Enfin lundi ! Je n’en pouvais plus de me languir (de vous retrouver)... Et c’est enfin une nouvelle semaine qui s’annonce à nous... Et elle semble d’ores et déjà pleine de promesses ! C'est donc dans la joie et l'allégresse, à la veille de l'anniversaire du passage historique au pouvoir de François Mitterrand, le 10 mai 1981, illustré par son troublant héritage génétique : Mazarine Pingeot marchant ce matin sur les traces de son illustre père. Que la pensée de feu François Mitterand est gravée au fer rouge dans l’histoire avec son « pari pascalien européen », qui désormais nous engage tous chaque matin (étant humain à défaut d'humaniste ... je suis pour une Europe des peuples pas des technocrates !). Bien qu'étant, hélas, trop jeune pour avoir un jugement définitif (tout est relatif). Et ne détenant aucune vérité pré-établie, je ne peux m'en remettre qu'aux traces de cette passionnante politico-archéologie et de ces vestiges ! C'est dans cette logique que je me permets néanmoins de vous fournir quelques indices, pistés sur les « tendances » de ce « tonton flingueur » par ailleurs, si cultivé... Faisant sans nul doute parti de cette génération des animaux politiques, mais dont à mon sens, au final, les objectifs n'auront (étrangement) pas été si humains et si altruistes qu'affichés...
Pour vous ce matin ça sera donc un double effet Kiss Cool ! Avec le plus drôle en premier, et les liens de nos candidats et quelques vecteurs qui à l’heure actuelle peuvent avoir un certain sens… Mais le plus important ce n'est pas le sommet de la pyramide... ; ) Mais justement quand on parle du travail de recherche de Mediapart, c'est peut-être précisément les informations récoltées par cet anonyme internaute, se référant a priori au bien nommé livre La Part d'ombre du journaliste Edwy Plenel qui a certainement quelques « expériences » et références (et que je respecte profondément), qui vous éclaireront peut-être, sur cette partie méconnue du personnage... (Informations complémentaires) ?
Mais il me paraît important de vous indiquer en préambule le discours de l'autiste mais néanmoins illustre (et tout aussi réfléchi) Jean-Pierre Chevènement, qui nous fait part de son retour d'expérience passée concernant la question... (plus de l'intarissable JPC, en informations complémentaires).
N. B. C'est en grand fan amateur de direct, que la vidéo informative du stand up de sieur Méluche à France Info, est issue de ma vidéothèque Youtube personnelle ! Rien à voir avec le bienveillant Mediapart... ; )
Jean-Pierre Chevènement par franceinter
2011, année Mitterrand. Après avoir fêté les 15 ans de la mort de l'ancien (et unique) président socialiste, ce samedi 8 janvier 2011 à Jarnac (Charente), les prétendants à son incertaine succession devraient également fêter les 40 ans du congrès d'Epinay (quand il devint le premier secrétaire d'un PS refondé), ainsi que les 30 ans de la victoire du 10 mai 1981.
Comme a pu le dénoncer Malek Boutih (par ailleurs ancien président de la très mitterrandienne SOS-Racisme), la présidentielle de 2012 devrait se jouer à gauche entre «enfants gâtés» de la Mitterrandie (si l'on excepte les écologistes).
En effet, de Ségolène Royal à Martine Aubry (qui se recueilleront ensemble sur sa tombe samedi), en passant par Dominique Strauss-Kahn, François Hollande et Arnaud Montebourg, sans oublier le dissident Jean-Luc Mélenchon, l'essentiel des prétendants à la candidature socialiste ont «quelque chose en eux de Mitterrand» (comme le disait Johnny Halliday en 1988, en évoquant Jacques Chirac). Quelque chose d'un fragment de vie de l'homme-caméléon de la gauche, une facette des multiples positionnements de «Tonton».
Mediapart passe en revue, à travers les archives du web, les similitudes et références utilisées par tous vis-à-vis de leur aîné, comme leur vécu commun avec lui. A chacun son interprétation des «forces de l'esprit» qui les animent aujourd'hui.
Royal : le Mitterrand présidentialiste
Elle est l'héritière la plus assumée, la «fille légitime», qui n'hésite jamais à se référer à celui qui lui a mis le pied à l'étrier. Membre de son cabinet (chargée des questions de société) de 1981 à 1988, Ségolène Royal entretient une relation privilégiée avec Mitterrand et sa mémoire. Tous deux partagent leurs origines familiales très à droite, ainsi que le goût de la traversée du désert. Sa proche conseillère et plume Sophie Bouchet-Petersen (elle aussi membre du cabinet de l'Elysée) se référait d'ailleurs à la solitude de Mitterrand après l'affaire de l'Observatoire, pour relativiser celle de Royal en septembre 2009, après la défaite du congrès de Reims et l'éclatement de son courant commun avec Vincent Peillon (lire notre analyse d'alors).
Sa proximité avec Mitterrand s'illustre par deux épisodes d'anthologie, qui résument bien leur rapport particulier qui alimenta un temps (avant l'officialisation de Mazarine) la rumeur qu'elle serait sa fille cachée (une rumeur qu'elle démentira dans un livre en 1996 – La Vérité d'une femme):
– En 1988, après sa réélection à l'Elysée, Royal entreprend Mitterrand en pleine cérémonie protocolaire d'investiture, afin de lui réclamer une circonscription à deux semaines seulement des législatives. Interloqué par le toupet de sa conseillère, Mitterrand se froisse. Puis accepte. Et Ségolène sera élue députée…
– En 1993, après la déroute des législatives, Royal ne peut retenir ses larmes lors du dernier conseil des ministres, dernière des ministres à dire adieu au président déjà amoindri par la maladie.
