Le business très rentable des frais d'obsèques en France

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Je rappelle utilement que Goldman Sachs a pris part dans beaucoup de ces sociétés de pompes funèbres, en plus les banques facturent plus de 400€ les frais de transfert ou de fermeture des comptes des personnes décédés...

La mort est donc décidément un business rentable...

Au cimetière du Père-Lachaise, à Paris. Photo d'illustration. (GIRAULT MATHILDE/SIPA)

Depuis sa libéralisation en 1993, le business des obsèques a explosé. Au détriment des proches endeuillés, épingle la Cour des Comptes.

Monopoles frauduleux, tarifs discriminatoires et fausses offres low-cost... Enclenchée en 1993 avec la suppression du monopole communal des pompes funèbres, la libéralisation du marché du funéraire n'a pas eu l'effet escompté, constate la Cour des Comptes qui épingle ce business opaque et "insuffisamment contrôlé" dans son rapport annuel. Pire : cette ouverture à la concurrence s'est faite au détriment des proches endeuillés.

En France, enterrer un mort en 2019 coûte entre 3350 et 3600 euros. Mais la grande opacité tarifaire à l'œuvre sur ce secteur cache de grandes disparités derrière cette moyenne. Selon l'opérateur choisi ou le lieu de résidence du défunt, une même inhumation peut être facturée entre 1347 euros et 6449 euros, et une crémation entre 2017 euros et 6572 euros. Etat des lieux.

Tarifs opaques à chaque étape

Les Français sont très mal informés et se voient proposer "des options de nature et de prix très variables", observe la Cour. Et ce, alors même qu'ils peuvent avoir à faire des choix dans une certaine urgence. Première décision, par exemple : que faire du corps du défunt avant la cérémonie ? La plupart opte pour faire transporter le corps dans une chambre funéraire dans un premier temps. Un choix qui confère à ces lieux une certaine position de force. Le nombre de ces lieux de recueillement a été multiplié par 100 depuis 1993 : à l'époque, il en existait 300, en 2016 on en dénombrait au moins 3000 en France.

La multiplication de ces lieux de recueillement a, dans certains cas, occasionné des abus, ainsi qu'en témoignent les récentes sanctions prononcées par la DGCCRF, l'Autorité de la concurrence et de la répression des fraudes : refus d'accès aux concurrents ; tarifs discriminatoires lorsque les familles confiaient la suite de l'organisation des obsèques à un concurrent... En 2015, par exemple, la DGCCRF a mis en évidence un abus de position dominante dans l'Oise où une entreprise de pompes funèbres du secteur du Méru était aussi... gestionnaire de la seule chambre funéraire du secteur.

Absence de services publics et essor des contrats prévoyance

Depuis la libéralisation du marché du funéraire en 1993, le nombre de crématoriums est pour sa part passé d'une cinquantaine à plus de 200 en 2016, DOM compris. Dans certains cas, cela a généré de la confusion entre services publics et acteurs privés. C'est le cas notamment dans l'Ain, où l'opérateur du crématorium de Viriat a fait l'objet en 2017 d'une sanction pour avoir entretenu une confusion entre sa mission de service public de crémation et son activité concurrentielle de produits et services funéraires.

Si de plus en plus de Français optent pour la crémation (35% en 2016, contre 1% en 1980), certaines régions de France sont encore dépourvues d'établissements dédiés. Onze départements sont ainsi privés d'accès à ce service public : le Territoire de Belfort, la Haute-Marne, l'Aisne, la Lozère, le Lot, la Guyane, Mayotte et Saint-Pierre-et-Miquelon. Cela se répercute très concrètement sur le coût des obsèques, puisque l'incinération coûte souvent moins cher pour les familles qu'une inhumation.

Offres faussement "low-cost"

Parmi les prestations opaques pointées du doigt par la Cour des Comptes, citons les offres faussement low-cost. Exemple emblématique de ce phénomène, la fameuse formule "révolution obsèque" à 789 euros, lancée dans les années 2010 par la SEM des pompes funèbres de la ville de Paris. A l'époque, son directeur général François Michaud Nérard faisait l'éloge de cette "EasyJet du secteur", dans "les Echos". Pourtant, fustige la Cour, "aucun devis établi à partir du site ne permettait d'organiser effectivement des obsèques pour ce montant, qui omettait certaines prestations telles que l'inhumation, la crémation ou encore l'ouverture de la sépulture". A la fin, et en intégrant la taxe de crémation ou la redevance inhumation, les 95 clients ayant eu recours au site "révolution obsèques" ont acquitté un montant compris entre 1498 et 5105 euros.

Théoriquement, toute personne s'adressant aux pompes funèbres doit recevoir un devis conforme aux modèles définis par les arrêtés ministériels du 23 août 2010. Ce devis est tenu de présenter, selon une maquette préconçue, les tarifs des différentes prestations et options de façon claire et détaillée. Mais la théorie reste pourtant bien éloignée de la réalité du terrain, constate la Cour, puisque dans plus de 60% des communes qu'elle a contrôlées, ces devis-types n'avaient pas été mis à disposition du public. Il est donc urgent, préconise la Cour, de faire respecter l'usage de ces devis et de "subordonner le renouvellement des habilitations des opérateurs funéraires à la transmission de ces devis-types".

Enfin, l'absence de clarification des prestations a engendré l'essor des contrats de prévoyance obsèques, remarque la Cour des Comptes. Leur nombre a d'ailleurs plus que doublé en dix ans puisqu'en 2017, 27% des Français de plus de 60 ans avaient souscrit à un contrat de ce type, selon la fédération française de l'assurance. Mais là encore, dans des conditions à la clarté discutable.

 

C. C.

 

Source(s) : Nouvelobs.com via Contributeur anonyme

 

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