Opération Bourgi pour protéger Djouhri : la confirmation

La simultanéité des sorties des affaires Bourgi et Djouhri (ne manquez pas Marianne du samedi 10.09.2011) m'avait interpellé, et l'on sentait bien que ces remords et autres révélations dans l'affaire Bourgi  étaient feints, ou en tout cas parcellaires, voire carrément instrumentalisés. Aussi les révélations de Marianne aujourd'hui ne me surprennent qu'à moitié...

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Louison

Pourquoi Robert Bourgi a-t-il donné son scoop au Journal du Dimanche sur les valises de billets de Bongo attribuées à Dominique de Villepin et à Jacques Chirac ? Enquêtant à chaud, Marianne avait écrit ceci dans son numéro du 752 publié le 16 septembre : 

Le feu orange de Guéant :

L'interview de Bourgi a-t-elle été téléguidée ? Par Nicolas Sarkozy pas forcément : selon une source proche de l'Elysée, il n'en aurait parlé au téléphone avec Bourgi que dimanche après-midi. Sarkozy ne semblait d'ailleurs pas mécontent.... En réalité, les hommes de l'Elysée savent depuis cet été que Bourgi veut se faire Villepin et aussi Juppé, également dénoncé dans le JDD pour avoir reçu des subsides lors de la création du Club 89 (en réalité d'ailleurs, Bourgi se trompe réellement sur les dates : ce n'est pas à la création mais un peu plus tard que Bongo a aidé ledit Club). Et, selon plusieurs sources proches de l'Elysée, Claude Guéant a donné à Bourgi un « feu orange » pour l'interview. En comprenant le message subliminal que Bourgi adresse au président et que traduit un élysologue : « Pour le moment je te protège. Mais si je continue à être méprisé, humilié, voire écarté (comme Juppé le souhaite depuis son arrivée au ministère des Affaires étrangères), je n'aurais plus rien à perdre et je pourrais alors balancer aussi des choses sur toi. » L'attaque contre Le Pen, le lendemain de l'interview, suppose probablement la concertation avec Claude Guéant.

Sur tous ces points, l'enquête de l'hebdomadaire Jeune Afrique confirme l'analyse de Marianne : l'Elysée a, si ce n'est provoqué, du moins accompagné puis contrôlé l'opération Bourgi. Elle apporte même des informations supplémentaires sur la réaction du Président :
Bourgi retourne dans sa boîte

Nicolas Sarkozy lui aurait téléphoné le dimanche matin vers 10h30 :  

« - Robert, tu as mis le feu ! 

Oui, Nicolas, comme Johnny au Stade de France. » 

Puis, c’est Claude Guéant : 

« - Robert, que t’arrive-t-il ? » 

Ce que Bourgi ne dit pas, mais que d’autres sources racontent, c’est la suite. L’avocat est convoqué à l’Élysée l’après-midi à 16h30, après un passage dans le bureau de Guéant, Place Beauvau. Il y entre par la grille du Coq. Le président l’attend, furieux : « C’est du grand n’importe quoi ! Ce que tu dis va servir nos ennemis ! Qu’est-ce qui t’a pris ? » Puis l’orage passé, on discute, en présence de Guéant, sur le thème du comment limiter les dégâts et peut-être du comment exploiter ce qui peut l’être. Est-ce au cours de cet entretien qu’est mis au point le plan médiatique du lendemain et qu’est échafaudée l’idée d’ajouter Jean-Marie Le Pen sur la liste des bénéficiaires de valises ? Bourgi, on l’a dit, est muet sur cela, mais c’est possible et peut-être probable. Puis on se sépare sur une promesse de l’avocat : à partir du lundi 12 au soir, il fera silence et n’accordera plus aucun entretien. 

Nous avons pu vérifier par nous-même le fait que Robert Bourgi, après sa sortie sur Le Pen, s'est mis aux abonnés absents : son numéro de téléphone portable ne fonctionne plus.

La manip étant terminée, et les médias invités à regarder du côté de Villepin et Le Pen plutôt que de celui de Sarkozy et Djouhri, le diable Bourgi pouvait tranquillement rentrer dans sa boîte pour une sieste bien méritée.
 
Source : Marianne2.fr
 

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