1993 - Adieux de Ségolène Royal à François... par gcabioch3
Depuis, Ségolène aime à se complaire dans le rôle de la dernière des Mohicans mitterrandiens, multipliant les allusions et références, tantôt pour se revendiquer de sa «force tranquille» lors de sa dernière fête de la fraternité (lire ici), tantôt pour prendre la défense de BHL face à «la meute» raillant son «botulisme» (lire sa tribune dans Le Monde).
La conquête du pouvoir mitterrandienne misait sur le temps, reposait sur une incarnation personnelle, définissait une stratégie d'alliances et s'appuyait sur un parti unifié. Celle de Ségolène Royal emprunte les mêmes ressorts (personnalisation assumée, union de la gauche et du centre), mais bute sur la prise du parti, et donc de ses finances. C'est en dehors de l'appareil qu'elle est contrainte de mener sa longue marche vers le pouvoir, en misant sur l'audace et le soutien de l'opinion.
De François Mitterrand, elle conserve encore aujourd'hui une partie de l'entourage. Jean-Louis Bianco (ancien secrétaire général de l'Élysée) et Dominique Bertinotti (ancienne secrétaire générale de l'institut François-Mitterrand) comptent parmi ses derniers relais politiques. Sophie Bouchet-Petersen dirige son cabinet au conseil régional. Béatrice Marre (chef de cabinet de Mitterrand en 1988) est d'ailleurs venue renforcer il y a un an et demi l'équipe Royal. Mais son sens de l'improvisation et de la prise de risque contraste avec le machiavélisme tacticien de son modèle. Et contrairement à Mitterrand, le soutien du financier Pierre Bergé s'estompe peu à peu.
Aubry : le Mitterrand du congrès d'Epinay
A première vue, Martine Aubry n'est pas l'«héritière» la plus visible de Mitterrand, bien qu'elle ait grandi dans les cabinets ministériels de Jean Auroux ou Pierre Bérégovoy, dans les années 1980, avant d'être nommée ministre du travail de 1991 à 1993. Mais la première secrétaire socialiste est montée au créneau récemment pour défendre la mémoire de Mitterrand, après les attaques de Nicolas Sarkozy sur la retraite à 60 ans instituée en 1981. Sans prendre de pincettes : «A son inefficacité, il ajoute une dose de vulgarité (…) On n'attaque pas ainsi un ancien président de la République, encore moins François Mitterrand»…
Si Martine Aubry partage avec François Mitterrand un goût prononcé pour la culture et en a fait un pilier de son action publique (elle à Lille, lui avec ses «grands travaux»), une relation privilégiée et – parfois – conflictuelle avec Pierre Mauroy (parrain politique de l'une, fidèle déchu de l'autre), ou encore la détestation commune et sans limite de feu Georges Frêche (lire ici), la similitude principale entre les deux chefs du PS se trouve dans la façon dont ils ont pris le parti, l'une à Reims en 2008, l'autre à Epinay en 1971.
Tous deux minoritaires et troisièmes après le vote des motions (24 % pour Aubry, 15 % pour Mitterrand), ils se sont appuyés sur les grosses fédérations pour renverser la tendance et l'emporter de justesse (50,2 % pour Aubry, 51,3 % pour Mitterrand), quitte à éveiller des soupçons de fraude (bourrage d'urnes pour l'une, surévaluation du nombre de mandats – estimés à 10.000 au lieu d'à peine 1.000 – pour l'autre), en réalisant l'unité entre la droite et la gauche du parti (de Delanoë à Hamon pour l'une, de Deferre à Chevènement pour l'autre). Toutefois, bien que France Soir voie dans Aubry «la vraie fille de Mitterrand», si l'un avait l'ambition et le goût du pouvoir, fomentant son coup d'Epinay de longue date, l'autre est plutôt rétive à la joute interne, ne se déclarant candidate à la direction socialiste qu'à l'ultime minute.
L'an dernier, en marge d'un dépôt de gerbe devant la statue lilloise de Mitterrand pour les 14 ans de sa mort, Aubry citait son prédecesseur, en pensant très fort à sa volonté de gouverner le PS dans l'adversité : «Il faut garder la nuque raide quand on croit que ce qu’on fait est juste.» Depuis son accession à la tête du parti, Aubry ne cesse de «donner du temps au temps», refusant de s'inscrire dans l'agenda médiatique accéléré de Sarkozy ou de ses camarades: créer de l'attente, pour être mieux désirée. Comme sur la réponse sécuritaire du PS l'été dernier, l'annonce de la candidature de Ségolène Royal, ou les provocations récurrentes de Manuel Valls.
Et si elle avait écouté les conseils du Mitterrand d'Epinay, comme l'a fantasmé un internaute malicieux dans ce montage vidéo…
F. Mitterrand conseille M. Aubry dans mon rêve par nonolimit06
Montebourg : le Mitterrand du coup d'Etat permanent
Il est celui qui n'a pas connu François Mitterrand. Mais il est né dans sa circonscription de la Nièvre. Alors, Arnaud Montebourg manie davantage le «symbole Mitterrand» plus qu'il n'en perpétue l'héritage. Ce qui l'inspire, c'est le Mitterrand d'avant Epinay, pourfendeur de la Ve République gaulliste. Comme lui et son livre de 1964 sur «Le Coup d'Etat permanent», il a écrit un ouvrage sur les institutions corrompues (La Machine à trahir, en 2002). Mais le député et président de Saône-et-Loire entretient depuis toujours une relation duale avec le président, empreinte d'admiration et de dénonciation.
