La Cour des comptes appelle à des économies radicales et immédiates

Alors que, comme pressenti, Eric Woerth était  inculpé hier pour « trafic d’influence passif », c’était simultanément une belle victoire pour la parité hommes/femmes dans notre république.

Mais ce matin, c’est le rapport de la Cour des comptes de Didier Migaud qui a attiré mon attention. Avec ce que je soulignais lourdement hier, il n’est pas étonnant que l’État cherche à réduire ses déficits pour payer le racket de la dette et de ses intérêts. Ceci sans compter l’épée de Damoclès qui pèse sur nous avec le MES.

Que dira Didier Migaud quand l’Europe nous réclamera 200 milliards sous 5 jours ? J’ai bien peur que sa calculette ne fonde…

Car hélas, encore une fois, les vraies solutions ne sont pas abordées… (Informations complémentaires)

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Selon Didier Migaud, premier président de la Cour des comptes, la plus grande partie de l'effort de redressement budgétaire reste à faire. Le rapport annuel présenté hier pointe le décrochage sans précédent de la France par rapport à l'Allemagne en matière de dette.

Les candidats à la présidentielle sont prévenus : selon la Cour des comptes, l'essentiel de l'effort de redressement des finances publiques est à venir, même en intégrant les effets des plans de rigueur. En outre, ces plans ont surtout conduit à relever les impôts, pas assez à réduire la dépense, une orientation qu'il s'agit d'inverser, sous peine de mettre en danger l'économie. La lecture du rapport annuel de la Cour des comptes présenté hier n'aura sans doute pas fait plaisir au chef de l'Etat, qui voit son bilan épinglé. Mais ce rapport ne va pas non plus servir les intérêts de François Hollande, qui a annoncé 30 milliards de hausses d'impôt sans s'épancher sur les dépenses, le chantier jugé prioritaire.

La Cour met plus que jamais l'accent sur la dette, entrée en zone dangereuse. Il faut s'en éloigner le plus vite possible, car les risques pris sont mortifères pour un Etat. La dette va approcher 90 % de PIB fin 2012, un ordre de grandeur corroboré hier par Bercy (lire page 4), quand l'Allemagne devrait revenir à un peu plus de 80 %. «  Un tel écart, dans ce sens, n'a jamais été observé », écrivent les magistrats, pour qui le maintien du déficit structurel de la France à son niveau de 2011 conduirait la dette à 100 % de PIB «  en 2015 ou 2016 ».

« Des décisions très difficiles »

Il faut dès lors «  rapidement se donner pour cap, et s'y tenir, un effort structurel supplémentaire de réduction du déficit représentant au moins 3 points de PIB (soit 60 milliards d'euros) et s'appuyant sur des mesures plus précises  ». Cet effort devra être «  concentré sur le début de la programmation », afin de renforcer la crédibilité de la France (qui reste «  faible ») et de donner «  une visibilité et une confiance suffisante ». Les sages épinglent la stratégie de «  plans de redressement décidés au fur et à mesure des révisions à la baisse de la croissance  », une spirale sans fin démoralisante.

La Cour reconnaît que les derniers plans ont commencé à infléchir la courbe du déficit, mais note que l'effort «  a été réalisé principalement par des hausses de prélèvements obligatoires  », le niveau de ces derniers devant dépasser en 2013 le record de 1999 (44,9 % de PIB). Dès lors, les mesures devront porter en priorité à l'avenir sur les dépenses. Et, sur ce point, il ne suffit pas de fixer des normes d'évolution très strictes, il faut «  prendre des décisions très difficiles, allant très au-delà de ce qui a été arrêté à ce jour  ».

Et le rapport d'énumérer des pistes radicales : la prolongation du « 1 sur 2 » (en s'appuyant sur un réexamen des missions de l'Etat) ainsi que du gel de la valeur du point de la fonction publique, le «  ralentissement plus marqué » des dépenses des collectivités, la désindexation des retraites, une baisse plus forte des prix des médicaments, l'augmentation de la participation financière pour la santé (en clair, des déremboursements), la «  réduction des tarifs des prestataires de soins  » (médecins...), une accentuation de «  la place de la redistribution verticale  » en matière de prestations (dans le cas de la politique familiale, cela signifierait davantage de prestations fiscalisées ou sous condition de ressources), etc. La Cour justifie cette potion amère : «  compte tenu de l'urgence de la situation  », il faut des mesures «  aux effets plus immédiats  », en complément des réformes structurelles (retraites).

Si la baisse des dépenses est prioritaire, le rapport juge que «  cela ne suffira pas : de nouvelles augmentations des recettes sont inéluctables ». La réduction des niches est «  préférable  » à la hausse des taux des impôts et cotisations. La Cour préconise de réduire le coût des dépenses fiscales de «  plus de 15 milliards » par rapport à leur niveau de 2010 (les mesures adoptées ne permettant une diminution nette « que » de 5 milliards d'ici à 2013), et d'économiser 10 milliards sur les niches sociales.

Sans la citer, la Cour appuie enfin le principe de la TVA sociale : «  Un redéploiement des prélèvements pesant sur le coût du travail vers d'autres assiettes est nécessaire  », écrit-elle, soulignant la nécessité de renforcer la compétitivité. Un des rares motifs de satisfaction pour Bercy, qui ne masquait pas un certain agacement hier (lire ci-contre).

ETIENNE LEFEBVRE
La réponse de Bercy :
 
La ministre du Budget, Valérie Pécresse, a souligné hier que les chiffres sur lesquels s'appuie la Cour étaient «  datés », en mettant en avant la baisse plus forte que prévu du déficit 2011. De même, le rapport met en garde sur le respect de l'objectif pour 2012 sans prendre en compte la révision de la croissance. Bercy juge trop pessimistes les prévisions sur la dette, estime que la Cour minore la réduction du déficit structurel réalisée entre 2007 et 2012, et conteste le fait que l'essentiel de l'ajustement aurait été obtenu jusque-là par une hausse des prélèvements. Agacé par les critiques, l'exécutif conclut néanmoins que c'est surtout le programme de François Hollande qui est « aux antipodes » des préconisations de la Cour.
 
Source : Les Echos
 
Informations complémentaires :
 
 

 

 


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