Législatives : le PS laisse le Front de gauche de côté

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Tout de suite, « le bruit et la fureur, le tumulte et le fracas » ont moins d’allure…

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Christophe Borgel

En vert et contre rouge. À l'issue d'une semaine de négociations poussives et vaines, le PS et le Front de gauche n'ont finalement pas abouti à un accord électoral pour les prochaines élections législatives (10 et 17 juin prochains). Alors que le dépôt des candidatures s'est clôt ce vendredi soir, les socialistes emmeneront donc une coalition correspondant au périmètre du gouvernement, avec les écologistes comme partenaires privilégiés, ainsi que les radicaux de gauche et les chevènementistes.

Les discussions, entamées peu après le second tour de la présidentielle, portaient sur les circonscriptions où la gauche risquait d'être éliminée au premier tour des législatives, par le FN et l'UMP, mais où, unie, elle avait une petite chance de l'emporter en cas de triangulaire au second. Un chiffre d'abord évalué à une soixantaine de circonscriptions, puis à une cinquantaine... Et finalement, les débats n'ont porté plus que sur une trentaine de sièges potentiels. Christophe Borgel, secrétaire national aux élections du PS, résume la situation de son point de vue : « On a rapidement vu qu'on n'arriverait pas à progresser sur la cinquantaine, alors on a essayé de discuter d'accords locaux dans certains endroits. Mais ce qui était possible le 7 mai l'était de moins en moins, au fur et à mesure que se déposaient les candidatures ».

Sur les 29 circonscriptions restantes, « 9 auraient été attribuées au Front de Gauche, 8 à EELV, 11 au PS et une pour le parti radical de gauche », explique à l'AFP la secrétaire nationale du PCF aux élections, Lydie Benoît. « On se retirait dans 13 circonscriptions sur 29, donc c'était un beau geste », a-t-elle ajouté. Or « le PS a trouvé que c'était insuffisant au total, car il voulait négocier sur davantage de circonscriptions ».

En échange de ce deal, le seul parti communiste aurait pu obtenir six circonscriptions gagnables, tandis que la revendication du Parti de gauche d'en obtenir une en compensation est toujours restée lettre morte. « Ils n'ont fait que des demandes insensées, réclamant tour à tour la circonscription de Malek Boutih, puis celle de Roger-Gérard Schwartzenberg, ou celle de Kader Arif », soupire Christophe Borgel.

« Dans la répartition au sein du FG, il n'y avait pas d'accord entre le PCF et le PG », a aussi reconnu Lydie Benoît. « On n'était pas chien quand même ! » peste-t-on au siège du PCF, où on était prêt à toper. « On se disait que ça valait mieux que rien. Mais tout ça a achoppé sur une connerie de signature », explique un dirigeant communiste. Pour conclure l'accord, le PS a ainsi demandé qu'il soit intitulé « PS-Front de gauche ». Le PCF, qui a négocié en parallèle du Parti de gauche, avec qui les discussions ne sont jamais allées bien loin, proposait de son côté la dénomination suivante : « accord PS/PCF-Front de gauche. » Refus socialiste. « On a toujours dit au PCF qu'on souhaitait un accord avec le Front de gauche. On nous a dit au début que le PCF engagerait le Front de gauche. Et puis finalement non », dit Borgel. « En gros, si on signait, le Front de gauche éclatait », décrypte un cadre communiste.

« Les socialistes ont voulu la jouer finement, en se disant que le PCF cèderait et que Mélenchon resterait tout seul, dit Eric Coquerel, secrétaire national aux relations extérieures. Ils auraient aimé refermer la parenthèse et effacer cette gauche qui a fait 11 % à la présidentielle avec un programme vraiment de gauche ». S'il regrette que « les négociations aient eu lieu séparément », il se félicite toutefois de la résistance du PCF, « qui avait objectivement intérêt à cet accord ». Et il se lamente de l'attitude du PS, qui « a déjà oublié qu'il n'a pas battu Sarkozy tout seul, et que Hollande n'a pas bénéficié d'un vote d'adhésion majoritaire. Il se comporte dans cette affaire en étant obnubilé par l'idée d'être seul majoritaire à l'assemblée ».

« Le PS oublie que l'essentiel est d'avoir plus de députés de gauche que de droite à la fin », opine un cadre communiste. « En dehors du Front de gauche, tout le reste de la gauche, PS, Verts, MRC et PRG, sera réunie dans la cinquantaine de circonscriptions à risque FN, rétorque Christophe Borgel. Et même au-delà de ces endroits.» Si Coquerel admet que les institutions de la Ve République risquent bien de donner raison à la stratégie socialiste, il estime qu'elle « peut laisser des traces pour l'entre deux tours des législatives, quand viendra le moment du rassemblement », et qu'elle « rend compliqué le report de voix du Front de gauche vers le PS, qui n'est plus aussi automatique qu'avant ».

 

Source : Mediapart


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