Côté admiration, Montebourg fait dans le pèlerinage quasi mythologique, réunissant ses troupes de la C6R (convention pour une VIe République, hommage à la CIR – convention des institutions républicaines – de Mitterrand) à Jarnac, la ville natale de «Tonton». Et le récent candidat aux primaires socialistes organise aussi son ascension rituelle. Non pas à la roche de Solutré, comme le faisait Mitterrand, mais au mont Beuvray, le lieu où il rêvait d'être enterré. En mai 2004, il déclare pourtant au Parisien: «L'an dernier, nous avons escaladé la roche de Solutré, mais je ne suis pas mitterrandolâtre. C'est pourquoi désormais nous allons organiser au sommet du mont Beuvray un pique-nique éduano-mitterrandien (NDLR : les Eduens, tribu gauloise, avaient lâché César pour rallier Vercingétorix).»
Car côté dénonciation, Montebourg fait aussi dans le symbolique, poussant le droit d'inventaire jusqu'à la rupture avec les dérives morales de la fin de règne mitterrandiste. Il émergea ainsi sur la scène médiatique en étant l'avocat commis d'office de l'assassin de René Bousquet en 1995, l'ami collaborationniste (cliquer sur l'image ci-contre pour voir la vidéo Ina où il parle d'«une France qui refuse de regarder ses propres crimes en face»). Par la suite, il s'en prend régulièrement aux très proches Roland Dumas (dont il réclame la démission du conseil constitutionnel lors de l'affaire Elf) et Michel Charasse (un florilège ici). Montebourg se revendique plutôt de la mitterrandie de Pierre Joxe, à qui il a succédé dans sa circonscription de Saône-et-Loire. Ou de la féministe Yvette Roudy, qui le soutiendra lors des congrès de Dijon et du Mans.
Jusqu'ici, Arnaud Montebourg n'est jamais apparu en chef de file incontestable et incontesté, préférant endosser le costume du «jeune lion». Mais au moment de se lancer dans la course à la primaire socialiste, il conclut sa déclaration de candidature par la chanson de Barbara «Regarde», écrite au lendemain de la victoire de 1981.
Strauss-Kahn : le Mitterrand du tournant de la rigueur
Avec DSK, la filiation mitterrandienne ne semble pas de prime abord évidente. Et pourtant, l'actuel directeur du FMI a lui aussi fait ses débuts politiques dans les coulisses du pouvoir dans les années 1980. Mais il s'est davantage inscrit dans le tournant de la rigueur de 1983 que dans le «changer la vie» de 1981. Ce jeune économiste barbu commente en octobre 1981 la réforme de la retraite à 60 ans de Mitterrand (voir la vidéo sur le site de l'Ina – sa première télé – en cliquant sur la photo ci-dessus), après avoir publié un ouvrage (L'Épargne et la Retraite) avec son assistant à la fac de Nanterre, Denis Kessler (aujourd'hui vice-président du Medef), où il se prononce pour la retraite par capitalisation pour tous (lire ici).
Un an plus tard, Strauss-Kahn intégrera le commissariat au Plan, jusqu'à son élection comme député en 1986. Lors de la campagne présidentielle de 1988, devenu secrétaire national du PS au programme, il défendra le bilan économique du candidat Mitterrand, face au barriste Jean Durieux
En 1991, François Mitterrand le nomme ministre délégué à l'industrie et au commerce extérieur dans le gouvernement d'Édith Cresson, puis dans celui de Pierre Bérégovoy, jusqu'en 1993. Redevenu ministre des finances sous Jospin, en tant que tête de proue de sa «dream team», Strauss-Kahn n'utilisera alors que parcimonieusement la référence mitterrandienne, ne retenant chez le président que son côté pro-européen et son ouverture au centre.
Ainsi, lors du référendum constitutionnel de 2005, il crée la polémique en assurant que «non seulement François Mitterrand aurait évidemment voté oui, mais je pense que si François Mitterrand était là, il n'y aurait pas de débat et le oui l'emporterait très largement». Puis, après avoir livré un vibrant discours de soutien à Ségolène Royal lors de la campagne de 2007 (il déclare à Lyon : «Toi, Jean Jaurès, il faut que tu nous donnes ta profondeur. Toi, Léon Blum, il faut que tu nous donnes ton courage. Toi, François Mitterrand, il faut que tu nous donnes ta vision (…) toi Jean, toi Léon, toi François, pour Ségolène!»), DSK encouragera l'accord d'entre-deux tours Royal/Bayrou. Au micro d'Europe-1, il évoque «une occasion historique de changer la donne», en sortant du «vieux clivage d'hier». Et de justifier: «Des ministres d'ouverture, il y en a toujours eu dans les gouvernements de gauche, notamment en 1988.»
