Médias : les moutons de Panurge

Un excellent billet de Marianne qui ne s'exclut pas de la critique. Avec en plus, à la fin, un bonus étonnant sur l'étude Ogm de Gilles-Eric Séralini. Je suis désolé si je ne publie pas grand-chose, mais l'arrière-boutique du blog a besoin de ressourc., Comme je vous l'ai dit il y a un souci sur Rss factory, et il semblerait que cela dégénère sur tout le site. Et ceci depuis l'installation de sa mise à jour en 3.22 (qu'en plus j'ai dû payer), et qui devait justement résoudre les limitations inhérentes à ce nouvel hébergeur. Il n'est pas exclu que je sois obliger de faire roll back de backup, heureusement on en a un....

Amicalement

F.

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(Andres Kudacki/AP/SIPA)

Hollande, Ayrault, Montebourg, Peillon, Sarkozy, Europe, fiscalité, OGM, Syrie, football... Quel que soit le sujet, les grands médias font preuve d'un unanimisme à toute épreuve. Une nouvelle déclinaison de la pensée unique qui, parfois, vire à la désinformation.

«Tous ensemble, tous ensemble, ouais, ouais !» Bienvenue dans les tribunes du grand stade médiatique ! Comme les supporteurs de foot, les médias hurlent tous ensemble, critiquent, dénoncent et encensent d'une même voix. Bref, ils disent la même chose des mêmes événements au même moment. Ecoutons les radios, regardons les journaux télévisés, lisons les journaux - y compris Marianne : est-il question de l'action du gouvernement qu'invariablement, depuis des semaines, reviennent les mêmes mots, les mêmes expressions, le même champ lexical. «Couacs», «couacs», «couacs»... Comme s'il n'y avait pas d'autre grille de lecture.

Un ministre qui contredit un autre ministre : c'est un couac. Vincent Peillon qui ose livrer son sentiment sur la dépénalisation du cannabis : encore un couac. Bercy qui recule, à tort ou à raison, sur telle mesure fiscale : toujours un couac. Questions : dans quel pays tous les ministres sont-ils toujours d'accord entre eux, sinon dans un régime autoritaire ? Les fausses notes de ce gouvernement sont-elles vraiment plus fréquentes que dans les précédents ? Par définition, les moutons de Panurge du journalisme ne se posent pas ces questions.

Voici cinq ans, presque jour pour jour, l'orchestre médiatique encensait à l'unisson Nicolas Sarkozy. Une courtisanerie qui virait à l'embaumement. La nouvelle mode, dans les rangs serrés de la médiacratie, est à l'Hollande bashing, à l'anti-Ayrault ! Mais, au fond, le phénomène est identique. «Tous ensemble» pour dézinguer le nouveau pouvoir. Souvent à juste titre, reconnaissons-le. L'exécutif donne à l'évidence l'impression d'un grand foutoir. Mais pourquoi tous les médias le racontent-ils la même semaine avec les mêmes mots ? Pourquoi n'entend-on pas une seule voix discordante dans ce concert de critiques ? «Impôts : comment il va vous assommer» (l'Express), «On se réveille ?» (le Point), «Sont-ils si nuls ?» (le Nouvel Observateur), «Qu'est-ce qui cloche ?» (le Point). Tous d'accord, ou presque. François Hollande est indécis ; Jean-Marc Ayrault n'a aucune autorité ; Manuel Valls fait du Sarkozy ; Arnaud Montebourg est forcément ridicule en marinière made in France... Qu'importe si le ministre du Redressement productif cherche à contrecarrer les plans sociaux ; qu'importe s'il intervient auprès de PSA, de Sanofi ou d'ArcelorMittal ! Pour les médias, quasi unanimes, Montebourg mérite lazzis et quolibets.

