Manuel Valls, bloquez au plus vite le « grand marché transatlantique » !

Écoutez, comme je le disais à Mi en commentaire, moi ça me fait peur... Que l'on ait abandonné tout sens éthique à ce niveau-là pour faire la part belle aux marchés, sérieusement ça me fait flipper...

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Rue89 - Manuel Valls, bloquez au plus vite le « grand marché transatlantique » !

La gauche doit mettre fin à la négociation du TTIP (« Transatlantic Trade and Investment Partnership »), le traité visant à mettre en place un grand marché regroupant l’Union européenne et les Etats-Unis.

C’est une machine infernale qui risque de priver l’UE et ses Etats membres de leur liberté de conduire les politiques publiques comme ils l’entendent. Et qui ne peut que creuser un peu plus le fossé déjà béant entre les citoyens et l’UE.

Une Europe « libérale » mais protectrice

A force de répéter que l’Europe est « libérale », on oublie combien elle est règlementée quand il s’agit de protéger le consommateur.

Personne en Europe ne mange encore de bœuf aux hormones ou de produits OGM. Ce sont ces protections qui risquent d’être minées par l’accord en cours de négociation.

Autre danger : la mise en place d’une procédure des règlements des différends qui ferait la part belle aux grandes entreprises dans leurs conflits avec les Etats. Ceux-ci seraient à la merci de poursuites dès qu’ils tenteraient de protéger l’environnement ou la santé de leurs citoyens.

La Commission de Bruxelles a bien ouvert une consultation publique sur ce sujet, mais quand on lui demande ce qui se passera si la majorité des avis qu’elle recevra est hostile, elle répond : « Ce n’est pas un référendum. »

La France en situation de faiblesse

N’accablons pas trop pour autant la Commission : elle ne fait dans cette affaire que suivre le mandat que lui ont confié les pays européens.

La France, elle aussi, a poussé à la négociation avec les Etats-Unis, dans l’espoir hypothétique d’obtenir un jour quelques miettes supplémentaires de croissance. Elle part en position de faiblesse : elle déjà utilisée sa cartouche veto en exigeant que la culture et l’audiovisuel soient exclus du champ des négociations. Une victoire de Pyrrhus, puisqu’elle ne pourra plus exiger grand-chose d’autre.

Le président Hollande, qui a fait de l’entreprise l’alpha et l’oméga de sa stratégie économique et sociale, s’est jusque-là montré très sensible aux pressions des entreprises qui poussent à la libéralisation des échanges avec les Etats-Unis – dans le secteur du luxe, notamment. Lors de sa visite aux Etats-Unis, prenant conscience du risque de voir l’opinion publique finir par se cabrer, il a souhaité publiquement une accélération des discussions. Aller vite pour étouffer la critique qui monte...

Jospin, un bon exemple pour Valls

Faut-il attendre que la négociation soit quasi-bouclée pour ouvrir le débat ? Ce fut le scénario désastreux de la directive Bolkestein sur la libéralisation des services – le fameux « plombier polonais ». Le changement de gouvernement et l’approche des européennes fournissent une bonne occasion de conjurer ce syndrome, et d’exposer les questions extrêmement graves posées par ce projet de traité.

François Hollande, qui s’est entouré à l’Elysée de clones idéologiques, semble sourd à ces enjeux. Mais Manuel Valls, lui, pourrait avoir un peu plus de sens politique et les entendre. Il dispose d’un bon modèle, celui de Lionel Jospin. Lorsqu’il était à Matignon, ce dernier avait pris conscience que le projet d’accord multilatéral sur l’investissement (AMI), un traité de la même eau négocié dans la même ombre, était dangereux pour la souveraineté des Etats et la démocratie. Prenant ses responsabilités, il avait mis fin aux pourparlers, sans que les autres pays européens ne s’en plaignent particulièrement.

 

Source : Rue89.nouvelobs.com

Informations complémentaires :

 
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