Hollande : le jospino-mitterrandien
François Hollande aurait pu être l'un de ces «petits-fils» de François Mitterrand, mais il est en réalité davantage un «bébé Jospin», avec qui il partage le compagnonnage du pouvoir, avant d'en faire le droit d'inventaire. Comme Lionel Jospin, Hollande a d'abord été conseiller du «sphynx de Jarnac», avant d'assurer le poste de premier secrétaire quand son mentor a accédé au pouvoir. Et comme Jospin, chargé des négociations avec le PCF dans les années 1970, Hollande a eu l'occasion de jouer un rôle dans les manigances florentines de Mitterrand, mais au début des années 1980. Alors au cabinet de l'Elysée, avant de diriger celui du porte-parole de gouvernement Max Gallo puis celui du ministre des affaires européennes Roland Dumas, le jeune énarque François Hollande a été jusqu'à se faire passer pour un dirigeant de droite auteur d'un pamphlet qu'il n'a pas écrit (voir la vidéo ci-dessous). «Nous, la droite…»
Hollande démasqué : coup de fil anonyme ! par larnaut
Depuis, François Hollande a davantage suivi la trajectoire de Jospin que celle de Mitterrand. «L'austère qui se marre» et «le marrant qui aime l'austérité», en somme. Désormais candidat à la candidature présidentielle au PS, celui qui n'a été ministre ni sous Mitterrand ni sous Jospin se sent plus à l'aise dans la rigueur économique et le langage de responsabilité que dans l'utopie. Héritier de la deuxième gauche version Jacques Delors, il ne retient de Mitterrand que le premier de ses septennats («le deuxième était de circonstance», écrit-il dans son dernier ouvrage – Droit d'inventaire) et critique dans son livre précédent (Devoirs de vérité) la «nouvelle aristocratie» d'entreprise née après 1981, ceux qui sont «venus d’une culture du service public, (qui) ont accédé au statut de nouveaux riches, parlant en maîtres aux politiques qui les avaient nommés».
Néanmoins, Hollande n'a pas, comme avant lui Jospin, tout oublié de Mitterrand, sachant retenir certaines de ses leçons. «En 1981, François Mitterrand était apparu comme un contre-président avant de devenir le président. C'est le bon exemple!», explique-t-il ainsi dans L'Express, alors qu'Eric Zemmour en est carrément venu à les confondre dans les colonnes du Figaro. L'ancien premier secrétaire du PS des années 2000 a également emprunté à l'ancien président des années 1980 son discours de détestation de la richesse des années 1970 (son «Je n'aime pas les riches, j'en conviens» de 2007 lui resta longtemps collé comme le sparadrap du capitaine Haddock). En 2008, il déclare enfin à L'Express: «On oublie trop vite qu'il fut contesté dans son propre camp, moqué, fragilisé, commente-t-il. Il s'est sorti de cette mauvaise passe en gérant le temps, en tenant bon. Je me l'applique à moi-même.»
A Solférino, Hollande donna même dans le fétichisme à l'égard de Mitterrand, faisant acheter par le parti son mythique chapeau (7.800 euros tout de même!), ainsi que sa salle à manger, qui lui permit ce bon mot très «forces de l'esprit», au moment du référendum européen de 2005: «On a fait tourner la table, il a dit “oui”…»
Mélenchon : le Mitterrand de la rupture
L'histoire du nouveau héraut de la révolution citoyenne avec Mitterrand commence dès 1972, quand, jeune leader étudiant à Besançon (Doubs) frayant avec les trotskystes lambertistes, il est envoyé au feu pour apporter la contradiction au nouveau leader socialiste de passage dans sa ville. Comme il le raconte à Libération en 2000, il finira «empaqueté» par la rhétorique mitterrandienne et renoncera à toute interpellation. Depuis, Mélenchon est dans la fascination, au point de surnommer systématiquement «le vieux» celui qu'il a ensuite accompagné cinq fois lors de voyages présidentiels. «Il m'aimait bien, car je lui disais des choses que les autres ne lui disaient pas», confiait-il à Mediapart il y a quelques semaines.
Mais le vrai modèle pour «Méluche» demeure le Mitterrand de l'opposition, aux portes du pouvoir, celui des années 1970. A Libération en 2003, il résume ce qu'il estime être son seul héritage, «la fondation du PS, l'union de la gauche et le programme commun». A Mélenchon, Mitterrand disait souvent à propos des socialistes: «Ne les quittez pas!» S'il n'a pas écouté «le vieux» pour créer le Parti de gauche (PG) en plein congrès de Reims, c'est pourtant en fidélité au «socialisme historique perdu», assurait-il alors à Mediapart. Il voit aujourd'hui son PG comme un parti d'activisme et de formation militants. Comme le PS des années 1970, avant qu'il ne soit devenu un parti d'élus, en somme.
Dans le symbole, Mélenchon n'est pas en reste non plus, empruntant l'alliage chapeau/écharpe rouge à Mitterrand. Bien qu'il s'en défende aujourd'hui («Ce n'était quand même pas ma faute s'il n'y a que ce genre de chapeau qui m'allait!») et qu'il a abandonné le couvre-chef, il a popularisé l'écharpe rouge, au point d'en faire un signe distinctif des militants du PG.
