La « Montebourde » de Jean-Marc Ayrault

Alors que la manifestation d'hier des chômeurs, des mal-logés et des précaires s’est déroulée dans le calme et a regroupé 2500 personnes (il ne faudra pas venir vous plaindre après). Il y a quelques autres sujets de préoccupation ce matin dans l’actualité française, mais ils n’ont pas eu mon suffrage. Aussi voici avec Marianne un retour en image sur les agissements récents de nos eunuques gouvernementaux.

Bonne lecture,

Amicalement,

F.

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SALOM-GOMIS SEBASTIEN/SIPA
 
Ce n’est pas une « boubourde » qu’a commise Jean-Marc Ayrault, mais une vraie gaffe politique, une « Montebourde » qu’il a eu beaucoup de mal à rattraper. Le premier ministre en effet a dû ramer tout samedi et brosser dans le sens du poil qu’il avait fort hérissé son ministre du Redressement productif désavoué la veille ! Lui qui a le compliment à l’ordinaire mesuré a fait dans la démesure laudative en saluant « l’action » de celui-là qui « n’a pas ménagé sa peine pour trouver une solution dans le dossier Florange comme dans beaucoup d’autres particulièrement difficiles ! »

Il est vrai qu’à l’Élysée même on a fait savoir aux rédactions « que l’offensive montebourgeoise avait été particulièrement profitable » ! Et dans le communiqué de Matignon ensuite, il était même ajouté que « ses initiatives avaient contribué à créer un rapport de force favorable ». Le chef du gouvernement avait intérêt à bouchonner et bichonner son cheval fougueux de ministre, car il l’avait lui-même la veille fait chuter de toute sa superbe et même ridiculisé…

 
Car non seulement le ministre du Redressement productif avait perdu l’arbitrage sur la nationalisation temporaire de Florange, mais encore le chef du gouvernement accordait du crédit aux engagements de Mittal, dont son ministre avait lui-même précisé, et à plusieurs reprises, à quel point il fallait s’en défier, puisqu’il n’avait tenu aucune de ses promesses jusqu'ici !

Pire encore, Jean-Marc Ayrault signifiait qu’il n’y avait pas de « repreneur sérieux », contrairement aux affirmations de Montebourg et le bouquet : il balayait d’un revers de phrase « la menace de nationalisation », qu’il baptisait « transitoire », en expliquant benoîtement, qu’elle n’était pas efficace face à un problème de débouchés ou face à un problème de compétitivité. Patatras ! Tous les efforts de Montebourg pour créer un front, et une force « patriotique » étaient balayés maladroitement. L’œil et la crinière du ministre pouvaient flamboyer de rage… 

 
Il avait pourtant réussi à rassembler autour de cette démarche aujourd’hui hypothétique et vilipendée par le patronat et ses relais médiatiques, mais qui a fait ses preuves dans l’histoire, des personnalités aussi différentes que François Bayrou, Henri Guaino, Jean-Louis Borloo, des députés socialistes par dizaines et une majorité écrasante de Français.

Son investissement en l’affaire avait été, c’est son tempérament, total, flamboyant, débordant aussi parfois… mais le désavouer ainsi en pleine charge et cavalcade c’était non seulement maladroit, mais politiquement inconséquent. On frisait la rupture, de la seule faute du chef du gouvernement, qui avec de l’habileté aurait tout à fait pu ménager la susceptibilité montebourgeoise ! Il pouvait présenter la « nationalisation provisoire », ainsi que l’avait fait… Nicolas Sarkozy ou Dominique Strauss Kahn comme une solution de sauvetage temporaire ou un moyen de pression figurant dans la panoplie des armes à employer contre tous les patrons indélicats, y compris Mittal s’il se conduisait mal de nouveau ! Ayrault en conséquence de son inconséquence multipliait messages et ambassades pour tenter de se rattraper, il pouvait…

 
Invité au journal de TF1 samedi soir, Arnaud Montebourg avait le pelage brillant et la modestie affichée du matou matois qui va à son tour griffer après avoir été lustré. Il commençait par reconnaître qu’il aurait pu songer véritablement à démissionner, si son combat « patriote » n’avait pas été partagé par une majorité très large de Français. Et il glissait alors en ronronnant que « le Président l’avait reçu longuement le matin même ! Et le chef de l’État lui avait donné quitus d’abord sur le repreneur « patriote à qui le gouvernement devait le respect » ! Et pif !

D'ailleurs, « le chef le recevrait prochainement à l’Élysée!... » Et paf ! Enfin, le meilleur : « François Hollande m’a confirmé, miaulait le ministre, que la nationalisation temporaire était une arme qui restait sur la table ». Pif paf ! Arnaud patriote Montebourg vainqueur après avoir été à terre. Il pouvait donc donner de la griffe sans en avoir l’air : le Premier ministre devrait faire preuve de plus fermeté dans l’avenir face à Monsieur Mittal !... Le chat aux yeux bleus lapait du petit lait…
 
 
Source : Marianne.net

 

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