La Fed va injecter 600 milliards de dollars dans l'économie américaine

J'ai loupé ça à cause du crash, donc je vous le poste. Ben Bernanke continue son helicopter Ben et arrose l'économie des Etats-Unis avec 600 milliards de dollars. Les USA vont donc pouvoir continuer à acheter tranquillement le monde entier, dixit la revue de presse audio et video de Pierre Jovanovic, c'est le glas de la fin. Après vous être habilement réfugié dans l'or, il vous suggère de faire de réserves alimentaires, ceci dit avec la politique de blythe masters qui spécule sur les matières premières on n'en attendait pas moins...

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A l'issue d'une réunion de deux jours, la Réserve fédérale (Fed), la banque centrale états-unienne, a annoncé un nouveau programme de rachat de bons du Trésor. Cette manœuvre, dénommée "quantitative easing", devrait permettre dans sa première phase l'injection de 600 milliards de dollars (426 milliards d'euros) dans l'économie, à raison de 75 milliards de dollars par mois, chiffre autour duquel s'est fait le consensus des économistes. Le but de l'opération est de doper une reprise jugée trop faible que les électeurs américains ont durement sanctionnée hier en chassant la majorité démocrate de la Chambre des représentants.

Malgré la reprise de l'activité industrielle, le chômage stagne autour des 10 % depuis plusieurs mois et la consommation des ménages peine à décoller. Or le dynamisme du marché de l'emploi fait partie du mandat de la Fed, outre la stabilité des prix. L'inflation extrêmement basse (bien en dessous de l'objectif des 2 % inscrits dans le mandat de la Fed) fait en outre craindre une spirale déflationniste similaire à celle qui handicape la croissance japonaise depuis près de quinze ans.

PRINCIPAL INSTRUMENT DE LA POLITIQUE MONÉTAIRE AMÉRICAINE

Le quantitative easing, ou "QE", est une manœuvre bien connue des banques centrales : s'appuyant sur une recherche de Joseph Gagnon (PDF en anglais), un ancien économiste de la Fed, elle consiste simplement à faire tourner la planche à billets et à racheter (entre autres) des bons du Trésor dans l'espoir de faire baisser les taux d'intérêt et accélérer l'inflation. Selon un calcul effectué par la Fed, cité par le WSJ , un rachat de 600 milliards de dollars de bons a le même effet qu'une baisse de 0,5 % des taux d'intérêt de court terme. La hausse des prix est ainsi compensée par un accès plus facile au crédit. Le QE apparaît donc actuellement comme un des seuls instruments de politique monétaire susceptible de dynamiser la consommation.

Ce n'est pas la première fois que la Fed utilise le QE : depuis 2008, elle a injecté la somme de 1 700 milliards de dollars dans l'économie américaine. Mais en décidant d'y recourir à nouveau, la Fed lance un signal fort : elle utilise pour la première fois le QE comme un instrument de politique économique de routine, souligne le Financial Times.

UNE STRATÉGIE  EFFICACE, MAIS PAS SANS RISQUES

Si le succès de la précédente opération de QE est encourageant, il n'est pas sans conséquence, soulignent ses détracteurs, notamment pour la Fed elle-même. Si les taux repartent à la hausse, même très peu, cela a pour effet de considérablement diminuer la valeur du portefeuille du Trésor. Ce qui ne pose toutefois aucun problème tant que le Trésor n'a pas besoin de vendre des titres, répliquent les partisans du QE.

D'éminents gestionnaires de portefeuilles, comme Bill Gross de Pacific InvestmentManagement Company, et Jeremy Grantham de Grantham MayoVan Otterloo & Company, voient quant à eux dans ce programme un danger comparable à celui entraîné par un schéma de type "pyramide de Ponzi" : "Cette injection de liquidités augmente le prix des bons pour créer l'illusion de gains annuels élevés, mais au final c'est une impasse quand ces prix ne peuvent aller plus haut", a déclaré Bill Gross dans une lettre à ses clients.

Du côté des changes, le QE a également des effets non négligeables. Les taux d'intérêt réels de la Fed flirtant déjà avec le zéro, le QE ne peut avoir pour effet que de détourner davantage les investisseurs vers les devises étrangères. Le dollar fait désormais figure d'épouvantail : la monnaie américaine a perdu 7,5 % depuis juin. Victime collatérale : l'euro, qui a franchi le seuil de 1,40 dollar en septembre.

Lucide, le président de la Fed, Ben Bernanke, a tenu à préciser qu'"à elles seules, les banques centrales ne peuvent sauver l'économie" et s'est montré prudent quant à l'ampleur des conséquences du QE.  Seulement, a-t-il rappelé, "ne rien faire n'est pas une option". L'action de la Fed apparaît donc comme essentielle, surtout au moment où la perte de la majorité démocrate à la Chambre des représentants rend très improbable le lancement d'une nouvelle politique fiscale pour stimuler la reprise.

DES DOMMAGES COLLATÉRAUX IMPORTANTS

Si les milieux économiques guettent le communiqué de la Fed avec une certaine appréhension, c'est parce que le QE, bien qu'étudié pour répondre aux besoins nationaux, a des effets bien au-delà des frontières américaines : une partie importante des liquidités créées se retrouvent dans les circuits économiques étrangers, notamment dans les pays émergents. En effet, les investisseurs, découragés par les faibles rémunérations proposées aux Etats-Unis du fait des taux d'intérêt bas, se tournent en toute logique vers les économies les plus dynamiques. Avec des taux de croissance supérieurs à 5 %, la Chine, l'Inde ou encore le Brésil sont les premiers touchés.

Or l'afflux de liquidité a un effet dramatique sur l'inflation des pays en développement. L'Inde, qui doit déjà faire face à une forte hausse du prix des denrées alimentaires, vient d'annoncer un durcissement de sa politique monétaire avec une hausse à 6,25 % de son taux directeur à court terme. Une nécessité pour ce pays qui compte encore plusieurs centaines de millions de pauvres. L'Australie, dans une moindre mesure, est elle aussi touchée et vient d'annoncer un relèvement de son taux directeur à court terme à 4,75 %. La banque centrale chinoise leur a emboîté le pas mardi et déclaré qu'elle s'apprêtait à prendre des mesures similaires.

Autre conséquence du QE, et pas des moindres, les analystes prévoient une hausse notable du prix du pétrole dans les prochaines semaines, dopé par l'arrivée de l'hiver dans l'hémisphère Nord, la hausse constante de la demande des pays émergents et l'afflux de capitaux dans ces pays. Un baril de pétrole dont le prix tournerait autour de 100 dollars est envisagé pour 2011.


Audrey Fournier


Source :
Le Monde.fr

Informations complémentaires :

la-chronique-agora.com :
Et Ben Bernanke éclata d'un long rire dément...
France-24 :
La Fed veut injecter 600 milliards de dollars de liquidités d'ici mi-2011
Agefi.fr :
La Fed va racheter pour 600 milliards de Treasuries


 


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