A L'Express en 2009, il dit penser «souvent au Vieux, au moment où, à la tête d'un tout petit parti, il a vu arriver des gens de partout pour faire l'Union de la gauche» et pense depuis sans doute au discours de Mitterrand sur la rupture avec l'ordre établi et capitaliste, à Epinay (revoir la vidéo), lui qui reste le seul à la prôner encore. Pour autant, si ce fervent nostalgique du programme commun avec le PCF (il siégera au groupe d'amitié France-URSS du Sénat en 1986) fait front électoral avec les communistes d'aujourd'hui, et tente de fédérer l'autre gauche autour de lui en vue de la présidentielle, sa virulence radicale contraste pour le moins avec la sagesse de son modèle. «Le bruit et la fureur» qu'il revendique à la tribune en 2010 n'a pas grand-chose à voir avec «la force tranquille» de 1981.
Source : Mediapart
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Source : Mediapart
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Informations complémentaires :
« L'identification de la gauche au mitterrandisme est le chemin assuré de son déclin, celui sur lequel s'avance la longue cohorte des déceptions devenues rancoeurs, des désespoirs livrés aux haines lepénistes, des tragédies amères prenant leur revanche sur d'illusoires consensus...
François Mitterrand juste après l’annonce de sa victoire, à sa sortie de l’hôtel du Vieux Morvan, à Chateau-Chinon, ville dont il était député-maire. Archives AFP
... Fût-elle la plus avenante dans l'instant, une politique se juge à son héritage. Que pèsent les rhétoriques officielles devant l'accroissement du chômage, le poids de l'extrême-droite, la montée des exclusions, le retour des guerres et des nationalismes, la misère du Sud et l'insolence du Nord ? Que nous lègue le mitterrandisme sinon un désarroi accru dans un monde en désordre... ? »
Edwy Plenel
Mitterrand : Acharnement thérapeuthique français. Personnage obscur de l'histoire mais dont on n'a pas encore le droit de parler... Il est le grand communicateur de la pensée unique et universelle.
Aurait été vu la dernière fois, du côté de Solutré en Saône-et-Loire et une autre fois, bien plus loin à Jarnac, en Charentes...
Aurait aimé être le mythe errant.
N'a jamais pu réaliser son rêve: se nommer Charles De Gaulle.
On retiendra cependant de son règne les points importants suivants :
* financement occulte du PS
* sa décoration de la francisque par Pétain
* les Irlandais de Vincennes
* les milliers d'écoutes téléphoniques
* ses enfants illégitimes
*ses maîtresses de tous bords parfois nommées à des postes importants de la politique
* son copain Tapie
* les nombreuses morts par crises cardiaques ou par suicide de "ses amis"
* son faux attentat de l'Observatoire
* ses mensonges sur sa santé
* ses amitiés particulières avec les nazillons (Bousquet)
* son absence de vision de l'histoire (se félicite de la réussite d'un coup d'état en URSS, non réception de Boris Eltsine alors membre de l'opposition en URSS, etc.)
* le désir de tout faire pour créer une extrême-droite puissante (désire le vote des étrangers à quelques jours de chaque nouvelle élection)
* le placement de toute sa famille à des postes clés
* des lois le protégeant sur les donations-partage à ses enfants
* sa vision de l'avenir qu'il trouvait en allant consulter régulièrement des astrologues
* la montée du chômage, de l'insécurité,
* les messages subliminaux lors de la campagne présidentielle de 1988 sur les télévisions publiques
* l'explosion du Rainbow Warrior
* le sang contaminé
* ses mensonges lors d'un face à face télévisé avec Chirac en 1988
* l'achat du terrain à Alésia ; terrain où il aurait aimé être enterré puisqu'il semblait que ses successeurs ne désiraient pas le voir au Panthéon
* l'affaire de la Société Générale
Etc., etc. En un mot, un tout petit, tout petit bonhomme de la toute petite histoire
Mitterrand
Ce que vous ne savez pas...
FAMILLE, PATRIE
Le 26 octobre 1916, à Jarnac, en Charente, Yvonne Lorrain donne le jour à son deuxième enfant, François. Yvonne et son mari Joseph Mitterrand auront cinq enfants. Après la naissance du dernier, Joseph prendra sa retraite anticipée d'agent de la Compagnie des chemins de fer Paris-Orléans. Il va diriger la vinaigrerie de son beau-père et sera même rapidement président de la Fédération des syndicats de fabricants de vinaigre de France.
En Charente, dans la région de Jarnac, ce sont les cognacquiers qui tiennent le haut du pavé. Même si l'affaire de Joseph Mitterrand subvient aux besoins familiaux, François vit très mal la condescendance manifestée par la bourgeoisie des producteurs de cognac à l'égard des vinaigriers. Plus tard, il préférera " oublier " les activités commerçantes paternelles pour se dire " fils de cheminot ", origine plus conforme à son image d'homme de gauche.
Chez les Mitterrand, on est furieusement patriote, très catholique et l'on considère comme progressiste de rester malgré tout fidèle à M. Poincaré ou à M. Doumergue, ces présidents d'une République consommée avec modération.
Au collège Saint-Paul d'Angoulème, François devient membre de la JEC, structure étudiante de l'action catholique, suivant cette voie de droite qui, pour sa famille, n'est que le droit chemin.
Les Mitterrand évoluent dans un monde où ils font figure de modérés. Certains des amis du clan, comme le colonel Moreau, vilipendent la République, les politicards et tout ce qui contribue à affaiblir le sentiment national; d'autres, comme les Bouvyers, rêvent d'en découdre avec les socialistes, les bolcheviques, tous ces apatrides qui gangrènent la société française. Jean, ami de François, l'un des fils Bouvyers, adhéra très jeune à l'organistation d'extrême droite des Camelots du roi et participa en juin 1937 à l'assassinat des frères Rosselli, antifascistes installés en France, dont le comte Ciano, gendre de Mussolini, commandita l'exécution.
