C’est un documentaire de France 5 que je viens de voir sur LCP, suivi d’un débat. Alors le problème n’est pas nouveau, mais vu la gravité du propos j’ai tenu à le rechercher et à vous le partager.
Je confirme du reste, qu’une personne que j’avais croisé, qui était intérimaire dans le nucléaire pour EDF, m’indiquait qu’ils « déposaient » leur badge avant d’entrer dans une zone fortement contaminée.
Car si le badge indiquait qu’il avait atteint la dose de rayonnement maximal, il était « mis au vert » pendant plusieurs mois, et ne pouvait alors plus travailler…
Nous sommes tous responsables d’accepter cette dissolution de la responsabilité, avec des fois jusqu'à 8 niveaux de sous-traitance en cascade, cette course à la rentabilité est, en premier lieu, initiée par l’État qui demande toujours plus de rendement et moins de coût.
Les directeurs de centrales nucléaires se vantent même du peu d’arrêts de tranches qu’ils ont, et font la course entre eux, à celui qui aura le moins arrêté sa centrale pour la maintenance…
Ceci alors que, justement, il y a des domaines où les coûts (notamment de maintenance) ne devraient pas entrer en ligne de compte….
REAGISSEZ ou alors, vous SUBIREZ…
Bon visionnage,
F.
NUCLEAIRE - LA BOMBE HUMAINE - Mardi 10 Avril 2012 - 21:35 – France 5
ll y a un an, la catastrophe de Fukushima confrontait les autorités françaises à la question du risque nucléaire. Mais l’audit engagé depuis dans les centrales du pays le plus nucléarisé du monde, par rapport au nombre d’habitants, omet un facteur majeur : l’utilisation massive de la sous-traitance. Ce documentaire met en lumière un phénomène aux conséquences inquiétantes. Le débat sera ouvert par Carole Gaessler, qui recevra en direct sur son plateau plusieurs invités.
«Si, demain, il arrive un accident nucléaire, on va vous dire que c’est nous, les prestataires, qui sommes responsables parce qu’on n’a pas fait notre travail correctement, alerte un sous-traitant. La réalité, c’est qu’on ne nous donne ni le temps ni les moyens de le faire. » 80 % des ouvriers de la maintenance des centrales nucléaires françaises viennent désormais de la sous-traitance. Parmi ces vingt mille nomades du travail, ils sont de plus en plus nombreux à dénoncer la pression croissante sur les équipes et l’exigence de rentabilité au détriment de la qualité et de la sécurité. La leur, mais aussi celle de la population... En marge des stress tests ordonnés dans les centrales françaises au lendemain de la catastrophe japonaise, deux enquêtes officielles — l’une menée par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), l’autre par une commission parlementaire — ont pour mission d’établir un état des lieux des installations. Quelle place est réservée à l’organisation du travail ? La journaliste Elsa Fayner a enquêté auprès de ces ouvriers du nucléaire et rencontré ceux qui militent contre les dangers de cette sous-traitance à outrance : syndicalistes, avocats, chercheurs... Son documentaire montre les relations souvent délicates entre politique, sûreté nationale et nécessité industrielle.
Entretien avec Elsa Fayner, journaliste et réalisatrice :
Pourquoi vous être intéressée à ce sujet ?
Elsa Fayner : Je suis journaliste, spécialiste des conditions de travail, et cela fait quatre ans que j’enquête sur la sous-traitance dans le nucléaire. C’est un sujet qui m’inquiète depuis un moment, notamment le problème de la dilution de la responsabilité et de la transmission des informations, puisque les travailleurs sont de passage. Après la catastrophe de Fukushima, avec la société de production Chasseur d’étoiles, nous avons voulu savoir comment ce problème humain est pris en compte en France dans l’évaluation du risque nucléaire.
Pourquoi les médias français n’en parlent-ils pas davantage ?
E. F. : D’abord, il est difficile d’obtenir des images. Par ailleurs, même s’il existe une volonté de transparence de la part des centrales, les rapports d’accidents sont très techniques et complexes. On ne peut les comprendre sans se les faire traduire. Enfin, c’est une question de mentalité, car il y a une grande fierté nationale et technologique concernant le nucléaire. Le discours est très rassurant à la tête de ces entreprises : on cultive la certitude plus que le doute. Cependant, avec la dégradation des conditions de travail, certaines personnes sont prêtes maintenant à parler pour défendre leur secteur.
Quel est l’intérêt du développement de la sous-traitance ?
E. F. : Il est bien sûr économique, car elle est plus avantageuse que le coût des salariés EDF. Mais il y a également l’idée d’externaliser le risque social, comme dans beaucoup d’autres secteurs. Quant à la formation des sous-traitants, elle est souvent excellente. Le problème vient des conditions de travail auxquelles on les soumet.
Quelles difficultés avez-vous rencontrées pour réaliser ce documentaire ?
E. F. : Le plus compliqué a été de parler avec les exploitants. Ils m’ont cependant orientée vers les « correspondants facteurs humains », ces nouveaux postes créés pour adapter les machines à l’homme plutôt que le contraire. Mais cela n’a pas été possible. Heureusement, nous avons pu rencontrer des inspecteurs de l’ASN et lire leurs rapports. Nous avons également pu poser nos questions aux parlementaires qui mènent leur enquête sur le sujet. Quant à l’Etat, il semble pour le moment plus préoccupé des failles liées aux risques naturels ou terroristes qu’à celles entraînées par les conditions de travail.
Qu’est-ce qui vous a le plus surprise ?
E. F. : Ce qui m’a le plus frappée, c’est qu’il y a peu d’attention portée aux voix de plus en plus nombreuses qui alertent. On n’écoute pas les gens qui critiquent, même les membres de syndicats qui, jusqu’à présent, étaient pro-nucléaires. Dans les stress tests, les exploitants se réfèrent aux protocoles signés avec les prestataires, sans envisager les dysfonctionnements spécifiques de chaque centrale en la matière. EDF a réinternalisé certains métiers rares très qualifiés dont les compétences s’étaient perdues. Mais même si elle n’augmente pas, il n’y a visiblement pas de volonté de limiter la sous-traitance.
Quels sont les véritables risques ?
E. F. : Un incident, précédé par des problèmes de maintenance, peut prendre de l’ampleur. Un accident, c’est souvent un cumul de défaillances qui peut devenir dramatique.
Bio express :
Elsa Fayner, 34 ans, est journaliste pour le site d’information Rue89, où elle s’occupe de la rubrique Economie. Elle s’intéresse tout particulièrement au monde du travail. En témoignent son livre "Et pourtant, je me suis levée tôt..." (Panama, 2008), une immersion dans le quotidien des « travailleurs précaires », ses documentaires pour la télévision, tels que "Travailleurs à bas prix" (France 2/Capa, 2009), et, depuis janvier 2009, son blog voila-le-travail.fr. Elle a aussi travaillé sur la condition des femmes (Violences, féminin pluriel, Librio, 2007), l’environnement et le travail social, en collaborant pendant huit ans à Actualités sociales hebdomadaires.
Documentaire
Format 52 min
Auteure-réalisatrice Elsa Fayner
Production Chasseur d’étoiles, avec la participation de France Télévisions
Voici les prochains passages du documentaire « Nucléaire: la bombe humaine » sur Public Sénat :
dimanche 24/02/2013 à 18 h 50
samedi 02/03/2013 à 16 h 10
dimanche 03/03/2013 à 09 h 55
Nous vous souhaitons une très bonne projection !
Partie 1/2
Partie 2/2
Source : France5.fr
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