Il est vrai que Ségolène Royal avait parlé en son temps de l'encadrement militaire des jeunes délinquants...
par Laure Bretton
PARIS (Reuters) - Les socialistes commencent à donner de la voix contre la politique sécuritaire de Nicolas Sarkozy après plusieurs semaines de déclarations clairsemées masquant difficilement l'absence médiatique de Martine Aubry.
Ségolène Royal a pris lundi le relais de plusieurs ténors du PS pour dénoncer les propos du ministre de l'Intérieur sur une "gauche milliardaire" qui serait déconnectée de la réalité.
Sous la direction de Nicolas Sarkozy, la politique de la droite "produit de la violence", estime l'ancienne candidate présidentielle quand le député Manuel Valls accuse le chef de l'Etat de "diviser les Français".
Le PS dénonce le "piège" posé par le chef de l'Etat, qui tente d'accréditer l'idée, comme en 2002 puis en 2007, quand le thème de la sécurité s'est imposé dans le débat public, selon laquelle le PS n'aurait rien à dire sur ces sujets.
"A nouveau, on a voulu occuper l'été avec des sujets qui ne sont pas les vrais problèmes de la France et dans des termes qui jouent sur les plus sordides passions", a dénoncé dimanche le député européen Vincent Peillon.
Les proches du premier secrétaire du PS réfutent le procès en incompétence intenté par la droite: si le PS et son premier secrétaire ne parlent pas, c'est pour ne pas rentrer dans le jeu de l'UMP qui veut faire diversion afin d'esquiver la rentrée sociale ou l'affaire Bettencourt, disent-ils.
LA RÉPONSE EST "COMPLEXE", DIT HAMON
A l'exception d'un communiqué dans lequel elle dénonçait la "dérive anti-républicaine" de Nicolas Sarkozy après son discours de fin juillet sur la déchéance de nationalité de certains délinquants, Martine Aubry est restée silencieuse.
Début août, après le discours présidentiel de Grenoble, la maire de Lille avait au téléphone trois ou quatre fois par jour les dirigeants chargés des dossiers sécurité, police et immigration, assure le porte-parole du PS, Benoît Hamon.
Elle doit clôturer l'université d'été du PS, à La Rochelle dimanche prochain, mais, contrairement à l'an dernier, elle ne prononcera pas de discours de rentrée lors de l'ouverture du rassemblement, vendredi. Elle devrait cependant être l'invitée du journal télévisé de TF1 ce soir-là.
Les socialistes, qui préparent activement la journée de mobilisation contre la réforme des retraites du 7 septembre, ont le sentiment du devoir accompli quand ils soulignent les baisses d'effectifs dans la police qui rendent à leurs yeux impossible toute amélioration de la sécurité sur le terrain.
Pour Manuel Valls, "la somme de l'expérience, la force que représentent les élus locaux (de gauche) doivent permettre de bâtir une politique de sécurité qui (...) sera bien plus efficace que celle menée depuis 2002" par Nicolas Sarkozy.
Le député-maire d'Evry propose des "états généraux de la sécurité" quand Arnaud Montebourg avance l'idée d'un "pacte de tranquillité publique".
De son côté, Ségolène Royal suggère au PS de reprendre ses idées de la présidentielle de 2007, reparlant d'"ordre juste" et d'encadrement militaire des jeunes délinquants qui, à l'époque, avaient suscité de vives polémiques en interne.
Les propositions du PS, qui prépare chapitre par chapitre son programme présidentiel depuis cet hiver, seront présentées lors d'un forum sur la sécurité, qui, au vu de l'actualité, a été avancé de trois mois, à fin septembre.
A la différence de l'UMP qui manie "clichés" et propositions "simplistes", le PS, dit Benoît Hamon, est "obligé de parier sur l'intelligence des Français parce que la réponse aux questions d'insécurité est complexe", de la politique urbaine aux réponses éducatives en passant par la lutte contre les inégalités.
Edité par Yves Clarisse
Source : Reuters
Informations complémentaires :
Le Post : Ségolène Royal amène le PS à accélérer sur la sécurité
Le Monde.fr : Sécurité : le PS ébauche ses propositions
L'Express: La contre-attaque du PS à la politique sécuritaire s'organise