François Mitterrand était le chouchou des parents de ses amis. Souvent cité en exemple, il est l'image presque idéale, du « bon jeune homme ».
Lorsqu'il monte à Paris, François Mitterrand prend pension dans une des ces institutions religieuses qui sont la providence des provinciaux. Situé au 104 de la rue de Vaugirard, cet établissement, nommé Réunion des étudiants dispense un peu de nourriture spirituelle, complément d'études universitaires rigoureusement laïques.
CROIX DE BOIS, CROIX DE FEU
Arrivé à Paris dans le climat quasi insurrectionnel qui à suivi les émeutes du 6 février 1934, organisées par les groupes d'extrême droite, François Mitterrand se passionne pour le combat que mènent ces gens proches du milieu qu'il fréquentait dans sa chère province. Inscrit à la faculté de droit et à Sciences-po, l'étudiant modèle fréquente naturellement le Front national (regroupant les mouvements de droite). Toutefois, il apprécie assez peu les leaders dont la verve populacière fait délicieusement frissonner la bourgeoisie.
Le colonel de La Rocque et ses Croix-de-Feu sont infiniment plus convenables que les Camelots du roi, groupe factieux ayant juré d'en finir avec la République, la Gueuse. Le Colonel de La Rocque est le vrai héros de ceux qui pensent qu'on peut en finir avec l'anti-France, les socialistes et autres crypto-communistes, sans pour autant se lancer dans une guerre civile. Les Croix-de-feu font partie de cette extrême droite que l'on peut recevoir au salon sans faire sortir les dames. François Mitterrand adhère au mouvement de jeunes des Croix de Feu, il devient Volontaire national au 3ème secteur.
Si l'étudiant catholique estime qu'il est nécessaire de s'engager dans un groupement politique aux côtés des vieux briscards de la droite nationale, il n'en est pas moins sensible au charme féminin. Ce jeune homme est tombé sous le charme d'une jolie lycéenne, Marie-Louise Terrasse. Leur première rencontre eut lieu au bal de l'École normale supérieure.
Marie-Louise, qui a quinze ans, est au lycée en classe de 3e. Son frère normalien l'a entraînée dans cette soirée où François Mitterrand avait également été invité. A peine arrivé, François remarque la superbe chevelure blonde de Marie-Louise, qui lui tourne le dos. Elle se retourne, il reste cloué sur place. L'amour l'a foudroyé, cette passion hantera ses jours. Marie-Louise Terrasse sera beaucoup plus connue des téléspectateurs français quelques années plus tard sous le pseudonyme de Catherine Langeais.
LA GRANDE ÉVASION
Lorsque la guerre éclate, il est sergent au 23e régiment d'infanterie coloniale. Revenu en France, s'étant " remplumé "chez des amis, les Lévy-Déplat, à Saint-Tropez, il reçoit un appel de Vichy, le siège du gouvernement du maréchal Pétain où il compte de nombreux contacts, pour la plupart des amis de la famille. C'est son milieu, son monde, que François Mitterrand retrouve à Vichy. Le colonel Cahier, beau-père de Robert Mitterrand, le frère de François, lui a trouvé un petit emploi à la documentation générale du directoire de la Légion des combattants et volontaires de la Révolution nationale.
C'est Xavier Vallat, ancien député radical, reconverti dans l'extrême droite et l'antisémitisme, qui fonda la Légion pour rassembler la droite nationale autour du maréchal Pétain. Vallat, nommé commissaire aux questions juives en 1941, cédera la place à François Valentin à la tête de la légion, forte d'un million cinq cent mille anciens combattants.
Ancien député nationaliste, anti-Allemands comme la plupart des légionnaires, Valentin basculera dans la Résistance, alors que ses prédécesseurs à la légion, anciens Cagoulards (mouvement clandestin d'extrême droite, responsables de nombreux assassinats), s'enfonceront un peu plus dans la collaboration. François Mitterrand a fréquenté de nombreux Cagoulards, amis de ses amis où lointain parent, comme Eugène Deloncle, lui-même chef de ce mouvement, dont la femme Mercedes est la s¦ur de l'épouse de Robert Mitterrand.
En 1941, Deloncle et ses amis créent la LVF (Légion des Volontaires Français) qui se battra au côté des Allemands contre " l'hydre bolchevique ". En zone libre, Joseph Darnand (héros de la Grande guerre) fonde le Service d'Ordre légionnaire (SOL), troupe de choc chargée de traquer les adversaires de la révolution nationale (gaullistes, communistes, républicains...). En décembre, le SOL est intégré à la légion de François Valentin, un an plus tard, le SOL deviendra la sinistre Milice.
UNE RÉSISTANCE EXCEPTIONNELLE
C'est dans cette ambiance, où s'opposent nationalistes anti ou pro-Allemands que François Mitterrand prend ses modestes fonctions à la Légion. En avril 1942, Pétain rappelle Laval au pouvoir. François Valentin démissionne de son poste et François Mitterrand en fait autant, tout en demeurant farouchement pétainiste. Quelques semaines plus tard, on propose deux postes au jeune chômeur, l'un au Commissariat aux questions juives, l'autre au reclassement des prisonniers. François Mitterrand choisit la deuxième fonction. Il y occupe le poste de " chef de la section presse ".
