La baie de Rio, qui accueillera les JO, est une poubelle à ciel ouvert

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Rio de Janeiro, la ville hôte des Jeux olympiques qui commencent le 5 août, l’avait promis : sa célèbre baie, où se dérouleront les épreuves de voile, sera irréprochable. Las, les autorités n’ont pas réglé, loin de là, le dramatique problème de la pollution des eaux.

Rio de Janeiro (Brésil), reportage

Un dimanche après-midi, au pied du Pain de sucre, des pêcheurs jettent leurs lignes dans les eaux de l’anse de Botafogo. L’un d’eux sent quelque chose au bout de son hameçon, tire avec force, sous les yeux de ses camarades. Apparaît alors un gros sac de jute emberlificoté d’objets indéfinissables. La scène n’étonne plus ces pêcheurs cariocas, qui depuis longtemps ne consomment plus le produit de leur pêche.

Elle a beau être une des plus belles baies du monde [1], entourée par le relief si particulier des « morros », ces collines rondes et verdoyantes, la baie de Rio de Janeiro souffre depuis des années des conséquences des activités humaines. Près de 9 millions de personnes vivent à proximité de cette étendue d’eau de 380 km².

Et ce sont près de 14.000 industries — dont des terminaux et chantiers maritimes, des ports commerciaux, des raffineries de pétrole — qui exercent des activités très polluantes. La baie recevrait ainsi 18.000 litres par seconde de déchets domestiques, notamment les eaux usées de près d’un million et demi de personnes qui se déversent directement dans les rivières sans aucune forme de traitement. C’est le cas à Duque de Caxias et Nova Iguaçu, des communes dépourvues de système de tout-à-l’égout, où les maladies et les mauvaises odeurs affectent la population depuis des années [2].

Lorsqu’on prend le ferry, on découvre un cimetière de bateaux rouillés

Le déficit récurrent de politiques publiques vis-à-vis du traitement obligatoire des déchets et de la préservation environnementale a fait de ce bout de mer une poubelle à ciel ouvert. Sur les rivages intérieurs, on peut voir s’échouer tous les vestiges de la modernité, télévision, pneus, réfrigérateurs ; tandis qu’au centre de la baie, on découvre, lorsque l’on prend le ferry, un immense cimetière de bateaux, allant de petites embarcations à d’immenses cargos, abandonnés là depuis plusieurs décennies. Même si les autorités ont commencé à faire le ménage, il restait encore, fin 2015, près de 150 navires rouillant entre deux eaux. Enfin, il ne faut pas oublier l’impact environnemental des sites industriels, responsables de fuites de produits toxiques et de métaux lourds.

Dans ces conditions, les athlètes s’inquiètent pour le bon déroulé de la compétition, mais aussi pour leur santé. En réponse, les autorités ont mis en place récemment des solutions palliatives avec l’installation de 17 « écobarrières » pour retenir les déchets en amont et la mise en service d’« écobarques », qui ramassent jusqu’à 40 tonnes par mois de détritus flottants — un travail un peu dérisoire lorsque certaines études estiment que 90 tonnes de résidus solides sont jetées par jour dans la nature. Le secrétaire à l’Environnement de l’État de Rio de Janeiro, André Corrêa, lors d’une conférence de presse, le 20 juillet, a pourtant essayé maladroitement de rassurer. « Je suis très optimiste sur le fait que nous aurons des épreuves de voile “convenables”, même s’il existe un risque d’avoir un problème. » Les autorités ont également promis que la qualité des eaux serait testée tous les jours durant les compétitions.

La question de la dépollution n’est pas nouvelle, elle existe depuis plus de 20 ans, bien avant l’attribution des Jeux olympiques. Dans les années 1990, le gouvernement de Rio de Janeiro avait lancé un programme, qui a déjà coûté 10 milliards de réais (environ 3 milliards d’euros), pour un résultat très partagé. Il estime aujourd’hui qu’il en faudrait au moins le double pour arriver à un résultat satisfaisant, et cela pas avant 20 à 25 années d’efforts. Or, l’État de Rio de Janeiro est aujourd’hui en faillite, à tel point qu’il a dû déclarer, il y a quelques semaines, l’« état de calamité publique ».

« Aujourd’hui, les rivières et les mangroves sont mortes »

Pour de nombreux spécialistes, l’échec d’une dépollution complète pour les J.O.était prévisible — mais pas inévitable. L’objectif des organisateurs de traiter 80 % des égoûts des 15 municipalités riveraines était ambitieux, lorsque l’on sait qu’en 2007, à l’époque de la candidature de la ville, seuls 11 % des eaux usées étaient traitées.

 

Source et suite de l'article sur  Reporterre via Les Moutons Enragés

Et la réalité en photos dépasse l’entendement…

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