>> Lire aussi : Les journalistes esclaves du buzz

Ce nouveau panurgisme médiatique n'est pas sans rappeler la fameuse «pensée unique» des années Balladur, puis Jospin, dans les années 90. Encore à cette époque y avait-il une pensée ! Mais là ? Définition d'un mouton de Panurge : «Personne qui imite sans se poser de questions, qui suit instinctivement ce que fait le plus grand nombre et se fond dans un mouvement collectif sans exercer son esprit critique.» Par extension, panurgisme : «Tendance à suivre en toutes circonstances les idées du milieu dans lequel on vit, du groupe auquel on appartient.» Dans l'œuvre de Rabelais, Panurge, le compagnon de Pantagruel, se querelle en mer avec un marchand répondant au doux nom de Dindenault. Pour se venger, il lui achète un de ses moutons qu'il jette aussitôt à la mer. Les bêlements de détresse de l'animal conduisent les autres moutons à sauter à l'eau. Même Dindenault, en s'accrochant au dernier d'entre eux, périt noyé.

Payons-nous Peillon ! Un cas d'école

L'histoire ne dit pas encore si le grégarisme médiatique conduira les journalistes à la noyade. Mais il y a fort à parier que ce suivisme caricatural ne rehaussera pas l'image déplorable que les Français se font des médias. La même semaine, tous les journaux se demandent si Hollande est vraiment à la hauteur de sa fonction. La semaine suivante, tous se demandent si Sarkozy va revenir. Puis, la semaine d'après, ils pronostiquent tous la fronde fiscale. «Tous ensemble, tous ensemble, ouais, ouais !»

Autre cas d'école, si l'on ose dire, le fameux «couac» de Vincent Peillon sur le cannabis : les médias ont unanimement cloué au pilori le ministre de l'Education. Vouloir ouvrir ce débat quand on est le ministre des écoliers, quel scandale ! Relancer la polémique sur la dépénalisation du cannabis quand François Hollande, lors de sa campagne présidentielle, a dit qu'il n'en était pas question, quel manque de discipline ! Ces commentaires, justes peut-être, défendables en tout cas, valaient-ils pour autant lynchage de M. Peillon - lynchage auquel le chef du gouvernement a lui-même fini par céder ? Même les médias favorables à la dépénalisation se sont payés Peillon ! Résultat ? Débat interdit sur le cannabis.

Mieux, quand Jean-François Copé, au nom de la morale, a osé réclamer la démission du ministre de l'Education, il ne s'est pas trouvé une télévision, une radio, un éditorialiste de renom pour rappeler à l'encore patron de l'UMP qu'il n'était pas le mieux placé pour brandir pareille vertu. Pas un pour lui rétorquer qu'il vaut mieux éviter de donner des leçons de morale politique quand soi-même on a posé, pour une photo, dans la piscine du sulfureux homme d'affaires Ziad Takieddine. Pas un pour lui rappeler que lui-même n'avait pas eu de mots assez durs pour dénoncer la campagne «indigne» orchestrée par les médias «de gauche» contre l'ancien trésorier de l'UMP et ex-ministre du Budget, Eric Woerth, à propos de son rôle dans l'affaire Bettencourt - campagne «fasciste», entendait-on alors dans les rangs de l'UMP ? La bourde de Peillon était-elle vraiment plus grave que le conflit d'intérêts dans lequel se trouvait assurément Eric Woerth ?

Des révélations qui sonnent faux

L'affaire Bettencourt, justement... Dans son édition du 13 octobre dernier, le Monde, sous la signature de Gérard Davet et Fabrice Lhomme, publie des extraits du procès-verbal de l'audition de l'ex-procureur de Nanterre, Philippe Courroye, par les juges bordelais chargés de l'affaire. Un PV où l'on découvre, grâce aux agendas saisis aux domiciles privé et professionnel de l'ancien chef de l'Etat lors d'une perquisition, le 3 juillet, que M. Courroye aurait été reçu par le président de la République, Nicolas Sarkozy, à huit reprises (!). Et ce, à des moments clés de l'affaire Bettencourt.

Certes, l'ancien procureur s'est insurgé contre les conclusions que les juges d'instruction ont cru devoir tirer de cette invraisemblable proximité politique. Il s'est même empressé de porter plainte contre le Monde pour violation du secret de l'instruction. Mais, par un tour de passe-passe médiatique, ce scoop a étrangement disparu dans les limbes. Les télévisions et radios ont préféré en faire des tonnes sur la conférence «à 100 000 dollars» que Nicolas Sarkozy donnait le 11 octobre à New York pour le compte d'une grande banque brésilienne.

