Naomi Klein est l'auteur de « La stratégie du choc : La montée d'un capitalisme du désastre » (à voir ou à revoir). Aussi, s'il y en a bien une qui sait de quoi elle parle, c'est bien elle... Il est étonnant de voir à quel point les journalistes français sont totalement muselés, puisque c'est encore une fois une personnalité étrangère qui dénonce la politique d'Emmanuel Macron... (Informations complémentaires).
En tournée en France pour la promotion de son livre "Dire non ne suffit plus", l'essayiste canadienne Naomi Klein fait une critique au vitriol de la présidence Macron dans "Libération" et Brut. Et appelle à exiger plus de nos leaders, qui se satisfont de marketing plutôt que d'action.
"Je pense qu’il est inconscient." De passage en France, Naomi Klein, essayiste canadienne et figure de proue de la gauche altermondialiste, peint dans Libération ce dimanche 12 novembre un tableau coloré des cinq premiers mois de la présidence Macron. "Partout dans le monde, on observe que les politiques d’austérité, la mondialisation effrénée et la précarité économique qu’elles engendrent nourrissent l’extrême droite et la xénophobie. Et pourtant, Macron répond à cette élection terrifiante, où le FN a fait un score record, par des attaques contre le droit du travail, des réductions d’impôts pour les plus riches et une poursuite des politiques de libre-échange, tout en présentant cela comme une forme de progressisme."
Macron "tire pleinement avantage" de la nullité de Trump
Tout en tempêtant contre Donald Trump, contre qui elle appelle à résister dans son dernier essai, Dire non ne suffit plus (Actes Sud), la journaliste de 47 ans estime que le président français ne devrait pas s'abaisser au niveau de son homologue des Etats-Unis, de toute façon risible. "Trump place la barre si bas qu’en comparaison, tout le monde a l’air meilleur. Certains responsables politiques comme Macron et Trudeau en tirent pleinement avantage. Il est si facile d’apparaître progressiste par rapport à Trump."
Ces dirigeants new generation jouent beaucoup de cette comparaison facilement flatteuse avec Trump, note la Canadienne. Tout le monde, par exemple, se souvient de ce slogan jeté comme un œuf à la figure du président des Etats-Unis, après le retrait de son pays de l'accord sur le climat, qu'Emmanuel Macron a déclamé le 1er juin 2017 son plus bel accent anglais : "Make our planet great again" [Rendons à notre planète son éclat]. Une parodie saluée du slogan de campagne du milliardaire, "Make America great again", punchline devenue un (bref) mème sur Internet.
Dans une autre interview relayée par Brut, Naomi Klein lui rétorque qu'il ferait mieux d'agir concrètement pour le climat plutôt que de se payer de buzz sur Twitter : "Vous pouvez créer un mème (...) comme l'a fait Emmanuel Macron, après que Trump s'est retiré de l'accord de Paris. Tout le monde alors vous verra comme un héros, et personne ne regardera de très près ce que sont vos politiques environnementales."
.@NaomiAKlein met en garde les dirigeants de la planète sur l'abus de marketing dans leur politique environnementale. pic.twitter.com/7C1KuZF2Ym
— Brut FR (@brutofficiel) 10 novembre 2017
Une attitude un peu facile, juge la théoricienne de la "stratégie du choc". "N'importe quel dirigeant qui se veut être anti-Trump doit faire plus. Pas lancer des mèmes, pas s'habiller comme Superman à l'instar de Justin Trudeau et s'attendre à ce que ce soit suffisant", surtout à tel "moment critique" où plane sur la planète le risque nucléaire (auquel les dernières missives de Trump risquent de ne rien arranger) et les bouleversements climatiques. Conclusion de l'auteure de No Logo : "Nous subissons beaucoup de marketing de la part de nombreux politiciens, qui ont trouvé comment utiliser des mèmes et comment produire des clips viraux, et nous devons exiger beaucoup plus de leur part". En clair, leur lancer à notre tour : "Make the politics great again".
Source : Marianne.net
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