La « troïka » veut faire travailler les Grecs jusqu'à six jours par semaine…

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A Athènes, en février. Les entrepreneurs locaux se plaignent régulièrement de la rigidité du marché du
travail, qui encouragerait le recours au travail au noir | AP/Thanassis Stavrakis

Régression sociale pour les uns, farce pour les autres, la suggestion de la Commission européenne de faire travailler les Grecs six jours par semaine choque à Athènes.

"A l'annonce de cette nouvelle, nous avons été pétrifiés ! On a eu le sentiment qu'on nous proposait d'entrer dans une galère", commente Rena Dourou, députée au Parlement grec, responsable des questions européennes pour Syrisa, la coalition de gauche radicale.

"C'est une entame au droit des travailleurs européen. On veut transformer la Grèce en pays africain. On accepte de maintenir le pays dans la zone euro, mais on ne lui donne pas les mêmes droits que les autres, on veut nous faire régresser, nous appauvrir", ajoute-t-elle.

La proposition visant à soumettre les Grecs à un rythme de travail bien plus intensif est aussi perçue comme une humiliation pour nombre de citoyens, car elle relaie l'idée assez répandue ailleurs en Europe que les Grecs seraient fainéants.

La réalité est moins caricaturale. La suggestion de Bruxelles n'est pas d'imposer un rythme de travail hebdomadaire de six jours à tous les Grecs mais de relever le seuil maximal légal de jours ouvrés par semaine. L'enjeu : réduire le coût du travail en limitant les heures dites supplémentaires surpayées, rendre le marché du travail plus flexible et l'économie plus compétitive.

La mesure fait partie d'une liste d'une quinzaine de propositions figurant dans un document de la Commission épaulée par le Fonds monétaire international (FMI) sous l'œil de la Banque centrale européenne (BCE). Autrement dit, la suggestion est celle des bailleurs de fonds d'Athènes, ceux-là mêmes qu'on appelle la "troïka".

RÉDUIRE LES CHARGES SOCIALES

Le document, qui a fuité dans la presse locale et britannique, mardi 4 septembre, suggère aussi, entre autres, d'accorder quinze jours de congés n'importe quand dans l'année pour les activités saisonnières ou de réduire les charges sociales de 5 points de pourcentage.

La réforme du marché du travail est un sujet important en Grèce. Les entrepreneurs locaux se plaignent régulièrement de sa rigidité, qui encouragerait, disent certains, le recours au travail au noir. Le droit du travail, qui a la réputation de ressembler à un mille-feuille, fait partie des 250 obstacles à l'entrepreunariat qu'avait listés la fédération des entreprises grecques.

"L'idée de faire travailler les Grecs jusqu'à six jours par semaine est, sur le papier, astucieuse, elle permettrait de réduire d'un coup le coût du travail de 20 %", pointe Jesus Castillo, économiste chez Natixis. "Mais reste à savoir si le problème de la Grèce est uniquement celui-là. L'industrie manufacturière représente entre 6 % et 7 % du produit intérieur brut en Grèce, dit-il. La priorité est plutôt de rebâtir l'industrie dans le pays."

Un avis partagé par Yanis Varoufakis, professeur d'économie à l'université d'Athènes. "La troïka a tout faux, estime-t-il. Elle pense que la Grèce est un atelier qui va mal car les coûts et les salaires sont trop élevés. Ce n'est pas le problème."

"La Grèce est en récession, les salaires sont déjà très faibles. Mais il y a une chose qui est encore plus faible, c'est la demande locale. Les entreprises ne peuvent pas vendre leurs produits alors elles n'investissent plus. Faire travailler les Grecs les samedis, les dimanches ou la nuit ne changera rien", détaille l'économiste dans en entretien à la chaîne britannique BSkyB diffusé mercredi.

SACRIFICES

De l'avis de nombre d'observateurs, ces propositions pourraient néanmoins être relayées au moins en partie par le gouvernement de coalition emmené par Antonis Samaras (droite pro-européenne). Le pays doit encore faire des sacrifices pour démontrer sa bonne volonté et déboucler l'aide financière de la troïka cruciale pour le pays. La Grèce doit notamment identifier 11,6 milliards d'euros d'économies pour 2013 et 2014.

La pression monte. Vendredi, le président de l'Union européenne, Herman Van Rompuy, en visite officielle dans le pays, précédera l'arrivée des inspecteurs du FMI, de la Commission et de la BCE chargés d'éplucher les comptes et de noter les efforts du pays.

Reste qu'avec une économie en récession depuis plus de quatre ans et un chômage explosif, la population grecque pourrait passer de la colère à l'exaspération et rendre la tâche du gouvernement très délicate.

Claire Gatinois

Les pays de l'Europe du Nord sont les plus compétitifs

Parmi les dix pays les plus compétitifs au monde, selon le classement 2012-2013 du Forum économique de Davos, six sont des européens : la Suisse, la Finlande, la Suède, les Pays-Bas, l'Allemagne et le Royaume-Uni. Singapour, les Etats-Unis - qui ont été rétrogradés à la 7e place du classement quand ils en étaient le champion il y a quatre ans -, Hongkong et le Japon font également partie des dix économies les plus performantes. Pour la première fois, la France, qui perd trois places par rapport à l'an dernier et arrive en 21e position, ne figure pas dans le Top 20. La Chine, elle, se place au 29e rang.

Le rapport passe au crible les 144 pays les plus importants économiquement. Le classement vise à appréhender la capacité de chaque pays à "réaliser une croissance économique durable à moyen et long terme".

 

Source : Lemonde.fr via Chalouette

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