La presse allemande tire à boulets rouges sur le plan Draghi

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[La-Croix.com] “La presse allemande tire à boulets rouges sur le plan anti-crise de la Banque centrale européenne (BCE), déplorant une politique dangereuse et un désaveu pour Angela Merkel, même si quelques médias y voient le seul moyen de sauver l’euro.

Le président de la BCE Mario Draghi a annoncé jeudi un programme, sans limite mais sous conditions, de rachat d’obligations de pays en difficultés de la zone euro. Ce nouveau programme, baptisé OMT, va supplanter le précédent programme appelé “Securities markets programme” (SMP) qui existait depuis mai 2010 et qui a totalisé des rachats de titres de plus de 200 milliards d’euros, qui seront gardés jusqu’à leur maturité.

À la différence du SMP, dont la BCE rappelait sans cesse qu’il était “limité dans le temps” et aussi en volume, l’OMT pourra faire des rachats d’obligations sur le marché secondaire de la dette à volume illimité et jusqu’à ce que la BCE estime que ce n’est plus nécessaire. Ce programme visera des rachats d’obligations d’États de la la zone euro de maturité de court et moyen termes, notamment de 1 à 3 ans.

 

Extraits :

- “La boîte de Pandore a été définitivement ouverte au profit des pays criblés de dettes”, se lamente le quotidien conservateur Münchener Merkur.

- Il a “rompu avec un principe d’airain de la politique monétaire allemande”, souligne le journal conservateur Die Welt. “Les Bourses jubilent, pour l’Allemagne c’est le cauchemar qui commence”, ajoute-t-il, agitant le spectre de l’inflation et évoquant “la mort de la Banque centrale allemande”, seule contre ce projet.

- “D’abord il y a eu l’interdiction inscrite dans les traités de renflouer un pays membre qui a été transgressée, maintenant c’est l’interdiction à la BCE de financer la dette d’un Etat”, déplore le Frankfurter Allgemeine Zeitung.

- La BCE “ouvre les vannes à liquidités au détriment des contribuables allemands (…) Le silence insoutenable de la chancelière face à ce scandale pourrait avoir des conséquences considérables sur les élections (notamment législatives) de 2013″, pronostique le Rhein-Neckar Zeitung.

- Le Kölner Stadt-Anzeiger regrette que toutes les mesures de sauvetage de l’euro aient été imposées à Angela Merkel, et pas imposées par elle. “Il serait plus malin de dire la vérité : (…) aucun pays n’a autant besoin d’une monnaie unique que l’Allemagne”.

- “Ce n’était certainement pas la voie la moins coûteuse, ni la plus rapide ou la plus démocratique. Mais compte tenu des institutions existantes c’était peut-être la seule” pour sauver l’euro, écrit cependant le quotidien berlinois Tagesspiegel tandis que le Financial Times Deutschland juge “intelligente et raisonnée” la politique de Mario Draghi. “Sans le courage et la perspicacité de Mario Draghi, les jours de l’euro seraient comptés et avec lui, certainement aussi ceux de l’Europe unie”, estime de son côté le journal de centre-gauche Frankfurter Rundschau.

- Enfin, selon un sondage publié par Der Spiegel, 54 % des Allemands souhaitent que la Cour constitutionnelle allemande dise non au mécanisme européen de stabilité (MES) et au pacte budgétaire.

Les huit juges de l’institution de Karlsruhe doivent dire le 12 septembre si le président allemand, Joachim Gauck, peut signer les textes de loi qui dotent la zone euro de nouveaux outils contre la crise. La Cour examine depuis le 10 juillet six plaintes visant à bloquer la ratification du mécanisme européen de stabilité (MES) et du pacte budgétaire, émanant en particulier des députés du parti de gauche radicale Die Linke, d’un élu conservateur et d’une association de citoyens”.

Source : François d’Alançon, “Le plan Draghi passe mal en Allemagne”, la-Croix.com, le 7 septembre 2012

 

Source : La Croix, Le blog à Lupus

Informations complémentaires :

 

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