Manning, condamné à 35 ans de prison, ne devrait en faire que 8...

Tout ça pour avoir dit la vérité...

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Le soldat Bradley Manning, poursuivi par l’administration américaine pour avoir transmis 700.000 documents de l’armée au site Wikileaks, vient d’être condamné à une peine de 35 années de prison ferme.

Bien qu’il n’ait finalement pas été accusé d’avoir collaboré avec l’ennemi, vingt charges avaient été retenues contre lui fin juillet, portant la peine potentielle à 136 années de prison. Les témoins des deux parties ont défilé pendant trois semaines devant la juge Denise Lind pour définir la peine appropriée à chaque charge.

« En liberté conditionnelle à 33 ou 34 ans »

Lundi, le procureur avait finalement requis une peine de 60 ans contre l’analyste ainsi qu’une amende de 80 000 euros, une condamnation voulue exemplaire :

« Il a trahi les Etats-Unis, et pour cette traîtrise, il mérite de passer la majorité du reste de sa vie derrière les barreaux. »

Ce ne seront finalement « que » 35 années, et même moins si l’on en croit le colonel Morris Davis, ancien procureur des détenus de Guantanamo avant sa démission en 2007 et défenseur de Bradley Manning.

« Il tirera probablement encore huit ou neuf ans et sera mis en liberté conditionnelle à 33 ou 34 ans. »

 

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Peut-être moins avec un procès en appel

Les règlements 633-30 [PDF] et 190-47 [PDF] de l’armée fixent effectivement les conditions et calculs des remises de peines. En combinant différents « crédits » pour bonne conduite et participations à différentes tâches, la peine peut être divisée de plus de moitié.

A cela s’ajoute une remise de peine déjà octroyée par la juge de 1294 jours (près de quatre ans), correspondant au temps déjà passé en prison cumulé à un crédit supplémentaire correspondant à la période d’incarcération précédant le procès que la juge a considéré « plus rigoureuse que nécessaire » – période où le soldat a été soumis à différents traitements inhumains.

L’avocat de la défense David Coombs a d’ores et déjà convoqué une conférence de presse en début à 1h30 heure locale où il annoncera très probablement la saisine de la Cour d’appel. La procédure, qui peut finir devant la Cour suprême, peut durer des années. La peine ne peut, en revanche, qu’être allégée au cours de cette procédure.

Pour le Colonel Morris David :

« Le gouvernement aurait pu accepter le plaidoyer en culpabilité de Manning, avec une peine de vingt ans max et classer l’affaire. Il n’a rien gagné d’autre que cinq autres années de procédures d’appel. »

 

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Peine exemplaire ou victoire ?

Immédiatement après l’énoncé du verdict, l’ONG Amnesty International a demandé à Barack Obama l’amnistie pour le soldat :

« Plutôt que de se battre bec et ongles pour l’enfermer pendant des décennies, le gouvernement américain devraient se consacrer à investiguer et rendre justice pour les graves violations des droits de l’homme commis par ses fonctionnaires au nom de la lutte contre la terreur. »

Elizabeth Goitein, du Centre Brennan pour la justice a souligné le caractère inédit de la condamnation : « C’est plus de dix-sept fois la durée » du précédent record en la matière, a-t-elle calculé. La juge s’est alignée « sur les peines relatives à l’espionnage rémunéré par l’ennemi ».

L’organisation Wikileaks s’est quant à elle exprimée sur Twitter, d’abord en déclarant soutenir la demande d’Amnesty International, puis en louant ce qu’elle considère comme une « victoire stratégique ».

« C’est une victoire stratégique significative dans le cas Bradley Manning. Bradley Manning est maintenant éligible pour une libération dans moins de 9 ans ou 4,4 années selon un autre calcul. »

 

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Source : Rue89.com

Informations complémentaires :

 


Wikileaks publie la vidéo d'une bavure en Irak par LeNouvelObservateur

 


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