C'est un courrier qu'on vous avait passé dans la Revue de Presse mais j'ai quelques indices qui me disent qu'il est opportun de le publier en pleine page.
Parties suivantes de l'interview
Témoignage lu sur le blog de Pierre Jovanovic (d’un lecteur) :
« Juste pour vous raconter comment je vis cette crise depuis cette crise économique qui a commencé en 2008. On parlait de crise des subprimes à l’époque, et de grandes conséquences mais de mon côté, tout se passait bien (surtout on nous disait que c’était une crise américaine). Métro, boulot, dodo (même si je ne suis pas à Paris ni en banlieue parisienne).
La crise a réellement commencé à se faire ressentir en 2012. Enfin je dirais plutôt les prémisses, car c’est sur la consommation et surtout le chômage qu’on sentait que quelque chose se déréglait.
Lorsqu’on travaille, on ne perçoit pas les choses de la même façon car en fait on n’a pas le temps, et surtout l’envie, après une journée de travail de regarder et prendre le temps. En fait c’est même plus pervers car on ne s’en rend véritablement compte que quand le chômage frappe.
Bien sûr qu’on entend parler de chômage de masse, mais on travaille, réconforté par l’encadrement qui parle de perspectives, bref, tout va bien, mais chez le concurrent ça trinque… (je me suis même vu en train de me dire qu’on nous racontait des sornettes sur cette crise, car pour moi tout allait bien, et surtout rien ne se déréglait, malgré cette crise, ce qui, ma foi, était bon signe). J’avais découvert votre blog voici un bon moment, tout comme Sannat ou Delamarche, mais lorsque je travaillais, je n’arrivais pas à voir les problèmes comme indiqués plus haut. Je les recevais, mais pour moi ils seraient pour plus tard, puisque je ne voyais pas les problèmes concrètement.
Et puis, la cassure, le gouffre béant de l’annonce du licenciement. Là tout devient différent !
Cela commence par des petites choses, des chariots passants à la caisse de moins en moins remplis, des taxes qui augmentent, des voisins qui aussi perdent leur emploi ou qui ont des changements d’horaires, des empilements de stocks qui, trop en excédent, débordent dans les sociétés voisines.
On a plus de temps avec Internet et on commence à voir les prémisses d’une réalité qui dépasse l’imagination voire l’entendement. Je commence à en parler autour de moi et là je rencontre le même type de personne que celle que j’étais avant voire pire ! Des discours comme : « Tu sais à partir du moment où j’ai mon salaire… », qui m’ont clairement montré la cassure même au sein du peuple français et la mauvaise augure de la guerre civile à venir…
J’ai entendu une personne, un ancien militaire des « FS » me dire ces mots: « Tu sais quand tu es dans un pays qui est en guerre civile, il y a des signes, tu le sens, tu le vois… Je ne veux pas te faire peur mais je vois certains de ces signes ici en France, sois juste prêt. »
Les discussions entre voisins se font plus rares, leur problème rejaillissent de temps en temps suite à des suicides, perte d’emploi, burn-out… Mais la communauté a disparu ! L’année 2014 a été la pire des années vécues. Je n’ai jamais vu autant de suicides et de divorces ! La ligne SNCF a un moment était bloquée plusieurs fois dans la semaine ! « Accident de personne » ils disent pour impersonnaliser cette mort violente et désespérée.
Le dernier problème est intervenu voici peu. Je me suis penché sur ma banque et oooooooh… des petits changements, qui ne se voient pas de prime abord (changement de carte, on passe sous Visa, bon d’accord, pas de quoi fouetter un chat…), mais qui restreint les sorties d’argent (de 7.000 euros par mois on est passé à 3.000 par mois, en y incluant toutes les dépenses mensuelles !). Après on doit attendre non pas le début du mois mais « la date du premier prélèvement du mois » pour faire repartir la carte ! (mais comme les gens font plus attention ça ne se voit pas…).
Deuxième point : les virements… Aaaah les virements ! On a déjà fait des virements. C’est assez simple, on va sur internet, on entre le nom de la personne, ses information bancaires et hop, le tour est joué après avoir mis la somme… Mais là, la perversité a atteint un point de haute sophistication ! En premier, on a mis le nom et validé. Tiens un message » en attente de validation »… Coup de téléphone et là on m’annonce : « il y a eu trop de vols, donc maintenant il y a une attente de 48 heures avant que le contact ne soit enregistré ». Sauf que ce contact est une banque et non pas une personne ! J’ai comme une puce à l’oreille, serait-ce pour faire perdre du temps ? Fort probable… La surprise ne s’arrête pas là. On fait un virement et re-message : « Dépassement de la somme, celle-ci ne peut-être que de 3.000 euro par jour maximum » et bien sûr avec un délai d’attente avant versement… Réaction immédiate : « Ca y est c’est le bouillon, il faut tout enlever ! »… Là il s’agit bien de bloquer toutes les sorties d’argent ! Si jamais la situation empire ça sera pire pour le sortir voire impossible et laissera tout le temps aux banques pour bloquer le processus !
D’esprit bouillonnant par habitude, je me suis vu du jour au lendemain d’une patience infinie pour ce retrait et mon opération s’est poétiquement appelé « Pillage de mon compte ». Je me suis même vu, avec une pointe de perfidie dans mon esprit, en imaginant la tête du banquier regardant le décompte inéluctable… C’est mon petit plaisir quotidien ! Bref, tous les jours j’enlève de mon compte l’argent pour le mettre en sécurité !
Je dois admettre que j’ai eu tort, le tort de croire que j’avais encore un peu de temps… Il n’y en a plus ! « Le chômage a du bon, il m’a rendu moins c**! »
La suite des événements ? Un minimum de liens, un compte au mini tout le temps… «
Blog de P. Jovanovic, le 8 décembre 2014
Source : Olivierdemeulenaere.wordpress.com
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