Le Premier ministre Benjamin Netanyahou, en août.Credit : Sharia Diamant
"Ce que nous faisons à l'ennemi se répercutera sur plusieurs générations", a promis le Premier ministre Benjamin Netanyahou dans son discours creux de lundi. Au lieu de cela, il aurait dû adopter la célèbre déclaration de Menachem Begin en 1983, "Je ne peux pas continuer", qui a été faite après qu'il ait lui aussi pensé que ce qu'Israël a fait au Liban pendant la première guerre du Liban se répercuterait sur plusieurs générations.
Menachem Begin a démissionné pendant cette guerre et a été remplacé par Yitzhak Shamir. Avec son départ, le mensonge consensuel selon lequel on ne peut remplacer un premier ministre en temps de guerre s'est également effondré.
- L'insouciance de Netanyahou a provoqué la guerre en Israël
- Les corps s'empilent dans la ville frontalière israélienne de Sderot, sur fond de tirs de roquettes.
Israël est aujourd'hui dirigé par un chef corrompu, un accusé criminel qui, il y a quelques instants, consacrait tous ses efforts à la réalisation d'un coup d'État judiciaire. Il a dressé les gouvernements occidentaux contre lui et sapé les relations avec l'administration américaine. Il a fait de l'armée, du service de sécurité Shin Bet et d'une majorité de la population des ennemis du peuple. Et maintenant, il entraîne le pays dans une guerre dont personne ne connaît les objectifs précis, et encore moins l'issue.
Ce premier ministre ne reconnaît même pas la nécessité d'un gouvernement d'urgence national, car il est persuadé d'être irremplaçable. Il se compare maintenant au président ukrainien Volodymyr Zelenskyy, un vrai leader qui s'est battu courageusement contre une invasion de superpuissances. Pourtant, Netanyahou lui-même a passé des années à nourrir l'ennemi qui a envahi Israël cette semaine sans entrave, sous sa surveillance, en raison de son terrible échec, sans accepter ne serait-ce qu'une once de responsabilité.
Peu avant le début de cette guerre, dans le théâtre chauffé mais climatisé de la salle d'audience, une guerre pour la survie politique de Netanyahou était en cours. La Cour suprême se demandait s'il était possible de le déclarer inapte parce qu'il avait violé son accord sur les conflits d'intérêts. "La pétition vise essentiellement à déclarer, sans aucune autorisation légale, que des millions de citoyens ont pris la peine d'exercer leur droit de vote en vain", a-t-il fait valoir pour sa défense.
Ces mêmes millions d'électeurs, qui ont donné à sa coalition gouvernementale 64 sièges à la Knesset, ont depuis perdu des centaines de leurs proches. Des milliers de leurs amis ont été blessés. Leurs proches ont été enfermés dans des salles sécurisées pendant des heures, dans une terreur paralysante, alors qu'ils essayaient de savoir ce qui était arrivé à leurs proches sans pouvoir obtenir de réponses. Et ils ne savent toujours pas ce qui les attend.
Ont-ils donc l'obligation de rester fidèles au vote qu'ils ont émis il y a 11 mois, alors que la situation était "merveilleuse" ? Leur vote lui donne-t-il le droit exclusif, absolu, irrévocable de conduire Israël dans une guerre dont il ne connaît même pas la fin, sans plan ni objectif ?
Après tout, il s'agit du même premier ministre, du même menteur récidiviste qui, comme le constatent aujourd'hui nombre de ses électeurs, n'est guidé que par un seul principe : sauver sa peau. A-t-il soudainement eu une révélation qui l'a amené à comprendre également le bien du pays ? Est-il même apte à déterminer ce qu'implique le bien du pays ? Son appel à l'"unité nationale" n'a aucun sens lorsque c'est lui qui détermine qui est apte à être un partenaire de cette unité.
Il s'agit également du même premier ministre qui a exploité la légitimité publique acquise il y a 11 mois pour mettre un pistolet sur la tempe de l'État - d'abord par sa guerre contre la démocratie, et maintenant dans sa course folle vers une guerre de vengeance. L'arme est toujours sur la table, et le prix à payer n'est pas seulement la destruction de notre démocratie, mais aussi celle de la vie des Israéliens.
Plus d'une centaine d'Israéliens sont aujourd'hui emprisonnés, dans une peur terrible, dans des caves et des tunnels de la bande de Gaza. Et peut-être ont-ils déjà entendu les remarques du fanatique ministre des finances sicarii, Bezalel Smotrich, qui les considère comme des dommages collatéraux dont il ne faut pas tenir compte dans cette guerre sainte.
Un tel premier ministre est totalement disqualifié - même si, juridiquement, il peut se réfugier derrière une disposition de la loi, et même si le tribunal juge qu'une nouvelle loi interdisant au procureur général de le déclarer inapte est un modèle de bonne législation.
Benjamin Netanyahou ne deviendra pas soudainement un dirigeant dont on peut attendre qu'il accepte des responsabilités. C'est un chef de gang qui doit être déresponsabilisé, même, et peut-être surtout, en temps de guerre. Netanyahou "ne peut pas continuer".
Source(s) : Haaretz.comHaaretz.com via FA Twitter
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