Alors que le vieux contient traverse une crise sanitaire et économique sans précédent, les dirigeants de l’Union européenne et les partenaires sociaux se sont réunis à Porto le 7 et 8 mai dernier pour relancer l’Europe sociale. Malgré les attentes, les invités de l’émission Ici l’Europe dénoncent le manque d’ambition des 27 en la matière, voir les reculs.
Par Marie Brémeau
Ils avaient deux jours pour tenter d’élargir le socle de droits sociaux, qui reste avant tout une compétence nationale, deux jours pour donner un coup d’accélérateur à l’Europe sociale. Un rendez-vous manqué pour Philippe Porchet, Directeur de l’Institut syndical européen. « Il n’y a pas grand-chose de neuf. Ils ont loupé une occasion d’envoyer un message fort. Quel est le message fort qu’il aurait fallu donner ? Un, les inégalités sont au centre du débat, or le mot inégalité a, à peine été prononcé. Et deux, les transitions vers le changement climatique sont essentielles et vont apporter beaucoup de bouleversements. Donc beaucoup de mots, parfois sympathiques et intéressants mais pas centrés sur les enjeux du futur. »
« Le modèle social européen reste le système social le plus complet et le plus fort au monde ».
Pour l’eurodéputé bulgare (PPE) Radan Kanev : « Le modèle social européen existe et cela reste le système social le plus complet et le plus fort au monde. Le marché du travail change, les modèles économiques aussi, le modèle industriel n’existe plus. Les années d’or du modèle social sont basées sur un modèle industriel qui n’est plus une réalité. Donc ce sommet social aurait dû être plus ambitieux. Et je suis préoccupé car les objectifs ne sont pas clairs et ils ne sont pas devenus plus clairs après le sommet. »
Pourtant à l’issue de ce sommet, les 27 se sont mis d’accord sur le plan d’action de la Commission européenne qui fixe 3 objectifs à l’horizon 2030 : un taux d’emploi dans l’UE d’au moins 78 %, 60 % des travailleurs participant chaque année à des activités de formation et une diminution du nombre de personnes menacées de pauvreté ou d’exclusion sociale d’au moins 15 millions de personnes, dont 5 millions d’enfants.
Un plan d‘action bien insuffisant pour le député européen belge (GUE) Marc Botenga. « On a un sommet social et on nous demande presque de nous réjouir du fait qu’il y a un sommet social et que donc on parle social. Mais quand on regarde les mots, j’invite tout le monde à lire la déclaration du sommet, c’est vide ! ».
« On est en train de détruire concrètement des acquis sociaux »
L’eurodéputé ne décolère pas et dénonce même une Union européenne destructrice sur le terrain du social. « Tandis qu’on fait face à ce qui pourrait être la plus grande crise sociale de la décennie. Et là ce sont les mêmes recettes, il n’y a aucune rupture avec le passé. Au contraire on évoque même le semestre européen, qui est utilisé actuellement, pour détruire certains acquis sociaux comme par exemple le système des retraites où on nous dit qu’il faut travailler plus longtemps. La Commission européenne dans un rapport propose de porter l’âge du départ à la retraite à 70 ans, 72 ans notamment en Lituanie, alors que l’espérance de vie en Lituanie est de 71, 5 ans. On est en train de détruire concrètement des acquis et face à cela on a un sommet qui énonce des grands principes qu’on peut partager ou pas, mais qui ancre surtout dans les consciences l’austérité. »
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Source : Publicsenat.fr