Le Brésil se prépare à l'après-Lula

Comme je le comprenais et tentais de vous l'expliquer, le miracle brésilien a bien eu lieu. Des millions de classe moyenne brésilienne ont enfin accès à la consomation et au... crédit... Ils ne veulent surtout pas que cela s'arrête, et vont se rendrent massivement aux urnes pour 136,000,000 d'entre eux dimanche, pour élire un successeur à Lula qui a su mettre le pays sur les rails avec des règles économiques justes.

Alors que le Brésil vote dimanche 3 octobre, le président Lula se prépare à quitter le pouvoir en janvier prochain, au faîte de sa popularité. Mais il pourrait se représenter dans quatre ans

Au Brésil, « l’usure du pouvoir » n’est pas une expression à la mode. Et pour cause : après huit ans à la tête de l’État, le président Lula surfe toujours sur une vague de popularité record. Près de 8 Brésiliens sur 10 sont satisfaits, voire très satisfaits, de son action.

Difficile de faire mieux pour l’ancien métallo, alors pourtant qu’il était arrivé aux affaires en 2002 porté par un formidable espoir de changement, profond et exigeant. Huit ans plus tard, et bien que toutes les promesses n’aient pas été tenues, le Brésil est persuadé d’aller dans la bonne direction, et le pays aurait bien conservé son pilote, si seulement sa Constitution ne limitait pas à deux le nombre des mandats consécutifs possibles à la tête de l’État.

À partir de janvier, le pays devra donc faire sans Lula dans le rôle principal. Une situation nouvelle à laquelle les militants du Parti des travailleurs, fondé par l’ancien leader syndical en 1980, ne veulent pas vraiment croire, surtout dans la perspective d’une victoire de Dilma Rousseff.

Un parcours comme il en existe peu

« Il sera toujours là pour la conseiller, pour la défendre, assure Zico, élu local dans la région de São Paulo. Il voyagera dans le pays, la représentera. Il lui donnera un bon coup de main et mettra sa popularité à son service. Il pourra aussi faire des tournées en Amérique latine, pour défendre les plus pauvres. » « Oui, et après il pourra revenir et être à nouveau président, peut-être même dans quatre ans », ajoute Maria, sympathisante enthousiaste.

Un Brésil sans Lula pour jouer les premiers rôles, c’est nouveau et difficile à imaginer. Depuis la fin des années 1970 et le combat contre la dictature, Luiz Inacio Lula da Silva occupe une place centrale : d’abord comme figure de proue du combat pour la démocratie, puis comme leader incontesté de la gauche et enfin comme président.

Un parcours comme il en existe peu, comparable à la trajectoire de Nelson Mandela

. L’âge en moins : quand l’ancien prisonnier de Robben Island a quitté le pouvoir, il avait déjà 80 ans. Pour l’ancien métallo, l’heure de la retraite n’a pas encore sonné : né le 27 octobre 1945, il fêtera ses 65 ans à la fin du mois et n’a pas l’intention de goûter aux joies de l’inactivité quand il quittera le Planalto, le palais présidentiel de Brasilia.

Mais alors, que faire ? Comment occuper ses jours quand on a dirigé son pays et atteint une telle stature, nationale et internationale ? Faut-il voir plus grand, hors des frontières ? Cette année, deux chefs d’État sud-américains très populaires ont également quitté le pouvoir, faute de pouvoir briguer un nouveau mandat : à gauche, Michelle Bachelet, au Chili ; à droite, Alvaro Uribe, en Colombie.

La rumeur a envoyé Lula au QG à New York

Et tous les deux ont trouvé une seconde vie à l’ONU : Michelle Bachelet a été nommée à la tête de l’agence de l’ONU qui se penche sur le sort des femmes (ONU Femmes), et Alvaro Uribe est devenu vice-président de la commission chargée d’enquêter sur l’attaque meurtrière, le 31 mai dernier, de commandos israéliens contre la flottille humanitaire en route pour Gaza.

Un temps, la rumeur a d’ailleurs envoyé Lula au QG à New York : le bruit courait que le chef de l’État préparait son arrivée à la tête de l’ONU, pour succéder à Ban Ki-moon, dont le mandat arrive à son terme fin 2011. « Ça n’a jamais été très sérieux, dément un diplomate européen en poste à São Paulo. Surtout depuis l’accord négocié au côté de la Turquie avec l’Iran, mal reçu par les grandes puissances. »

Il lui reste donc à être impliqué au niveau national, quitte à être embarrassant : l’ombre de Lula, qui s’est mobilisé pour faire élire Dilma Rousseff, pourrait être difficile à gérer pour sa dauphine. Surtout si des nuages devaient balayer l’embellie économique que le pays connaît aujourd’hui, suscitant d’inévitables comparaisons avec « les années Lula ».

Gilles BIASSETTE, à SÃO PAULO

Source : La Croix
 

Informations complémentaires :

Romandie.news : Brésil: Lula et sa dauphine Dilma Rousseff ont voté
Le Nouvel OBs: "Changer la géographie du monde" : pourquoi Lula a (presque) tenu son pari
Le Point : BRÉSIL - Dilma dans les pas de Lula

 


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