Individualisme, rejet de l'autorité... Enquête sur la génération « J’ai le droit »

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A vous de leur expliquer que s'ils ont des droits, ils ont aussi des devoirs.

Generation Jai Le Droit 17 01 2018
Les jeunes générations ont grandi avec les réseaux sociaux, qui favorisent l'individualisme.GETTY IMAGES

L'intérêt général, connais plus ! Une prof jette un pavé dans la mare en fustigeant la génération « j’ai le droit ». Des jeunes, mais aussi des adultes pour qui le « je » prime sur tout.

C’est une phrase courte, qui se passe rarement d’un point d’exclamation. Comme une petite explosion sémantique qu’on entend partout et qu’on prononce soi-même souvent : « J’ai le droit ! » Le droit de parler en classe, le droit de bloquer son lycée, le droit au wi-fi et à la déconnexion, le droit de maltraiter l’orthographe, le droit de payer moins cher, celui de revendiquer sa singularité, religieuse ou identitaire, et même, désormais, le droit à l’erreur administrative

« Après tout, nous sommes dans un Etat de droit, comme le répètent très souvent les politiques », sourit la sociologue et directrice de recherches au CNRS Monique Dagnaud.

La fin des piédestaux ?

Mais cet état de fait serait-il aussi devenu le trait le plus saillant de la société d’aujourd’hui ? « Nous sommes dans la glorification des identités particulières, dans un individualisme forcené », assène Barbara Lefebvre, enseignante et polémiste, auteur d’un pavé dans cette mare du « je » : « Génération : J’ai le droit », à paraître jeudi (1). Cette prof d’histoire-géographie dénonce chez ses élèves mais aussi chez leurs parents « une suspicion » à l’égard de l’autorité et des savoirs, comme si le règne du moi revendiqué sur les réseaux sociaux rendait tout le reste relatif. Au feu, les estrades et piédestaux sur lesquels trônaient autrefois le maître, le juge, le politique, les parents ?

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« L’individualisme est un trait fort de nos sociétés contemporaines, et c’est vrai qu’il dilue le sentiment d’appartenance collective, abonde Monique Dagnaud (2). Nous avons pour de bon quitté la société patriarcale : un cadre existe toujours dans la famille mais il est négocié et la parole de l’enfant est prise en compte. Pas étonnant, dans ce contexte, que des jeunes s’élèvent avec l’argument j’ai le droit. »

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S’il constate aussi « une montée générale des revendications identitaires et des attitudes protestataires », le sociologue de la jeunesse Olivier Galland (3) nuance : « Le rejet de l’autorité n’est pas généralisé chez les jeunes, il est en fait très différent selon le milieu social ou le niveau de diplôme. Mais il est vrai aussi que la reconnaissance de l’individu dans ce qu’il a de particulier est un thème très fort dans la jeunesse. » Une jeunesse pour laquelle les notions de respect et d’humiliation sont, relève le spécialiste, parmi les plus importantes qui soient.

1. « Génération : J’ai le droit », de Barbara Lefebvre, Ed. Albin Michel, 240 p, 18 €.

2. « Le Modèle californien.Comment l’esprit collaboratif change le monde », de Monique Dagnaud, Ed. Odile Jacob, 2016.

3. « Sociologie de la jeunesse », d’Olivier Galland, Ed. Armand Collin, 2017.

 

Source(s) : Le Parisien.fr via Contributeur anonyme

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