En réalité, ces révélations du Monde, comme celles de Marianne sur les comptes de la campagne 2012 de Nicolas Sarkozy, sonnent faux à côté de l'harmonieuse partition que joue depuis plusieurs semaines le grand philharmonique médiatique. Sarkozy va-t-il revenir ? Peut-il revenir ? Y pense-t-il en ne se rasant plus le matin ?

La chronique de Daniel Schneidermann, publiée dans Libération le 22 octobre, est à cet égard éclairante. Au fond, écrit le déontologue patenté des médias, ceux qui parlent encore de Sarkozy, fût-ce pour révéler ses turpitudes passées, sont des drogués. Oublions-le ! Faisons comme s'il n'avait pas gouverné. Ne cherchons pas à dresser son vrai bilan. Qu'importe qu'il ait étouffé l'affaire Bettencourt et ses relents de fraude fiscale, de trafic d'influence et de financement illégal. Tout ça, c'est du passé. Daniel Schneidermann a d'ailleurs été exaucé : lorsqu'un sondage a fini par démontrer qu'une majorité de Français ne regrettait pas l'ancien chef de l'Etat, aucun média n'a cru bon d'en faire sa une. Ce qui n'est pas dans l'air du temps est étouffé...

Silence encore lorsque le Monde, toujours sous la plume de ses deux investigateurs, Gérard Davet et Fabrice Lhomme, a révélé par le menu les incroyables erreurs de la DCRI, le renseignement intérieur français, dans l'affaire Merah. Elles expliquent pourtant comment Mohamed Merah, fiché par la police, a pu commettre ses crimes odieux à Toulouse et à Montauban. Las, ce week-end-là, les médias audiovisuels ont préféré braquer leurs projecteurs sur cette jeune maman obligée d'accoucher sur l'autoroute A20 et qui perdit son enfant, un grand prématuré de 7 mois. L'occasion, une fois de plus, de «panurger». Les mêmes qui, hier, justifiaient la fermeture des petites maternités au nom des nécessaires économies budgétaires, ont dénoncé, des sanglots dans la voix, le scandale des déserts médicaux et l'insupportable inégalité des territoires face à la santé. En clair, si cet enfant est mort, c'est à cause de la fermeture de la maternité de Figeac (Lot) qui a obligé les parents à se rendre à Brive. Sauf que, enquête faite, la fermeture de la maternité de Figeac en 2009 n'est en rien responsable de ce drame. Il ne s'agit là que d'un fait divers, tragique sans aucun doute, mais qui, à l'évidence, ne méritait en rien l'hystérie médiatique qu'il a suscitée. La mère elle-même a d'ailleurs été la première à déplorer la politisation de ce drame et l'emballement des journalistes.

Libye, Syrie, Mali..., un seul son de cloche

On pourrait ainsi multiplier les exemples. Moutonniers, les médias français lorsque, d'une même voix, ils soutiennent le Géorgien Mikheïl Saakachvili. Perd-il les élections législatives qu'aucun ne se demande pourquoi les urnes ont sanctionné leur champion. Moutonniers encore, lorsqu'ils couvrent d'opprobre le président vénézuélien, Hugo Chavez, sans se demander pourquoi son peuple, à l'inverse, l'a réélu pour la troisième fois.

De même, à propos de la Libye : 90 % des médias, droite et gauche confondues, étaient favorables à l'intervention militaire initiée par Nicolas Sarkozy et Bernard-Henri Lévy. Pourquoi, compte tenu de la situation apocalyptique qui prévaut aujourd'hui dans le pays, aucun d'entre eux n'ouvre le débat ? Et si l'on avait eu tort ? Qu'est-ce qui n'a pas marché ? Où et quand s'est-on trompé ?

Même conformisme sur la Syrie. Une seule ligne officielle : d'un côté, les «gentils», les rebelles au régime ; de l'autre, les «méchants», fidèles au tyran sanguinaire Assad. Le bon vieux manichéisme habituel. Les liens entre certains rebelles et Al-Qaida ? Leurs accointances avec les islamistes ? Aucune importance. L'une des premières sources d'information de la presse, notamment sur le nombre de victimes, n'est autre que l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Le nom sonne bien, mais il s'agit en réalité d'un organisme lié à l'opposition, proche des Frères musulmans, comme l'explique l'universitaire français Fabrice Balanche, spécialiste de la Syrie. L'OSDH serait d'ailleurs soutenu financièrement par la chaîne qatarie Al-Jazira qui s'appuie ensuite sur ces informations. Qui le dit ?

