L'islam en France, débat piège pour la majorité

Les choses semblent se préciser pour « la firme ». En tout cas ce n’est pas cette nouvelle composition « proche du peuple » et de ses inspirations qui, je pense, attirera les sympathies. Je noterai ce matin que  «le meilleur d’entre nous» a les mêmes réserves que moi, ainsi que François Fillon sur la récente orientation de la politique du pays. Mais il semble que cela ne heurte personne. Je pense donc, comme nous l'apprend Pierre Jovanovic dans son émission Radio, que d’après les sondages Internet direct qui donnent Marine Le Pen en tête au premier tour avec 60 %, le pays va au-devant d’une sacrée surprise, mais il restera préalablement ménagé par nos  patrons d’agences de sondages soixante-huitard confortablement rémunérés. Tombez les oeillères et louchez du côté de l'... ou Nicolas Dupont-Aignant selon vos Affinités ; )

PARIS (Reuters) - Le débat sur l'islam en France voulu par Nicolas Sarkozy n'a pas encore véritablement commencé qu'il a déjà réussi le tour de force d'irriter l'opposition, de diviser la majorité et de réjouir le Front national.

Cette question fertile en pièges a valeur de test pour la majorité alors que s'amorce la campagne pour la présidentielle de 2012, dans laquelle le positionnement sur les thèmes de prédilection de l'extrême droite jouera un rôle central.

Pour le chef de l'Etat, il s'agit de répondre à ce qu'il considère comme une préoccupation majeure des Français et de contrer la menace représentée par la nouvelle présidente du FN, Marine Le Pen, créditée dans de récents sondages d'intentions de vote allant jusqu'à 20% au premier tour en 2012.

Nicolas Sarkozy a lancé la machine lors de son intervention télévisée du 10 février, dans laquelle il a dit vouloir un "islam de France" et non un "islam en France".

"Il y a un décalage croissant entre les médias et les préoccupations des Français", a-t-il précisé quelques jours plus tard en recevant des députés UMP. "Les racistes d'hier sont devenus les populistes d'aujourd'hui. Notre formation politique puis le Parlement doivent s'occuper de ces sujets."

La formation majoritaire et son nouveau patron Jean-François Copé, qui a reçu la bénédiction du président pour brandir les sujets qui fâchent, sont donc chargés du premier acte, sous la forme d'une convention sur la laïcité et la place de l'islam en France programmée le 5 avril.

L'UMP n'attendra pas cette date pour créer la polémique puisque le parti organise mercredi prochain un débat sur le thème de la liberté de penser et n'a pas hésité à y inviter le chroniqueur Eric Zemmour, récemment condamné pour provocation à la haine raciale et à la discrimination.

DÉBATTRE DE TOUT

Thierry Mariani, secrétaire d'Etat aux Transports et membre de l'UMP, avait fait part dans un communiqué de sa "consternation" après la condamnation du journaliste.

Le message est clair: l'UMP a le droit de débattre de tout, y compris du fondamentalisme musulman et des prières de rue, deux sujets nommément mentionnés par Thierry Mariani.

Ce débat sur l'islam, comme celui, naguère, sur l'identité nationale, comporte cependant des risques de dérapage, reconnaissent des personnalités de premier plan de l'UMP comme le nouveau ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé.

"C'est une question que se posent les Français mais si ce débat n'est pas maîtrisé et encadré, il peut déraper parce qu'il y a ici ou là, dans certains secteurs de la société française, un sentiment d'islamophobie et de rejet de l'étranger qui est manifestement exploité par le Front national", a mis en garde ce dernier, alors qu'il était encore ministre de la Défense.

L'ancien ministre UMP Patrick Devedjian qualifie quant à lui le débat de "dangereux" et estime qu'il ouvre la porte " à tous les malentendus et à toutes les passions".

Pour la gauche, l'UMP, tout du moins sa composante la plus à droite, chasse désormais ouvertement sur les terres de l'extrême droite et en reprend le discours.

"La droite a fait sauter les digues avec la polémique sur les Roms cet été", analyse François Kalfon, chargé des études d'opinion au Parti socialiste. "Il n'y a plus d'interdit moral entre un Front national 'new look' et une UMP dure".

FILLON EN ARBITRE

Marine Le Pen, elle, se frotte les mains devant la nouvelle stratégie encouragée par le chef de l'Etat.

"Un petit effort encore (...) un petit débat, un petit bla-bla sur l'islam, la laïcité, et je pense effectivement que nous pourrons terminer la présidentielle à 25%", a-t-elle dit.

Lorsque la majorité a besoin d'un arbitre, elle se tourne généralement vers François Fillon.

"Je veillerai à la place qui est la mienne à faire en sorte que ce débat ne dérive pas", a promis lundi le Premier ministre sur RTL. "Ce n'est certainement pas un débat sur l'islam, c'est un débat sur le concept de laïcité".

A en croire les spécialiste de l'opinion, Nicolas Sarkozy a raison sur un point : la deuxième religion de France et les pratiques qui y sont liées sont bien un sujet de préoccupation.

"On s'aperçoit, tant dans nos études que sur le terrain, qu'il y a une appréhension croissante dans l'opinion sur les symboles de la pratique musulmane", explique Jérôme Fourquet, de l'institut Ifop.

Le débat, initié par Marine Le Pen elle-même avec ses propos controversés traçant un parallèle entre les prières de rue des musulmans et l'Occupation, serait donc légitime.

Le conduire sans nuances risque cependant, sinon de favoriser la montée d'une extrême droite dont le discours sur ces questions peut apparaître plus lisible, au moins d'élargir l'une des lignes de fractures au sein de la majorité.

Avec Laure Bretton et Nick Vinocur, édité par Yves Clarisse

Source : Le Point

Informations complémentaires :

AFP : Le débat sur l'islam suscite de nouvelles réserves à droite
Le Figaro : François Fillon se méfie du débat sur l'islam
Les Echos : Sarkozy réorganise son équipe à l'Elysée dans la précipitation


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