Comme ma femme me parlait de Thanksgiving, j’ai cru qu’il était de bon ton de vous passer ce billet fort à propos ; ). Si comme moi vous avez un enthousiasme débordant pour ces fêtes américaines, je pense néanmoins que cet article du Point devrait vous aussi vous en apprendre un peu plus, sur cet événement énigmatique, purement américain, et vous allez justement peut-être en apprendre la base historique... Alors qu’il y est question du président Obama, récemment ré-élu, on a concomitamment appris hier, via sott.fr, que notre « Prix Nobel de la paix » américain avait augmenté de 10 % les dépenses de guerre réelles. Mis en perspective avec les profits à deux chiffres de Wall Street (je vous rappelle que Ben Bernanke et sa politique du Quantitative Easing est un de ses protégés), on peut comprendre, malgré sa base « populaire » la réélection de Barack Obama. Ce qui est drôle par contre, c'est que c'est un colosse aux pieds d'argile, car quand le Point rappelle que le président « élu » Barack Obama n’a aucun pouvoir sur les 50 états composant les États-Unis. Il est intéressant de noter conjointement ce billet du Veilleur qui indique que 30 états fédérés ont eux déjà demandé à faire « sécession » sous la bannière « We the People » (lien). Soit à ne plus dépendre du gouvernement des États-Unis (qu’ils estiment ne plus représenter leurs droits), notamment en raison de la récente loi NDAA ou de l’affaire du meurtre de l’ambassadeur américain à Benghazi, ou encore l’affaire Petraeus récemment ... bref, bien loin de ce décor de carte postale au revers historique nauséeux…
La suite des événements paraît pleine de promesses pour Barack Obama et les Américains. Mais plus entre « l’Aube rouge » et un épisode « d’Au-delà du réel… » ... qu’un repas partagé en famille…
Amicalement,
F.

Pour Daniel Salvatore Schiffer (*), le président des États-Unis a pris ceux qui croyaient en lui pour les dindons de la farce
Quel grand humaniste, ce Barack Obama ! Il s'apprête en effet, son large sourire aux lèvres et sa charmante petite famille à ses côtés, à gracier deux dindes, qui viennent d'être acheminées sous escorte policière dans le luxueux hôtel W de Washington, comme il le fait chaque année, depuis son élection à la présidence des États-Unis d'Amérique. L'événement aura lieu tout à l'heure, lors d'une très officielle cérémonie, comme tous les quatrièmes jeudis du mois de novembre, à l'occasion de Thanksgiving : fête traditionnelle depuis 1671, époque des guerres amérindiennes. C'est à cette célébration populaire que remonte le premier grand repas historique que les colons anglo-saxons du Nouveau Monde concoctèrent pour remercier Dieu - d'où le nom de "thanksgiving", signifiant "actions de grâce" - de leur avoir octroyé une victoire aussi providentielle qu'inespérée (de leur point de vue) sur les indigènes. En d'autres termes, les Indiens.

Le premier génocide de l'histoire
D'où notre perplexité : étrange, donc, que ce président, Prix Nobel de la paix et dont les ancêtres furent des esclaves, se prête d'aussi bonne grâce (c'est le cas de le dire) à la commémoration de ce qui s'avéra ainsi là, via cette sanguinaire guerre de conquêtes territoriales, le prélude au premier génocide - la quasi-extermination des Indiens d'Amérique, précisément et, plus tard, leur abjecte concentration en d'infâmes réserves dites "naturelles" - de l'histoire moderne !
