La Cour suprême égyptienne cède à la pression islamiste

L'illustration du fameux point de rupture...

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Des centaines de manifestants ont empêché les juges de la Haute cour constitutionnelle d'accéder au
tribunal samedi. Photo : AFP (source image)

LE CAIRE (Reuters) - Sous la pression des partisans islamistes du président Mohamed Morsi, la Cour suprême constitutionnelle d'Egypte a annoncé dimanche la suspension sine die de ses travaux, nouvel épisode dans la crise politique que traverse l'Egypte.

Plusieurs centaines d'islamistes ont manifesté dimanche devant le bâtiment de la Cour, plus haute juridiction du pays, avant la séance qu'elle devait tenir pour examiner la légalité de deux institutions dominées par les islamistes, le Conseil de la choura, la chambre haute du Parlement, et l'Assemblée constituante qui a adopté la nouvelle constitution égyptienne qui doit être soumise à référendum.

Cette manifestation illustre la suspicion de nombreux islamistes à l'égard de la Cour suprême qu'ils considèrent comme un vestige de l'ère Moubarak. C'est cette même Cour suprême qui en juin avait invalidé un tiers des 498 sièges de l'Assemblée du peuple, la chambre basse du Parlement dominée par les Frères musulmans dont est issu le président Morsi, et conduit à sa dissolution.

"Les juges annoncent la suspension des séances de la cour jusqu'à ce qu'ils puissent continuer à rendre leurs décisions sans pression psychologique et matérielle", indique un communiqué. "La cour manifeste son profond regret et sa douleur eu égard aux méthodes d'assassinat psychologique de ses juges".

Déjà samedi, une grande manifestation avait rassemblé au moins 200.000 partisans de Mohamed Morsi au Caire. Les manifestants avaient appelé le chef de l'Etat à "purger le système judiciaire" accusé d'être contrôlé par des magistrats nommés sous le régime d'Hosni Moubarak.

Mention Fr
 

La nouvelle crise politique en Egypte illustrée par les manifestations quotidiennes de partisans ou d'opposants à Mohamed Morsi est née d'un décret pris le 22 novembre par le chef de l'Etat élargissant temporairement ses prérogatives présidentielles.

LA BOURSE EN HAUSSE

Au total, les récentes violences ont fait trois mors et plusieurs centaines de blessés. Après la grande manifestation islamiste de samedi au Caire dans le quartier de l'université, les anti-Morsi ont décidé d'organiser un nouveau sit-in place Tahrir, lieu emblématique du soulèvement qui avait mené l'an dernier au renversement de Hosni Moubarak.

Mohamed Morsi et les Frères musulmans espèrent mettre fin à la crise en faisant adopter la nouvelle constitution par un référendum, fixé au 15 décembre. En annonçant cette date samedi, le président Morsi a demandé à tous les Égyptiens d'aller voter.

"Les Frères musulmans sont déterminés à aller de l'avant avec leurs propres plans, sans tenir compte de quiconque. Il n'y a pas de compromis à l'horizon", estime Hassan Nafaa, professeur de Sciences politiques à l'université du Caire.

Selon son pronostic, la constitution sera approuvée par les Egyptiens à une très courte majorité et il sera donc très difficile de gouverner un pays à partir d'une loi fondamentale qui ne fait pas consensus.

Mohamed Morsi estime pour sa part que l'approbation de la nouvelle constitution par le peuple fera taire les critiques et rendra sans objet les recours sur la légalité de la constituante - notamment la façon dont ses membres ont été choisis - ainsi que la controverse sur le vote ultra-rapide du texte entre jeudi et vendredi.

Cela rendra aussi sans objet le décret controversé du 22 novembre qui sera de fait annulé. Ce texte a suscité la défiance dans les chancelleries occidentales et la colère d'une partie du monde judiciaire égyptien qui y a vu une atteinte au pouvoir judiciaire. Le décret prévoit en effet que les décision prises par le président dans son cadre ne pourront être contestées.

Malgré la crise politique opposant les islamistes égyptiens au reste de la société, les investisseurs considèrent eux les décisions controversées du nouveau président comme un gage de stabilité.

L'indice de la Bourse du Caire gagnait près de 2% dimanche après avoir perdu 10% après le décret du 22 novembre.

"Les événements de ce week-end, de l'approbation de la version définitive de la constitution à la convocation d'un référendum, ont donné aux investisseurs le sentiment d'un retour à la stabilité politique", explique Mohamed Radouane, de la société de Bourse Pharos Securities.

Sur Twitter, l'opposant Mohamed ElBaradeï, qui fut candidat à la présidentielle, estime que le projet de constitution "mine les libertés fondamentales". "La lutte continuera", promet-il.

Pierre Sérisier et Danielle Rouquié pour le service français, édité par Henri-Pierre André

 

Source : Lepoint.fr

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