Vatileaks 2 : deux livres révèlent des frasques financières au Vatican

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Francesca Chaouqui, le 15 janvier 2014, au Vatican ( AFP/Archives / UMBERTO PIZZI )

Deux livres à paraître prochainement révèlent des frasques financières derrière les murs épais du Vatican, où, selon leurs auteurs, une partie par exemple de dons faits aux pauvres financent en réalité les dépenses somptuaires de certains cardinaux.

Ces révélations, distillées mardi par la presse italienne, interviennent après l'arrestation ce week-end d'un prélat espagnol, Mgr Lucio Angel Vallejo Balda, et d'une laïque italienne Francesca Chaouqui, accusés d’avoir divulgué des documents économiques du petit Etat. Mme Chaouqui a été remise en liberté, mais à nouveau interrogée mardi.

Les livres "Avarice" d’Emiliano Fittipaldi, de l’hebdomadaire L’Espresso de gauche, et "Via crucis" de Gianluigi Nuzzi, du groupe télévisé Mediaset de la famille Berlusconi, seront en librairie le 5 novembre.

Ils rapportent que les dons reçus par le Saint-Siège à l’intention des plus pauvres ne sont pas tous destinés à des œuvres de bienfaisance. Selon Emiliano Fittipaldi, 400 millions d’euros auraient été ainsi détournés de la caisse du "Denier de Saint-Pierre" pour les besoins de la Curie.

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Monseigneur Lucio Angel Vallejo Balda, le 15 janvier 2014, au Vatican ( AFP/Archives / UMBERTO PIZZI )

L'auteur prend en exemple quelque 200.000 euros détournés d'une fondation dépendant de l'hôpital catholique Bambino Gesu (l'enfant Jésus) pour financer la rénovation de l'appartement du cardinal Tarcisio Bertone, ex-numéro deux du Vatican. Ce luxueux appartement de 700 m2 est nettement plus modeste que celui qu'occupe le pape François à la résidence Sainte-Marthe.

Le journaliste italien affirme aussi que ce même cardinal a utilisé les services d'un hélicoptère pour se rendre en Basilicate (sud de l'Italie) dans le cadre d'une opération de "marketing" pour le compte de cette fondation. Coût de ce vol, selon Emiliano Fittipaldi : 23.800 euros.

- 'Appartements de 500 m2' -

Et des cardinaux "continuent à vivre dans des appartements de 500 m2", ajoute de son côté Gianluigi Nuzzi.

Ce dernier, qui fut aussi impliqué lors de la précédente fuite de documents à la fin du pontificat de Benoît XVI, fait état "de pertes dues à des différences d’inventaire", avec des “trous“ de 700.000 euros au supermarché du Vatican et de 300.000 euros à la pharmacie vaticane.

Selon ce journaliste, le pape aurait présidé une réunion à huis clos en 2013, déplorant que "les frais soient hors de contrôle", relevant une augmentation de 30% du nombre des employés en cinq ans.

Sans mentionner Mgr Vallejo Balda et Mme Chaouqui, Gianluigi Nuzzi affirme que "ses sources" ont souhaité "aider le pape", en publiant des documents auxquels ils avaient pleinement droit d’accès dans la Commission d'experts économiques où ils travaillaient.

Cela "n'est absolument pas une façon d’aider la mission du pape", avertissait lundi le Vatican dans un communiqué, en parlant de "grave trahison de sa confiance".

Les raisons ayant poussé les deux "corbeaux" supposés, Mgr Vallejo et Mme Chaouqui, à divulguer ces informations font l'objet de plusieurs interprétations.

Pour certains, c'est la volonté d'aider le pape qui prédomine, en révélant ainsi les frasques de cardinaux italiens, volontiers associés à l'ancien Vatican que Jorge Bergoglio veut voir disparaître. Mais pour d'autres, c'est aussi l'esprit de vengeance, particulièrement en ce qui concerne Mgr Vallejo, un moment pressenti pour un poste de responsabilité dans les institutions financières.

"Je comprends bien que le Vatican se montre préoccupé. (...) Une telle enquête peut alarmer parce qu'elle révèle la distance entre le positionnement pour les pauvres du pape et le fonctionnement réel de la machine vaticane. L'Eglise n'est nullement pauvre", a estimé M. Fittipaldi.

Devant des journalistes l'auteur d'"Avarice" a dénoncé mardi "la chimère d'un renouveau de l'IOR" (banque du Vatican) et la "nomination erronée" du cardinal australien George Pell à la tête du nouveau secrétariat à l'Economie. Il a aussi dénoncé un système de "tarification" pour permettre que des personnes accèdent à la sainteté.

"La réforme est très lente, François n'a pas tout résolu en un an." Et Jorge Bergoglio "n'est pas le protagoniste de ce livre", a-t-il souligné.

 

Source : Boursorama.com avec Afp

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