Les habitants de Syrte piégés sous les bombardements de l'OTAN et l'offensive rebelle

Les civils qui fuient Bani Walid et Syrte affirment que ces deux villes libyennes - qui repoussent les forces anti-kadhafistes - se transforment en piège. Les témoins disent aussi que les civils sont sans nourriture et sans soins médicaux.

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Bombardements sans discrimination par l’OTAN et le CNT, et catastrophe humanitaire
sont le lot des habitants de Syrte et Bani Walid - Photo : Reuters

Syrte est sous les bombardements au hasard des forces du CNT [Conseil National de Transition], selon une femme qui a demandé a être citée sous le nom de Selma. Il y a juste un jour, Selma a fui Bani Walid, un des derniers bastions pro-Kadhafi qui lutte contre les attaques des forces rebelles. Elle dit qu'une simple déclaration de loyauté envers le colonel Mouammar Kadhafi peut vous coûter votre vie.

« Deux types faisant partie des rebelles ont attaqué le domicile d'un colonel », raconte Selma par téléphone à partir de Tripoli. « Cet homme - un colonel - a travaillé avec les forces libyennes. Ils ont attaqué sa maison et ils l'ont abattu devant les yeux de ses fils, juste parce qu'il soutenait le colonel Kadhafi. Ils font exploser toute maison qui a un drapeau [kadhafiste] vert. »

« Il y a une tragédie à Bani Walid : le peuple souffre, il n'y a pas de nourriture, il n'y a pas d'eau », a-t-elle ajouté. « À Syrte, il y a une autre tragédie. En fait, ils attaquent la ville au hasard. Ils disent, 'Nous ne pouvons entrer dans Syrte car il y a des civils et nous ne voulons pas attaquer les civils'. Ce n'est pas vrai, ils attaquent, bombardent les civils au hasard. Ils ne se soucient pas d'eux, tout ce qu'ils veulent, c'est que Syrte soit 'libérée'. »

Un autre témoin oculaire venu de Bani Walid, qui a demandé à être identifié seulement comme Ransi, s'est échappé à Tripoli il y a trois jours. L'homme dit que l'OTAN a bombardé la ville sans discernement.

« C'est très dangereux », a déclaré par téléphone Ransi. « L'OTAN n'a pas cessé de bombarder la zone. Au début, ils ont bombardé seulement les objectifs militaires, mais maintenant ils ne choisissent plus entre militaires et civils. Les gens souffrent du manque de nourriture et d'eau ... Quand je suis parti, l'eau commençait à revenir, mais la nourriture était toujours manquante. Il y a trop de gens qui ont été tués. Ils ne se soucient pas des civils. »

Des milliers de civils pris au piège à Syrte

Pendant ce temps, un autre bastion kadhafiste, Syrte, la ville natale du souverain déchu, est sous le feu des forces du CNT. L'accalmie de deux jours dans les combats convenue par les belligérants était censé donner aux civils le temps de quitter la ville assiégée.

Des centaines de civils ont réussi à quitter la zone, qualifiée de zone de catastrophe humanitaire, mais les rapports indiquent que des milliers de civils restent piégés à l'intérieur, car ils ont trop peur de quitter leurs maisons.

« Il n'y a pas de nourriture, ni d'eau, ni d'électricité. Certains sont bloqués car il n'y a pas de carburant, d'autres sont pris au piège à cause de la milice », a déclaré un témoin à Reuters. « Les gens qui sont coincés à l'intérieur sont en danger. Il y a des bombardements au hasard, partout. »

La mission de la Croix-Rouge a été contrainte de quitter la ville natale de Kadhafi avec les réfugiés qui s'enfuyaient après passé moins de 48 heures à l'intérieur. Un convoi de la Croix-Rouge qui tentait de livrer des fournitures d'aide à Syrte ce lundi, a dû rebrousser chemin à cause des forces du CNT qui ont repris leurs bombardements.

Les forces anti-Kadhafi ont utilisé l'artillerie pour tenter de briser la résistance opiniâtre de leurs adversaires qui occupent la ville, où selon les rebelles, se trouverait Mutassim, un des fils de Kadhafi.

Dans leur avance lundi, les troupes du CNT ont pénétré dans le quartier Bouhadi dans Syrte, un bastion de la tribu Kadhafi, où de nombreux résidents rejettent le nouveau gouvernement. Les troupes du CNT ont trouvé les maisons vidées de leurs habitants et de très nombreux drapeaux verts kadhafistes sur la plupart des bâtiments. Le correspondant de Reuters sur place a rapporté que des combattants CNT pillaient les maisons abandonnées.

L'auteur et journaliste Afshin Rattansi a déclaré à Russia Today que l'image actuelle de la Libye est inquiétante, et qu'il n'est pas question de l'avenir du pays et de son peuple, mais uniquement de pétrole.

« Je pense que certaines personnes ont déjà leurs yeux posés sur le maximum de profit », a-t-il dit. « Bien sûr, le pétrole de la Libye - et certainement comme Jalil et Jibril, ces deux personnages du CNT, disent déjà qu'ils ont l'intention de passer à la privatisation - est vraiment la question qui domine tout. Ce qui est important ici, c'est le pétrole, et où les contrats pétroliers iront. »

Source : Sott

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