La grogne des diplomates irrite l'Elysée et le gouvernement

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 Bonjour, je suis désolé, hier j’avais un rendez-vous. Je n’ai donc pas pu me pencher sur l’actu (au moins cela vous aura fait un break ; ). Chose que nous allons rattraper, si vous le voulez bien aujourd’hui. Avec nos diplomates, qui après les magistrats, balancent à la presse ! Enfin pas n’importent lesquels, mais ceux qui ont quitté leurs fonctions, et n’aurons pas à esquiver de représailles... Alors le mieux que je puisse faire, c’est de vous soumettre la synthèse de la filiation de Jacques Delors, à savoir Martine  Aubry, qui dit, je cite : "Quand vous avez les policiers, les CRS, les magistrats, les enseignants, le personnel hospitalier, et aujourd'hui les diplomates, qui manifestent (...) c'est que vraiment la République va mal." Constat sans appel, de l’actualité récente que nous avons tenté de relayer à travers nos pages. Car ce que l’on peut en déduire, comme je tentais de le souligner dans quelques articles, c’est à l’image de la pyramide de nos amis illumati et de cette volonté de « Gouvernance Mondiale » la centralisation de fait des décisions, et notamment dans le secteur diplomatique entre les mains du secrétaire général de l'Élysée, Claude Guéant, et du conseiller diplomatique de Nicolas Sarkozy, Jean David Levy. Ce qui, d’après l’écho que l’on en a semblé avoir, donne une impression d’amateurisme. La trajectoire incertaine peuplée d’effets d’annonces, qui exaspère justement nos professionnels de la négociation et militaires, avec pour conséquence l’exposition en plein jour de nos compromissions, notamment dans le dossier de la France Afrique. Ce qui a pour effet de bord que la voix de la France porte moins dans le monde. C’est fortement dommageable car notre culture fait en sorte, que de façon séculaire, grâce à une certaine finesse due à un héritage lui aussi historique, nous sommes experts en matière de tractations et diplomaties. Mais comme l’a démontré magistralement une actualité récente avec l’affaire Michèle Alliot-Marie, il semblerait que nos diplomates ne soient absolument plus écoutés, voire servent de boucs émissaires. Ceci au profit d’un petit « cercle » d’initiés qui n’en ont que le nom. Je vous conseille fortement le reportage audio sans compromission du, toujours éclairant, « France Info ». Ainsi que la nouvelle 'tendance' de la diplomatie française avec la prestation du jeune, mais photogénique  M. Boris Boillon, ambassadeur inspiré (d'une sincérité déconcertante...) actuellement en poste en Tunisie (en informations complémentaires).

PARIS (Reuters) - La grogne de diplomates français contre la façon dont Nicolas Sarkozy dirige la politique étrangère de la France irrite l'Elysée et le gouvernement mais réjouit l'opposition.

Le conseiller spécial du chef de l'Etat, Henri Guaino, a qualifié mercredi de "tract politique" le réquisitoire publié mardi dans Le Monde par ces diplomates, sous le pseudonyme de Marly, du nom du café où ils se sont réunis la première fois.

Il s'est demandé sur France Info si les auteurs de cette tribune étaient "de jeunes ambitieux qui cherchent des places" ou au contraire "des diplomates retraités aigris".

Il est vrai que la "plume" de Nicolas Sarkozy, auteur d'un "discours de Dakar" controversé sur l'Afrique, est une de leurs cibles, avec le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant.

"Qu'on ne s'étonne pas de nos échecs", écrivent ainsi ses membres. "Nous sommes à l'heure où des préfets se piquent de diplomatie, où les 'plumes' conçoivent de grands desseins."

D'origines, de générations et de convictions politiques diverses, actifs ou à la retraite, ces diplomates reprochent à Nicolas Sarkozy de ne pas écouter les diplomates professionnels.