Mais passons : il est vrai qu'Obama, qui n'aura strictement rien fait jusqu'ici pour mériter les honneurs de l'Académie d'Oslo, hormis quelques beaux discours théoriques (c'est plutôt le prix Nobel de littérature, censé récompenser phrases et mots, qu'il aurait alors fallu lui attribuer), n'en est plus à une contradiction ni à une baliverne près. Que la nation que ce bavard préside depuis maintenant près de cinq ans - et que l'on dit par ailleurs être (sans rire) la plus grande démocratie du monde - occupe la troisième place du podium en matière de peine capitale, juste derrière l'Iran et la Chine, mais avant même les dictatures religieuses pratiquant la charia (l'Arabie saoudite, le Bahreïn, le Qatar, la Somalie...), ne semble pas trop le déranger. Pas un seul petit mot, en effet, n'a jamais été prononcé par son illustre personne, pourtant friande donc de belles paroles, à l'égard des condamnés à mort de son pays, où la Californie vient par ailleurs de rejeter, à une écrasante majorité, l'abrogation de la peine de mort.
Exécutions capitales
Pensez : 218 exécutions par injonction létale (l'un des pires supplices qui soit) ont déjà été effectuées depuis que Barack Obama a été élu président des États-Unis, en 2008, sans que celui-ci trouve à redire, du moins publiquement, ni même bronche ! À ceux qui voudraient le détail des chiffres, en ce macabre décompte d'assassinats légalisés (il est vrai très "high-tech" malgré parfois leurs très cruels "ratés" pour les plus inexpérimentés de ces bourreaux) dans les pénitenciers yankees, le voici donc : 37 en 2008 ; 52 en 2009 ; 46 en 2010 ; 43 en 2011 ; 40 pour l'instant en 2012. Une bonne et très stable moyenne, apte à satisfaire ces tortionnaires en col blanc et cravate "regimental" qui ne jurent que par la Bible : "In God we trust", assure même, dans un bel encadré sur fond de billet vert, le sacré dollar !
Certes sais-je pertinemment bien que le président américain, aussi puissant soit-il, ne dispose d'aucun pouvoir au sein des 33 États (sur les 50 qui composent les États-Unis) pratiquant encore cet inique et barbare châtiment. C'est là une prérogative, quasiment exclusive, de leur gouverneur respectif. Mais enfin, les abolitionnistes (dont je suis) de la peine de mort s'attendaient tout de même à ce qu'un homme aussi influent que Barack Obama profite de son incomparable stature politique, auréolée du très prestigieux prix Nobel de la paix de surcroît. Ils espéraient qu'ils tentent d'infléchir un tant soit peu, nanti de sa bonne parole justement, la conscience de ceux qui décident ainsi, sans pitié ni remords et avec une insensibilité défiant tout cynisme, du sort - la vie ou la mort - de dizaines d'êtres humains, et parfois, qui plus est, innocents (tels Troy Davis ou Hank Skinner, tous deux victimes d'une terrible erreur judiciaire) ou à la limite de la déficience mentale (telle Teresa Lewis, qui, à l'époque du crime dont elle a été accusée, était sous l'emprise du véritable meurtrier).
D'où cette seconde perplexité : que ne sont-ils donc, ces pauvres hommes et femmes retenus captifs dans les angoissants couloirs de la mort, des dindes ? Peut-être auraient-ils ainsi un jour la chance, paradoxalement, de trouver grâce aux yeux de l'inénarrable Obama, ce démagogue hors pair (avec un autre silence assourdissant, allié à une non moins consternante inaction, sur le processus de paix au Proche et Moyen-Orient, sur le camp de prisonniers de Guantánamo, sur le port d'armes à feu, sur l'émergence de l'intégrisme islamiste au sein des révolutions arabes...), dont les plus naïfs d'entre nous - ceux qui ont cru un peu trop rapidement à ses discours de circonstance et autres vaines promesses - se révèlent être aujourd'hui les dindons de la farce !
(*) Philosophe, auteur de "La Philosophie d'Emmanuel Levinas - Métaphysique, Esthétique, Ethique" (Presses Universitaires de France), porte-parole francophone du Comité International contre la Peine de Mort et la Lapidation ("One law For All"), dont le siège est à Londres.
Source : Lepoint.fr
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