La BCE engage un tournant historique en arrêtant ses achats de dette

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En attendant, ils nous ont quand même mis plus de 4000 milliards d'€uros sur le dos, pour le plus grand bénéfice des banques et du CAC40 (Informations complémentaires)

Mario Draghi, dirigeant de la Banque centrale européenne, quittera ses fonctions en octobre 2019. - AFP

La Banque centrale européenne (BCE) doit entériner l'arrêt de ses massifs rachats d'actifs en fin d'année. Un virage monétaire… et un exercice acrobatique alors que les risques s'accumulent pour l'économie européenne.

Un exercice compliqué attend la Banque centrale européenne (BCE) ce jeudi, jour de la traditionnelle réunion de politique monétaire de ses gouverneurs. Mario Draghi, le dirigeant italien de l'institution francfortoise, devrait confirmer l'arrêt de ses rachats de dettes au 31 décembre. Une étape majeure dans son virage vers une politique monétaire un peu moins accommodante. En raison de la vigueur retrouvée de l'économie européenne, la BCE avait annoncé en juin son souhait de mettre fin à ce programme (dit « QE ») lancé en mars 2015 pour empêcher la zone euro de tomber en déflation.

« Communication acrobatique »

Mais la BCE devra aussi reconnaître les risques qui s'accumulent sur l'économie européenne et montrer qu'elle est prête à réagir si besoin. « La communication de la BCE sera assez acrobatique », résume Gilles Moëc, chef économiste Europe de Bank of America Merrill Lynch.

Parmi la série de facteurs qui menacent l'économie figurent la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis ou encore le scénario d'un « hard Brexit », à l'approche de la date-butoir du 29 mars et alors que  Theresa May a repoussé lundi le vote de l'accord négocié avec Bruxelles au Parlement britannique .

« On assiste aux premiers signes de fléchissement de l'économie américaine et on n'a toujours pas de réaction positive de la conjoncture chinoise à la réorientation très accommodante de la politique économique (du pays) », ajoute Gilles Moëc, qui évoque aussi l'éventuel impact négatif sur la confiance « des  difficultés politiques fortes » en Italie, en France et en Espagne. En Europe, les  PIB allemand et italien ont déjà tous les deux reculé au troisième trimestre.

Après avoir atteint 2,2 % en octobre, l'inflation a certes ralenti à 2% en novembre, mais restait conforme à l'objectif de la BCE. Mais l'inflation sous-jacente, c'est-à-dire débarrassée des éléments volatils comme l'énergie, s'élevait à seulement 1,1% en novembre.

Ce cocktail a invité les experts à revoir leur prévision quant à un relèvement des taux, alors que la BCE a annoncé que ces derniers resteraient à leurs niveaux bas actuels « au moins » jusqu'à l'été 2019. Ainsi, Ricardo Garcia, chef économiste chez UBS, ne table plus sur une hausse des taux en septembre mais en décembre 2019. Jörg Krämer, chez Commerzbank, exclut quant à lui tout tour de vis avant 2020.

Astuce

La BCE, qui doit publier jeudi ses nouvelles projections macroéconomiques, dévoilera notamment celles pour 2021. Pour Gilles Moëc, la banque centrale pourrait revoir à la baisse ses prévisions à un horizon proche et tabler sur accélération de la croissance et de l'inflation en fin de période. Une astuce qui lui permettrait de justifier le maintien de son cap monétaire.

Les marchés surveilleront par ailleurs jeudi des indices sur la stratégie de réinvestissement de la BCE. Car si cette dernière devrait mettre un terme à ses achats d'actifs en fin d'année, elle continuera à réinvestir les montants remboursés sur les obligations de son portefeuille arrivées à maturité.

 

Source(s) : LesEchos.fr via Contributeur anonyme

 

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