"A l'écoute des diplomates, bien des erreurs auraient pu être évitées, imputables à l'amateurisme, à l'impulsivité et aux préoccupations médiatiques à court terme", estiment-ils.

Conseillers de Nicolas Sarkozy, ministres et dirigeants de la majorité dénoncent surtout la forme de cette tribune.

BAROIN POLITISE LA POLÉMIQUE

"Quand on est un responsable de haut niveau, on assume ce qu'on écrit, donc on signe, plutôt que d'opérer un règlement de compte de manière planquée", a ainsi déclaré le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé.

Le conseiller diplomatique de Nicolas Sarkozy, Jean-David Levitte, a dit à des journalistes qu'il n'aimait "pas beaucoup les lettres anonymes". Mais il a assuré que la définition de la politique étrangère française était une "oeuvre collective" impliquant l'ensemble du quai d'Orsay.

La ministre des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, au centre d'une polémique sur ses dernières vacances tunisiennes 15 jours avant la chute du président Ben Ali, a adopté un profil bas en saluant du Brésil des "professionnels très compétents".

Son collègue des Affaires européennes, Laurent Wauquiez, a estimé pour sa part que la France ne pouvait pas se permettre dans les circonstances actuelles une "déprime" diplomatique.

Mais le porte-parole du gouvernement n'a pas pris de gants pour parler de "lâcheté" et dénoncer une prose venant, selon lui, de "militants engagés, plutôt du côté de l'opposition" socialiste.

"Pour résumer ma pensée, j'ai eu le sentiment de lire une tribune de la rue de Solférino (siège du PS-NDLR) plutôt que le fruit d'une pensée puissante de diplomates en activité", a dit François Baroin lors du compte rendu du conseil des ministres.

Comme Henri Guaino, François Baroin veut voir dans le texte de Marly une des premières manifestations de la campagne pour les élections présidentielle et législatives de 2012.

Une interprétation contestée par un membre du noyau dur du groupe, fort d'une quarantaine de personnes, qui revendique aussi de nombreux "sympathisants" au sein du Quai d'Orsay.

VILLEPIN AVEC AUBRY

"Si Baroin savait qui il y a dans le groupe ... Il y a des gens proches de lui", dit à Reuters ce diplomate qui dénonce dans ces réactions une forme d'autisme.

"Ce serait une grave erreur de sous-estimer l'exaspération des troupes", explique-t-il. "Que l'opposition l'exploite, c'est de bonne guerre. Mais ce serait une autre erreur de penser que cette tribune a été faite par des gens engagés politiquement."

L'opposition n'a pas manqué de se saisir de ce nouveau malaise entre Nicolas Sarkozy et un de ces grands corps de l'Etat avec lesquels il n'a jamais montré d'affinité.

"Il est clair que la diplomatie française n'existe plus", a dit la première secrétaire du PS sur RMC et BFM-TV.

"Quand vous avez les policiers, les CRS, les magistrats, les enseignants, le personnel hospitalier et aujourd'hui les diplomates qui manifestent (...) c'est que vraiment la République va mal", a ajouté Martine Aubry.

A droite, Dominique de Villepin, ex-Premier ministre et ancien ministre des Affaires étrangères de Jacques Chirac, a joint sa voix aux détracteurs de la politique étrangère de Nicolas Sarkozy - qui doit le recevoir jeudi matin.

"Comme gaulliste, je crois à une certaine idée de la France alors que, nous le voyons, la diplomatie française s'efface trop souvent de la scène mondiale", a déclaré à la presse l'homme du discours de 2003 à l'ONU contre la guerre en Irak, qui a officialisé mercredi son départ de l'UMP.

Avec Yann Le Guernigou, édité par Yves Clarisse

par Emmanuel Jarry

Source : Le Point

France-Info : Les révoltés du Quai d’Orsay
Marianne2.fr : Le déni chez Sarkozy
Le Parisien.fr : Politique extérieure : des diplomates accusent Sarkozy «d'amateurisme»

 


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