J'ai vu les films récemment, aussi violents que notre époque. Je pense qu'ils sont d'actualité, aussi pour ceux qui ne les connaissent pas je me permets de vous les présenter.
C'est à reculons mais excité - un mouvement du corps difficile à effectuer, il est vrai, à côté duquel le Kama-sutra ressemble à une simple biscotte pas même beurrée - que je suis allé voir le diptyque consacré à Jacques Mesrine réalisé par Jean-François Richet, L'Instinct de mort et L'Ennemi public n° 1 - le premier sort le 22 octobre, le second, le 19 novembre.
A reculons, parce que le producteur, Thomas Langmann, porte ce projet depuis presque dix ans et que l'obstination n'est pas toujours bonne conseillère, parce que l'hénaurmité de la chose (casting haut de gamme, sujet casse-gueule) peut vite accoucher d'une souris. Mais excité, car Richet est un cinéaste passionnant (d'Etat des lieux à Assaut sur le central 13), Langmann, un producteur déplaceur de montagnes, et Vincent Cassel, le meilleur acteur français né le 23 novembre 1966.
La réussite est totale. Point final, et ni plus ni moins. Mais je vais essayer d'argumenter un brin.
1. Comme tous les grands cinéastes, Richet donne un point de vue sur son personnage et sur son histoire par la seule force de sa mise en scène. L'Instinct de mort est un film de gangsters, avec ascension et dérapages, réalisé serré, dense, précis, où les péripéties et le « héros » se poussent du coude pour être au premier plan.
L'Ennemi public n° 1 est, lui, un film noir qui suit, caméra portée et cadre plus instinctif, un homme se débattant dans ses errements. Les deux parties se répondent, se complètent et proposent une peinture de la société française et des mauvais garçons qu'elle engendre autant qu'un plaisir de cinéma ambitieux et populaire.
2. Des bravos collectifs en général et un coup de Klaxon en particulier à Vincent Cassel. Ce qu'il fait est exceptionnel. Il apporte de la vitesse, du caractère et de la chair, sans jamais faire de Mesrine un héros ni un salaud. Cassel a juste du respect pour son rôle. Comme tous les comédiens XXL. Ni plus ni moins, et point final.
Source : L'Express
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