Les banques ont détruit 20.000 emplois en sept ans (Challenges)

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La banque doit faire face aux taux très bas et la digitalisation du secteur qui continue à détruire de l'emploi. Une érosion lente mais constante qui pourrait néanmoins s’accélérer du fait du ralentissement attendu des départs naturels à la retraite des baby-boomers.

Les effectifs baissent dans les banques françaises, à l'image de la Société générale qui doit supprimer 700 emplois dans
l'Hexagone. Charles Platiau

Lentement mais sûrement, la banque détruit de l'emploi. Ce n'est pas un effondrement, mais une érosion qui se confirme et pourrait s'accélérer. Le secteur employait 383.000 personnes en 2011. Sept années plus tard, 20.000 de ces emplois ont été détruits, avec 362.800 salariés décomptés par la Fédération bancaire française (FBF), selon les données publiées ce 20 juin.

Pour l'ensemble de la profession, la baisse est limitée à 1% sur 2018, avec la perte de 3.100 emplois. Mais ce sont essentiellement les groupes mutualistes, comme le Crédit agricole et le Crédit Mutuel, qui permettent de limiter la chute, ces gros employeurs n'enregistrant que 0,6 % de baisse d'effectif. Les banques privées, elles, ont engagé des plans de restructurations sévères, comme la Société Générale, qui doit supprimer 750 emplois en France dans les prochains mois, dont 500 postes dans la banque de financement et d'investissement et 171 dans son activité de banque de détail et de services financiers internationaux.

Fin de l'effet baby-boom

La raison de ces coupes ? Les établissements bancaires doivent faire face simultanément à des taux bas, qui ne leur permettent plus de se rémunérer sur les dépôts, à la digitalisation qui vide leurs agences, a des soubresauts sur les marchés financiers et à une réglementation imposante qui immobilise une partie de leurs capitaux. Leur rentabilité est donc à la peine, ce que ne manquent pas de relever les investisseurs. " La pression des actionnaires est terrible ", relève un grand banquier de la place. Le cours de Bourse de la Société Générale a ainsi perdu un tiers de sa valeur en un an.

La tendance à la baisse des emplois a toute raison de se confirmer dans les prochaines années. Selon Marie-Anne Barbat-Layani, directrice générale de la FBF, les départs massifs à la retraite des baby-boomers devraient s’émousser « d’ici deux ou trois ans ». Or ce sont ces nombreux départs naturels (plus de 10.000 en 2018) qui jouent le rôle d’amortisseur. Ils permettent même, paradoxalement, au secteur de se montrer très actif en termes de recrutements, avec plus de 42.300 embauches enregistrées l’an dernier pour remplacer une partie de ces jeunes retraités.

A fond la formation

Que se passera-t-il lorsque l’effet démographique se sera épuisé ? « Il n’y a pas d’alerte rouge, estime Marie-Anne Barbat-Layani. La banque ne sera pas la sidérurgie de demain. » Le patronat bancaire planche sur la montée en qualification des salariés. Objectif : vendre davantage de services à valeur ajoutée et faire monter en gamme les emplois des guichetiers et des conseillers de base, menacés par les machines dopées à l’intelligence artificielle. Le secteur mobilise 4,4% de la masse salariale à la formation, contre 2,7% en moyenne pour les entreprises françaises. « C’est un travail de tous les instants, épuisant, relève un grand banquier. Et bien malin serait celui qui jurerait que cela permettra demain aux banques d’échapper à des plans de départs contraints. » Du jamais vu dans le secteur.

 

Source : Challenges.fr

 

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