Pour se rendre en Syrie, les journalistes entrent clandestinement dans le pays grâce aux réseaux de la rébellion et de l'Armée syrienne libre. Ils sont au sens propre «du côté» de la rébellion. Aucun reportage n'a jamais pu être réalisé du côté des forces d'Assad. Or, c'est exactement ce qui s'est produit en Libye. Qui s'en soucie ?

Même chose au Mali, où il est désormais question d'une intervention africaine soutenue par les Occidentaux, en particulier la France. Dans n'importe quelle démocratie, les médias débattraient d'une pareille hypothèse, comme naguère à propos du Kosovo : est-ce une bonne idée ? Existe-t-il d'autres solutions ? Quels sont les risques ? Rien de tel. Débat interdit.

Surtout, ne jamais reconnaître ses erreurs

Soyons justes : le panurgisme est un virus qui ne frappe pas uniquement les journalistes politiques et économiques. Leurs homologues des rubriques sportives sont eux-mêmes atteints : tous, quasiment sans exception, promettaient une déroute sans précédent de l'équipe de France de football face à l'Espagne, championne du monde. «Sur un malentendu», moquait encore l'Equipe la veille du match sur quatre colonnes à la une. «Une branlée espagnole», a-t-on même lu sous la plume d'un poète. Score final : 1-1, au terme d'un match que les Bleus auraient pu, auraient dû gagner si un but valable ne leur avait pas été refusé. Au moins les journalistes sportifs reconnaissent-ils leurs erreurs lorsque les faits leur donnent tort ! Les éditorialistes politiques, les chroniqueurs et les experts économiques, jamais !

La preuve : Athènes vient d'annoncer une explosion de sa dette intérieure à 170,6 % du produit intérieur brut (PIB) et un déficit public himalayen de 9,4 % ! Avec de tels résultats, les fameux experts autoproclamés auraient dû au moins s'interroger sur l'efficacité de la cure d'austérité infligée à la Grèce. Et si le fameux plan de sauvetage imposé par le Fonds monétaire international (FMI) et l'Union européenne était l'erreur du siècle ? Et si la rigueur, accélérant la récession, précipitait le pays au fond du gouffre ? Mais la meilleure façon de clore un débat est encore de ne pas l'ouvrir. Si la Grèce va de mal en pis, disent-ils, ce n'est pas à cause du plan de sauvetage mais parce qu'elle ne l'applique pas à la lettre. Moyennant quoi, il faut soutenir le gouvernement grec qui prépare un nouveau programme d'économies de 11,5 milliards d'euros pour 2013 et 2014 avec, à la clé, une nouvelle baisse des salaires et des pensions de retraite. Lorsque la Grèce mourra guérie, on laissera à ces Diafoirus des marchés financiers le soin de prononcer l'oraison funèbre.

Même phénomène sur le pacte européen de stabilité : les Français étaient à l'évidence partagés, mais la quasi-totalité des grands médias étaient pour. Conclusion ? Pas de débat.

Et quand ils n'ont pas le mot «couac» à la bouche, les mêmes répètent à longueur d'édito «compétitivité», «compétitivité». «Tous ensemble, tous ensemble» : il faut baisser le coût du travail, réduire les charges, comme on le dit d'un poids, d'un boulet ! Comme si la compétitivité des entreprises françaises se résumait à la seule baisse des «charges». Comme si l'innovation n'était pas essentielle. Comme si la faiblesse chronique des circuits de financement de l'industrie comptait pour du beurre. Comme si le dialogue de sourds entre la recherche privée et la recherche publique n'était pas un frein. Louis Gallois, dans son rapport, évoque toutes ces questions. Mais de quoi parle-t-on sur les antennes ? De la baisse des charges, et de rien d'autre. Pendant ce temps, plus personne n'aborde ce qui fut la grande affaire de la campagne présidentielle : la lutte contre le dumping social, le combat pour «l'échange juste», la reconnaissance du principe de réciprocité avec des pays comme la Chine...