A la fin du printemps 1943, François Mitterrand reçoit la Francisque, haute décoration maréchaliste.
Le 28 octobre 1944, François Mitterrand épouse Danielle Gouze-Rénal.
Roger Pelat est tombé fou amoureux, quelques mois plus tôt, de Madeleine Gouze-Rénal, la soeur de Danielle. Roger Pelat sera le compagnon de route discret et finalement encombrant de François Mitterrand, tout au long de son existence.
En juin 1946, quand Morland cherche une investiture pour se présenter aux élections législatives, Pelat se démène pour son ami, qui finit par se présenter sous l'étiquette du Rassemblement des gauches républicaines. Ce mouvement est dirigé par le radical Daladier, que François Mitterrand a toujours considéré comme l'un des grands responsables de la défaite de 194O, Daladier étant alors chef du gouvernement.
Le RGR est un de ces partis issus de la IIIe République et le mot gauche se trouve dans son sigle de manière tout à fait anecdotique. Ce parti se trouve à droite sur l'échiquier politique. Le jeune candidat du RGR dans le département de la Seine est largement battu. Il participera en novembre de la même année à un autre scrutin, cette fois dans le département de la Nièvre, avec le soutien d'un parti concurrent, le PRL (Parti Républicain de la Liberté) et le parrainage de l'ensemble des formations de droite. Il est élu dans un département dont il fera sa seconde patrie, bien qu'il n'ait jamais résidé qu'à l'hôtel, Le Vieux Morvan, à Château-Chinon.
L'AFFAIRE ALGERIENNE
Ministre de l'Intérieur de Pierre Mendès-France, de juin 1954 à février 1955, et Garde des Sceaux du socialiste Guy Mollet de février 1956 à mai 1957, il se trouve confronté à la guerre d'Algérie et choisit son camp.
On le lui reprochera longtemps et seuls ses ennemis de toujours ne feindront pas d'avoir oublié qu'il fut un défenseur de l'Algérie française, préconisant une répression féroce des mouvements insurrectionnels. En septembre 1953, il déclare : "Pour moi, le maintien de la présence française en Afrique du Nord, de Bizerte à Casablanca, est le premier impératif de toute politique".
Le 5 novembre 1954, à la tribune de l'Assemblée nationale, alors que les premiers conflits éclatent, il dira : "La rébellion algérienne ne peut trouver qu'une forme terminale : la guerre".
La chute du gouvernement Guy Mollet et le retour au pouvoir du général de Gaulle mettent fin à la carrière ministérielle de François Mitterrand. Il a alors 41 ans. Il entamera une longue traversée du désert, où son antigaullisme lui tiendra lieu de viatique.
Les élections législatives de novembre 1958 sont très difficiles pour l'ancien ministre, qui doit assumer toutes ses contradictions. Son opposition à de Gaulle le prive d'une partie des voix de l'électorat qu'il avait su se concilier, et les communistes se lancent dans une violente campagne contre l'ancien ministre de l'Intérieur, ancien Garde des Sceaux, qui participa à la répression en Algérie.
Dans cette 3e circonscription de la Nièvre, où il affronte un candidat Indépendant et paysan, un socialiste (SFIO), qui se maintiendra au deuxième tour, et un communiste, Mitterrand essaie de convaincre les électeurs de droite qu'il est un rempart contre le communisme: "Je puis affirmer, sous le contrôle des Nivernais, que je l'ai fait (le communisme) reculer dans ce département. Je lutterai sans faiblesse pour épargner à la France les horreurs d'une dictature collectiviste". François Mitterrand est battu, il ne lui reste plus que son mandat de conseiller général pour poursuivre une carrière politique.
LE FAUX ATTENTAT DE L'OBSERVATOIRE
La nuit du 15 au 16 octobre 1959 sera l'une de celles qui voilent le destin de François Mitterrand d'une lumière glauque. A minuit moins le quart, l'élu de la Nièvre sort de la brasserie Lipp, boulevard Saint-Germain. Il prend le volant de sa 403 pour regagner son appartement de la rue Guynemer. S'apercevant qu'il est suivi, il fait un détour par le jardin du Luxembourg, à la hauteur de l'avenue de l'Observatoire. Il arrête sa voiture, enjambe une haie et se jette à plat ventre dans le gazon. Un rafale de pistolet mitrailleur est alors tirée sur la voiture vide.
Le lendemain, l'affaire est la une de tous les journaux. L'Humanité demande la dissolution des "bandes fascistes", la SFIO est solidaire, Mitterrand est un héros. A quarante-trois ans, l'adversaire du gaullisme devient également victime des ultras de l'OAS, des activistes de l'Algérie française. Trois jours plus tard, un journal d'extrême droite, Rivarol, publie les révélations d'un des agresseurs de François Mitterrand, Robert Pesquet, qui affirme n'avoir eu d'autre commanditaire que Mitterrand lui-même, soucieux de faire remonter sa cote de popularité.
Cette affaire d'attentat bidon est catastrophique pour le sénateur de la Nièvre. Il semble qu'il ait été pris à son propre piège par des hommes exploitant, à l'encontre de leur commanditaire, les effets de cette détestable affaire. Poursuivi pour outrage à magistrat, après la levée de son immunité parlementaire, François Mitterrand bénificiera d'un non-lieu ainsi que ses "agresseurs", à la suite d'une loi d'amnistie en 1966.
