Imaginez un algorithme capable de prédire si un individu est susceptible de devenir un meurtrier. C’est précisément ce qu’un groupe de défense des droits civiques accuse le gouvernement britannique de développer. Selon Statewatch, le ministère de la Justice aurait lancé un projet "secret" basé sur des données personnelles pour prédire des tueurs potentiels.
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L'intrigue est si futuriste qu'elle pourrait tirer son inspiration du film de science-fiction "Minority Report" sorti en 2002. Dans une publication du 31 mars, repérée par le journal The Guardian, l'organisation britannique de défense des droits civiques Statewatch a affirmé qu'une équipe de chercheurs a été chargée, depuis deux ans, par le gouvernement de développer un algorithme de "prédiction des meurtres".
Selon des documents officiels obtenus par l'organisation, le projet de recherche – d'abord intitulé "Projet de prédiction des homicides", puis rebaptisé "Partage de données pour améliorer l'évaluation des risques" (SDIRA) – s'appuie sur 100 000 à 500 000 dossiers contenant principalement des données personnelles de condamnés, mais aussi de victimes et de témoins d'actes criminels.
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— Crash-de-bug.fr (@crashdebug_fr) April 16, 2025
Des "marqueurs de santé" dans les dossiers
Fruit d'une collaboration entre les ministères de la Justice, de l'Intérieur, la police du Grand Manchester et de la police métropolitaine de Londres, ce projet a été qualifié d’"effrayant et dystopique" par Sofia Lyall, chercheuse pour Statewatch.
Outre les données personnelles "de base" – nom, sexe, date de naissance –, les dossiers contiennent également l'origine ethnique et des "marqueurs de santé" qui "auraient un pouvoir prédictif important", selon les autorités. Ces marqueurs indiquent si la personne souffre de problèmes de santé mentale tels que l'addiction, des comportements autodestructeurs, des pensées suicidaires ou toute autre vulnérabilité ou handicap.
Ces dossiers, tous datés d'avant 2015, ont principalement été collectés auprès de la police du Grand Manchester et du service de probation britannique. "Construire un outil automatisé pour profiler des personnes comme des criminels violents est une grave erreur, et utiliser des données aussi sensibles sur la santé mentale, l'addiction et le handicap est extrêmement intrusif et alarmant", alerte Sofia Lyall.
"À des fins de recherche uniquement"
Statewatch a également averti qu'un tel système, s'il était un jour déployé, risquerait de créer des préjugés à l'encontre des minorités ethniques et des communautés à faibles revenus.
"Nous savons déjà que les Noirs, les autres minorités ethniques et les personnes pauvres sont surreprésentés dans les données policières", affirme Chris Jones, directeur de Statewatch, qui accuse le système pénal britannique d'être déjà institutionnellement raciste. "Par conséquent, utiliser ces données pour produire des outils de prédiction, de profilage, etc., va reproduire les préjugés qu'elles contiennent".
Il serait "inexact" de décrire ce projet comme une tentative de "cibler des personnes comme des criminels avant même qu'elles n'aient commis quoi que ce soit", déclare un porte-parole du ministère de la Justice sous couvert d’anonymat. Ce dernier confirme l’existence du projet, mais "mené à des fins de recherche uniquement" et avec un objectif : "Nous aider à mieux appréhender la probabilité que des personnes en probation commettent de graves violences".
Il précise également que les données traitées concernent uniquement les personnes ayant au moins une condamnation à leur casier judiciaire.
"Si ce n’est pas du profilage, je ne sais pas ce que c’est"
Réagissant à ces déclarations, Chris Jones les qualifie de "totalement inexactes". Et il ajoute : "C’est précisément l’objectif de ce projet : examiner des individus, ou certains groupes d’individus, et déterminer le risque qu'ils commettent un meurtre. Si ce n’est pas du profilage, alors je ne sais pas ce que c’est".
Le directeur de Statewatch réfute également l’affirmation selon laquelle seules les personnes condamnées par la justice britannique sont concernées par le projet. Il fait référence à un accord de partage de données - obtenu par son organisation - qui contient une catégorie spécifique de personnes ayant été en contact avec la police du Grand Manchester "en tant que suspect, victime, témoin, personne disparue ou sujet de préoccupation en matière de protection".
"Vous ne faites pas ce genre de recherche à moins d’avoir une idée de l’usage que vous pourriez en faire à l’avenir", ajoute-t-il. Aucune des personnes dont le dossier figure dans ce projet n’a été informée de l’utilisation de ses données. Cependant, tous les cas ont été anonymisés, rendant impossible leur identification. Le projet devait initialement se terminer en décembre 2024, mais il est toujours en cours.
Traduit de l'anglais par Stéphanie Trouillard.
Source(s) : France24.com via Contributeur anonyme
Informations complémentaires :
Crashdebug.fr : Maintenant Big Brother vous observe VRAIMENT, des systèmes effrayants pour prévoir ce que les gens feront…
criminelsdivers quotidiennement , on appelle ça l'enrichissement par les chances pour la France d'ailleurs... (applicable à tout pays)Bien sûr un tel projet de surveillance ne concerneraient que les blancs, histoire qu'ils ne gueulent pas trop fort contre leur anéantissem ent.
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