Nouveau rebondissement dans l'affaire Woerth

A L'heure où les langues des Banquiers de Genève se délient, un remboursement de 30 millions d'€uros, et aucun contrôle fiscal pendant 15 ans pour la 1re fortune de France, voilà qui soulève quelques légitimes interrogations...

par Sophie Louet

PARIS (Reuters) - L'Elysée s'efforce de contrecarrer les effets déstabilisateurs de l'affaire Eric Woerth sans parvenir à épuiser les rebondissements médiatiques et les attaques de l'opposition.

Dernière révélation en date, le site Mediapart affirme jeudi que le fisc a remboursé 30 millions d'euros à Liliane Bettencourt en mars 2008 au titre du bouclier fiscal, une opération qui, selon le site d'information, n'a pu se faire sans l'aval d'Eric Woerth, alors ministre du Budget.

Dans une interview à paraître samedi dans Le Figaro Magazine, le secrétaire général de la présidence de la République, Claude Guéant, intervient pour la première fois dans un feuilleton qui dure depuis deux semaines pour prendre la défense du ministre du Travail et exclure sa démission.

Mais les marques répétées de soutien de l'exécutif - Nicolas Sarkozy a défendu mercredi Eric Woerth contre "un amalgame honteux" - ne dissipent pas le malaise qui s'instille dans l'opinion et la classe politique.

Selon un sondage CSA publié jeudi dans Le Parisien-Aujourd'hui en France, l'"affaire" Woerth est jugée "grave" par 56% des Français.

Maître d'oeuvre de la réforme des retraites, Eric Woerth, également trésorier de l'UMP, est soupçonné de conflit d'intérêts dans le dossier Liliane Bettencourt, l'héritière de L'Oréal suspectée d'évasion fiscale.

Cette dernière sera vendredi l'invitée du journal de 20 heures de TF1.

L'opposition socialiste, dont les attaques contre le gouvernement ne cessent pas, estime avoir visé au coeur du système sarkozyste en dénonçant des relations "presque incestueuses" entre le pouvoir en place et le monde de l'argent.

DÎNER AVEC LILIANE BETTENCOURT

"Il y a entre les dirigeants d'aujourd'hui, le président et les membres du gouvernement une proximité trop grande entre le pouvoir politique et le pouvoir de l'argent, les milieux d'affaires et les grandes fortunes. On est dans une relation presque incestueuse", a déclaré sur Europe 1 l'ancien Premier ministre Lionel Jospin, qui sortait ainsi de sa réserve.

L'affaire embarrasse jusqu'au sein de la majorité, où le président de l'Assemblée, Bernard Accoyer, s'est dit jeudi favorable, sous conditions, à la commission d'enquête parlementaire réclamée par les députés socialistes.

"Je pense qu'il est nécessaire, quand il y a doute, quand il y a suspicion, d'arrêter cette suspicion. Rien n'est pire que la rumeur dans la République", disait jeudi à quelques journalistes l'ancien Premier ministre UMP Dominique de Villepin.

Le Monde rapporte jeudi qu'Eric Woerth, trésorier du parti majoritaire depuis 2002, a dîné le 30 janvier 2008 avec Liliane Bettencourt en son hôtel particulier parisien. Une information confirmée par le cabinet du ministre.

Sept jours plus tôt, le ministre avait remis la Légion d'honneur à Patrice de Maistre, le gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt.

Des révélations surgies en marge de l'enquête judiciaire visant le photographe François-Marie Banier, accusé par la fille du principal actionnaire de L'Oréal, Françoise Meyers-Bettencourt, d'abus de faiblesse à l'encontre de sa mère.

L'audience, qui devait s'ouvrir ce jeudi devant le tribunal correctionnel de Nanterre (Hauts-de-Seine), a été reportée sine die, le tribunal ayant ordonné un complément d'enquête relatif aux enregistrements clandestins récemment mis au jour où est cité notamment Eric Woerth. Le parquet a fait appel de cette décision.

"LÀ OÙ ÇA FAIT MAL"

"Un honnête homme comme Eric Woerth ne songe pas à prendre des précautions parce que la tentation du conflit d'intérêts ne traverse même pas son esprit", avance Claude Guéant dans Le Figaro Magazine.

"Que la gauche mette en cause et pousse à la démission un ministre à qui on ne peut rien reprocher, en travestissant délibérément l'information, est gravissime!", ajoute-t-il.

Ségolène Royal, qui avait dénoncé mardi soir sur TF1 le "système Sarkozy corrompu", juge au contraire avoir "frappé là où ça fait mal".

"Nicolas Sarkozy reconnaît lui-même cette corruption puisqu'il vient d'annoncer qu'il y aurait un remaniement ministériel à l'automne et qu'il tiendrait du compte du comportement de certains ministres", a dit l'ancienne candidate socialiste à l'Elysée sur RMC.

Le chef de l'Etat, dont la cote de popularité s'effondre à 26% dans une enquête TNS Sofres Logica, a confirmé mercredi qu'il attendrait octobre pour remanier le gouvernement, un remaniement punitif, à en croire ses dires, aux dépens des ministres coupables d'abus.

Loin du tumulte, en Aveyron, il a tout de même été interpellé jeudi sur ces écarts, notamment la surconsommation de cigares de Christian Blanc aux frais du contribuable.

Répondant à un chocolatier, Nicolas Sarkozy a voulu plaisanter - "Moi, (le chocolat), c'est mes cigares" - avant de se reprendre. "Moi je ne suis pas le genre à faire ça", a-t-il dit à propos du secrétaire d'Etat chargé de la Région capitale.

Avec Service France


Source: Reuters

Informations complémentaires :

Le Monde.fr : Affaire Bettencourt : les banques suisses chargent Eric Woerth
France-Info :
Bettencourt : les enregistrements pirates peuvent être diffusés
AFP :
Woerth et Bettencourt ont dîné ensemble en 2008, révèle Le Monde

 


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