Une hystérie médiatique chasse l'autre

Le dernier exemple en date de panurgisme médiatique laisse pantois. François Hollande décide, à juste titre, de reconnaître la responsabilité de l'Etat français dans la répression policière sanglante des manifestations d'octobre 1961 à Paris. Après la reconnaissance historique des faits, le chef de l'Etat choisit d'acter leur reconnaissance politique. Dans son discours, pas la moindre excuse. Pas le moindre signe de repentance. La preuve ? Les Algériens eux-mêmes se sont plaints de ce qu'ils considèrent comme une déclaration a minima. Or, pendant trois jours, l'ensemble des médias audiovisuels, radios et télévisions, a organisé des débats à longueur d'antenne sur le thème : «que faut-il penser de la repentance de François Hollande» ? Pour le coup, on frôle la désinformation !

Ce suivisme généralisé est certes renforcé par la multiplication des chaînes d'information en continu et par les réseaux sociaux sur Internet qui servent d'amplificateur. Il n'empêche : l'hystérie du jour précède l'hystérie du lendemain. Même grégarisme encore à propos du «racisme antiblanc» dénoncé par Jean-François Copé. Huit jours de polémique pour une expression qui, en soi, n'a rien de scandaleux, pour un phénomène qui, à l'évidence, existe dans certains quartiers et dont l'arrière-pensée politique de l'auteur - qui, elle, mérite d'être dénoncée - est tout à fait évidente. En revanche, pas un mot pour condamner l'expression de «racisme anti-entreprises» employée par Laurence Parisot. Pas un éditorialiste, sinon sur France Inter, pour critiquer ce dérapage indéfendable de la patronne du Medef.

Risquons-nous à une explication : tous les chroniqueurs économiques ou presque sont d'obédience libérale. Ils pensent tous ou presque la même chose des mêmes événements, le disent et le répètent en boucle. Pendant ce temps, des journalistes clairement de droite, réacs assumés, conservateurs revendiqués, ont planté leur tente dans les studios de radio et sur les plateaux de télévision. Ils s'appellent Eric Brunet, Elisabeth Lévy, Eric Zemmour, Ivan Rioufol... Ils ont antenne ouverte partout, tout le temps, mais ils se considèrent comme les dissidents de la pensée dominante. Il s'est même trouvé un responsable de l'UMP, Guillaume Peltier, pour réclamer des éditorialistes de droite dans tous les médias audiovisuels. En revanche, l'absence d'éditorialistes modérés, centristes, écologistes, gaullistes, voire carrément gauchistes, ne choque personne ! Etrange, non ? 

DES MOUTONS DANS UN CHAMP D'OGM

«Oui, les OGM sont des poisons», titrait, voici un mois, le Nouvel Observateur. «Une révélation d'une étude de scientifiques français». Dès 4 heures ce matin-là, radios et télés reprennent ces révélations et commentent les photos de ces rats déformés par des tumeurs plus grosses qu'eux. Surpris au saut du lit, les politiques leur emboîtent le pas. Il ne faudra pas moins de quarante-huit heures pour que les journalistes scientifiques puissent faire entendre une voix dissonante : les conditions de l'embargo imposées par l'équipe de Gilles-Eric Séralini, auteur de l'étude, leur interdisant de communiquer cette dernière à des tiers étaient choquantes et contraires aux bonnes pratiques. Médias et responsables politiques étaient tombés dans l'embuscade médiatique. Fin du premier acte.

Acte II, un mois plus tard : le même panurgisme. Les désaveux se sont succédé, ravageurs, venant du monde entier. En France, les six académies des sciences, suivies par l'Anses, l'agence sanitaire française, et le Haut Comité des biotechnologies ont réduit l'étude en miettes. Et pourtant, les mêmes - à l'exception des journalistes scientifiques - reprennent en chœur les commentaires des responsables des agences : certes, les conclusions du Pr Gilles-Eric Séralini sont sans fondement, mais cela conduit à engager de nouvelles études. Merci donc à ce dernier : sa mauvaise science a lancé l'alerte. En réalité, elle a semé la peur. Avec l'assentiment du gouvernement et grâce à l'instinct grégaire des médias.

* Article publié dans le numéro 810 du magazine Marianne paru le 27 octobre 2012
 
 
Source : Marianne2.fr
 
 

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