Nigel Farage en pole position face à Marine Le Pen au Parlement européen

Les deux chefs de file des eurosceptiques français et britanniques (24 députés chacun) rivalisent pour former un groupe autour de leur formation au Parlement européen. En jeu, influence et ressources financières. A ce stade, l'avantage est à Nigel Farage. 
 
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Avec ses 24 élus, Nigel Farage, chef du parti populiste Ukip a de bonnes chances de former un groupe au
Parlement européen. Reuters/Neil Hall

Marine Le Pen n'a "aucune inquiétude sur l'existence future" d'un groupe d'extrême droite au Parlement européen. La patronne du FN s'exprimait ce mercredi à l'occasion d'une conférence de presse au Parlement européen à Bruxelles avec le leader du PVV néerlandais, Geert Wilders, et des responsables du FPÖ autrichien, de la Ligue du Nord italienne et du Vlaams Belang belge. 

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La dirigeante du parti d'extrême droite qui se revendique "premier parti de France" peine pourtant à constituer un groupe politique à Bruxelles. L'enjeu est de taille, synonyme d'influence et de ressources financières. A ce stade, la présidente du FN est distancée par Nigel Farage, le patron de l'Ukip, le parti europhobe britannique

Quelles sont les conditions pour former un groupe ?

Former un groupe impose de disposer d'au moins 25 députés issus d'au moins 7 Etats différents. Si le FN est assuré de trouver le nombre d'élus nécessaires (à lui seul il en compte 24) il risque de lui manquer deux nationalités. 

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Matteo Salvini (Ligue du Nord), Harald Vilimsky (FPÖ), Marine Le Pen (FN), Geert Wilders
(PVV) et Gerolf Annemans (Vlaams Belang), le 28 mai à Bruxelles. Reuters/Francois Lenoir

Quels sont les avantages de former un groupe ?

Il permet aux partis concernés d'accéder à la présidence de quelques-unes des 20 commissions et 2 sous-commissions du Parlement. Le président d'un groupe est associé à l'élaboration de l'ordre du jour des séances plénières, avec un droit de réponse direct en séance plénière aux présidents de la Commission européenne et du Conseil. 

Un groupe donne aussi l'assurance de disposer d'un secrétariat, avec bureaux et assistants, dont le budget est pris en charge par le Parlement. En 2013, les sept groupes sortants se sont partagés une dotation de 57 millions d'euros

Cette manne viendrait s'ajouter à l'argent versé par le Parlement européen aux partis pan-européens. Actuellement, l'Alliance européenne pour la liberté (EAF), le mouvement qui rassemble notamment le FN, le Vlaams Belang belge, le Parti pour la liberté (PVV) des Pays-Bas et le Parti de la liberté d'Autriche (FPÖ), reçoit près de 400.000 euros de subventions par an. Avec la constitution d'un groupe, la dotation pourrait atteindre, selon le nombre d'élus, entre un et trois millions d'euros par an

Où en est Marine le Pen dans sa pêche aux alliances ?

Actuellement, Marine Le Pen peut compter sur ses alliés du Parti pour la liberté (PVV) des Pays-Bas (4 élus), du Parti de la liberté d'Autriche ( FPÖ, 4 députés) et du Vlaams Belang belge (VB, 1 élu). Elle a reçu le soutien du parti autonomiste et xénophobe italien de la Ligue du Nord (5 députés). Soit 5 pays. Il lui en manque donc deux. 

Et Nigel Farage ?

Le Britannique, dont le parti est également arrivé en tête aux européennes en Grande-Bretagne compte lui aussi 24 députés. Il disposait déjà d'un groupe, "Europe libertés démocratie" (EFD) dans le Parlement sortant. Le leader de l'Ukip a exclu de s'associer à Marine le Pen, qui a très mauvaise presse en Grande-Bretagne et dans certains pays nordiques où le FN est accusé d'avoir "l'antisémitisme dans son ADN".  

Nigel Farage devrait compter sur le soutien des partis europhobes scandinaves comme les Vrais Finlandais (2 élus), les Démocrates suédois (2) ou le Parti populaire danois (4). Il pourrait également attirer le parti anti-euro allemand AfD (7 élus) et les Grecs indépendants (1) voire les 17 élus italiens du mouvement 5 étoiles de Beppe Grillo. Soit 6 pays. Il aurait bon espoir d'attirer le parti tchèque Svobodní (1 siège) et le lituanien Ordre et Justice (2 élus). Si ces promesses sont confirmées, Nigel Farage sortira donc vainqueur de cette compétition. 

Quels sont les partis hésitants ?

Le jeu reste ouvert entre Marine Le Pen et Nigel Farage pour rallier à eux le Parti europhobe polonais KNP (4 élus). Le coeur du lituanien Ordre et Justice balancerait encore entre FN et Ukip. 

Quels sont les partis exclus de la chasse aux alliés ?

Pour le moment, ni Marine Le Pen, ni Nigel Farage ne comptent s'allier avec les trois élus grecs du parti néonazi Aube dorée, les 3 élus du Jobbik hongrois ou l'élu allemand du NPD, qui représentent l'extrême droite radicale. Mais qu'en serait-il si le FN ne parvenait pas à réunir les groupes de 7 pays distincts? 

Y a-t-il d'autres groupes europhobes ?

Il existe un groupe d'eurosceptiques, ECR, emmenés par les conservateurs britanniques et le parti Droit et Justice polonais qui lutte aussi pour sa survie en raison de la concurrence de l'Ukip. 

Jusqu'à quel point les eurosceptiques peuvent-ils bloquer le Parlement européen ?

Dans tous les cas, leur influence restera réduite dans un Parlement où les quatre groupes pro-européens (centre-droit, socialistes, libéraux et Verts) se partagent 70% des sièges. 

 

Source(s) : Lexpress.fr avec Afp

Informations complémentaires :

Crashdebug.fr : Nigel Farage forever…

 


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