libéralement par l’entreprise au Café pédagogique, un site qui, comme son nom l’indique, diffuse largement auprès des enseignants la bonne parole…

Seuls les naïfs s’étonneront de voir une multinationale aussi bien en cour à gauche – quelle gauche ?

Le mirage du numérique

Je posais déjà la question l’année dernière. Les réponses n’ont pas changé : les élèves ont besoin d’enseignants qui transmettent des savoirs — pas de machines qui leur fournissent mécaniquement des réponses erronées, comme je le raconte par ailleurs. En tout état de cause, on aurait pu mettre Microsoft en concurrence avec les fournisseurs de logiciels libres — Linux, entre autres. Mais c’eût été moins juteux pour la firme de Redmond, et sans doute pour toutes les petites mains qui ont œuvré dans l’ombre à un accord si merveilleusement équilibré et profitable aux deux parties ».

Jean-Paul Brighelli, Le Point, le 8 janvier 2015

Lire aussi :

Un partenariat indigne des valeurs affichées par l’Education nationale

Source : Olivierdemeulenaere.wordpress.com

Information complémentaire :

Crashdebug.fr : École du futur la fin des profs ? (Spécial Investigation)

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