Les raisons du malaise de la jeunesse japonaise

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Et s'ils étaient tout simplement réalistes ? (Informations complémentaires)

L’humeur des jeunes japonais est spleenéique face à une société vieillissante - REA

Un rapport fait grand bruit en dénonçant la « froideur » de la société japonaise à l’égard des jeunes

Depuis 2012, plus de culottes pour l'incontinence que de couches pour bébés sont vendues chaque année au Japon. Le problème démographique du pays - son vieillissement rapide - est connu depuis longtemps, mais l'Etat, hors de maladroites injonctions natalistes, ne s'est guère soucié de ses conséquences sur la jeunesse.

Dans ce contexte, le rapport rédigé par de jeunes technocrates du ministère japonais de l'économie (METI), et intitulé « Des individus anxieux et l'Etat pétrifié », détonne. Il montre, avec vigueur, la dégradation des possibilités offertes à la jeunesse actuelle par rapport à leurs parents ou grand-parents, notamment la difficulté de trouver un emploi stable permettant de vivre en autonomie.

Impératifs incompatibles

Les jeunes japonais, estime le rapport, sont pris entre les injonctions inconciliables émises par la société vieillissante. La réussite professionnelle est un impératif, mais pour les femmes, elle est totalement incompatible avec le devoir - promu par les discours natalistes - d'avoir un enfant. D'autant que les relations hommes-femmes sont plus anémiques que jamais, prises entre des normes encore très rigides, notamment celle du mariage, et l'impensé du désir. 45 % des femmes de 16 à 24 ans déclarent ne pas être intéressées ou mépriser les relations sexuelles, selon une étude du planning familial japonais.

Le vieux modèle de l'ère Showa (1926-1989) avec un mari salarié, faisant toute sa carrière dans une même entreprise, et une femme au foyer qui s'occupe des enfants est donc devenu à la fois inaccessible du fait des difficultés économiques et indésirable. Et l'Etat par son sous-investissement dans la jeunesse ne permet pas d'en penser un nouveau. Seulement 2 % du PIB sont consacrés aux programmes familiaux contre 10 % pour ceux destinés aux personnes âgées. Le rapport appelle en conséquence à un véritable investissement dans la jeunesse.

Le rapport Beveridge, en 1942, fut un immense best-seller en Angleterre, en dénonçant les cinq « Giant Evils » (la maladie, le chômage, la misère, l'ignorance et le besoin) frappant la société anglaise et en appelant à la formation d'un Etat providence. A sa manière, « le rapport est devenu viral sur les réseaux sociaux », raconte le quotidien « Asahi ». Plus d'un million de personnes l'ont téléchargé depuis sa parution. Ce succès témoigne du désir de changement de la jeunesse japonaise.

Mais si la société britannique, au sortir de la guerre, mit en place à la suite du rapport Beveridge le « welfare state », c'est que bouleversée par le conflit, elle était prête à fonder un nouveau contrat social. On peut douter qu'il en soit de même dans un pays où une personne sur quatre a plus de 60 ans.

N.K.


Source(s) : Les Echos.fr via Contributeur anonyme

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