PARTI PRIS
L'élection présidentielle, qui suit le départ du Général, consacrera la débâcle des socialistes. Mitterrand cherche un nouveau tremplin et ne sait où se tourner. Il frappe à la porte du PSU, que Michel Rocard, alors secrétaire général, lui claque au nez en raison de son "passé algérien". François Mitterrand ne pardonnera jamais cette attitude à Michel Rocard, qui fera désormais partie du cercle de ses ennemis les plus intimes. Finalement, François Mitterrand n'a plus d'horizon que la vieille SFIO, alors en pleine décomposition.
Guy Mollet, l'inamovible secrétaire général, essaie de ravaler cette façade lézardée en baptisant son mouvement Parti socialiste et cède la place à Alain Savary, qui représente la nouvelle gauche, celle qui ne s'est pas compromise dans l'affaire algérienne. En faisant cela, Guy Mollet a mécontenté Pierre Mauroy qui pensait être le jeune dauphin du vieil homme et Gaston Defferre qui y voit "une machination". Ce seront les deux premiers soutiens de François Mitterrand.
Pour prendre en tenailles le pouvoir du nouveau PS, Mitterrand fait également alliance avec l'aile gauche du parti, le CERES, dirigé par Jean-Pierre Chevènement. François Mitterrand devient l'architecte d'une sorte de conjuration qui, en un an, lui permet de devenir premier secrétaire d'un parti dont il n'a pas encore pris la carte.
Le congrès d'Epinay, en 1971, sacre de justesse un homme qui n'avait jamais vraiment envisagé d'entrer dans "une église socialiste". François Mitterrand apprendra néanmoins la langue et le rituel socialistes avec son aisance coutumière.
Les socialistes souffrent à cette époque de la prééminence électorale du Parti communiste. François Mitterrand a depuis longtemps compris qu'une coalition, où les communistes seraient majoritaires, n'a aucune chance de parvenir au pouvoir et que, d'autre part, il est également impossible d'y parvenir sans les communistes. Comment inverser le rapport de forces tout en se servant du PC comme marchepied pour se hisser au sommet, c'est toute l'équation que va s'attacher à résoudre le nouveau premier secrétaire avec une habileté, un talent exceptionnels.
Un an après le congrès d'Epinay, en 1972, François Mitterrand signe le programme commun avec le PC. En 1974, l'Union de la gauche et son candidat obtiendront 43,2 % au premier tour de l'élection présidentielle. Giscard d'Estaing bat François Mitterrand de quelques décimales seulement. Néanmoins, en 1977, l'Union de la gauche vole en éclats et, en 1978, la droite gagne largement les législatives. Rocard semble s'imposer comme candidat du P.S.
LE PRÉSIDENT
Une fois de plus, François Mitterrand remonte la pente et, en 1979, au congrès de Metz, il bat Michel Rocard. En 1981, à 64 ans, il se présente une nouvelle fois à la présidence de la République.
Les nationalisations seront effectuées et l'Etat acquiert 100 % des actions des entreprises concernées, alors que Jacques Delors et Michel Rocard souhaitent qu'il n'en contrôle que 51 %.
En 1982-1983, les révisions seront déchirantes et irréversibles. La réalité internationale a imposé ses lois et les gouvernements qui succéderont à celui de Pierre Mauroy reverront à la baisse les ambitions sociales des premiers mois de l'exercice du pouvoir. Les promesses formulées avant 1981 ne seront jamais rappelées, personne n'y songe, une sorte de pragmatisme consensuel s'établit. Les années de cohabitation symboliseront ce nouveau "réalisme".
Ce qui fonda l'idéologie de la gauche disparaît et François Mitterrand entérine ce changement de cap, l'inscrivant dans l'Histoire comme une fatalité. Le lien entre progrès technique et progrès social a été rompu définitivement, croissance ne rime plus avec emploi, et l'écart entre les revenus financiers et salariaux ne cesse de se creuser. François Mitterrand appose l'estampille socialiste à un libéralisme de fait et ôte peu à peu sa substance au mouvement qui l'a porté au pouvoir.
DIALOGUES AVEC LA POSTÉRITÉ
Les ministres des Finances socialistes ne cessent de donner des gages de bonne gestion aux adversaires de jadis et finissent par convaincre le monde des affaires de leur capacité à gérer un système qu'ils condamnaient et dont ils s'efforcent d'assurer la prospérité. Une partie du gouvernement socialiste fait sienne une certaine idéologie du "gagneur", dont le Tapisme est sûrement la caricature la plus évidente.
La société bougea et la classe politique n'accompagna que faiblement ce changement, n'en prenant pas la mesure, clopinant derrière l'évolution, feignant de la devancer. Ce décalage semble s'être inscrit durablement.
Si le mitterrandisme a su se concilier le monde des affaires, les "affaires", elles, mettent en lumière une dérive du pouvoir dont la gauche souffrit terriblement, ayant, pendant près d'un siècle, fait de la morale politique un de ses arguments les mieux compris. Les amis du Président deviennent les cibles de la justice, son entourage quitte la chronique politique pour passer en page faits divers.
François Mitterrand défend ses amis bec et ongles. Malgré l'incompréhension et l'intense émotion qui suivent la révélation de ses relations avec René Bousquet, l'un des organisateurs de la Rafle du Vel'd'hiv, il ne reniera pas ce lien éminemment suspect.
Source : Home.nornet.fr
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