Palantir a-t-il vu venir la guerre ? (La-chronique-agora.com)

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Bonjour, sommes-nous entrés dans la 3e guerre mondiale ce Week end ?

Palantir

Minority Report

rédigé par Philippe Béchade 2 juin 2025
 

Palantir a-t-il correctement évalué les risques géopolitiques ? Parce qu’à ce prix-là…

Les événements du week-end et les attaques massives de drones ukrainiens contre les capacités nucléaires russes sont un cas de déclenchement d’une riposte également nucléaire, non seulement contre le pays qui aurait franchi cette ligne rouge absolue, mais également contre tout pays qui lui aurait apporté son assistance, ce qui lui confère le statut de co-belligérant.

Et comme il s’agit d’une opération coordonnée sur différents sites distants de milliers de kilomètres sur le territoire russe, cela ne peut avoir été accompli qu’avec l’aide de l’OTAN.

Selon la doctrine russe, parfaitement connue des dirigeants occidentaux et des responsables de l’OTAN, dont Mark Rutte qui en est le patron en Europe et qui a forcément donné le feu vert à Zelensky pour déclencher l’opération du week-end, nous – c’est-à-dire tous les pays qui ont apporté leur concours à l’Ukraine – sommes depuis ce dimanche 1er potentiellement déjà en guerre avec la Russie.

Autrement dit, tout ce qui va suivre dans cette chronique est peut-être devenu totalement secondaire dans un monde qui vient peut-être de basculer.

Mais non, n’y pensons plus, oubliez ça aussi vite que vous l’avez lu !

Pour écarter du revers de la main ce genre de sombre perspective, il suffit de se tourner vers les « marchés » : pour eux, il n’allait rien se produire de fâcheux (doux euphémisme) sur la planète ce week-end.

Et maintenant que cela s’est produit – comme nous pouvions le redouter à la lumière des dernières déclarations de Friedrich Merz, autorisant des frappes sur la Russie sans restriction et par tout moyen à la disposition de l’Ukraine –, les « marchés » continuent de se comporter comme s’il ne s’était rien passé et que le risque de guerre OTAN/Russie demeurait inexistant.

Malgré le risque d’escalade du conflit russo-ukrainien vers une dimension planétaire, le mois de mai 2025 – l’un des plus bullish de l’Histoire – a vu le S&P 500 engranger +6,2 % (plus forte hausse depuis novembre 2023) et le Nasdaq, +9,5 % depuis le 30 avril.

La reprise en « V » d’avril/mai est la plus puissante de l’histoire de Wall Street, et constituera, quoi qu’il arrive ultérieurement, la « référence » – non, c’est bien trop banal –, le triomphe ultime de l’incantation « buy the dips« , devenue cette fois, c’est incontestable, de la magie à l’état pur.

La Nasdaq a engrangé 29 % en ligne droite, le DAX 40 +31 % :

  • sans baisse de taux ;
  • sans planche à billet ;
  • sans signal positif côté croissance US ;
  • sans accord commercial sino-américain ;
  • sans révision à la hausse des bénéfices ;
  • sans rebond de la confiance des ménages.

Mais en revanche :

  • avec un krach obligataire au Japon ;
  • avec des émissions de T-Bonds problématiques (sans le Japon) ;
  • avec Donald Trump qui durcit le ton face à l’Europe ;
  • avec la mise en place d’embargos à l’encontre de la Chine ;
  • avec une riposte symétrique de Pékin sur les terres rares ;
  • avec Trump qui annonce le doublement généralisé des droits de douane sur l’acier importé, passant de 25 % à 50 % ;
  • avec l’Allemagne qui autorise tout moyen de frapper la Russie « en profondeur » ;
  • avec des Européens déterminés à saboter tout processus de paix en Ukraine (c’est fait) ;
  • avec Trump qui déclare que Poutine est devenu fou ;
  • avec un décret présidentiel qui impose désormais le partage d’informations entre agences fédérales, via la plateforme Foundry déjà déployée par Palantir dans plusieurs ministères clés.

Les satellites Starlink d’Elon Musk permettront de suivre en temps réel les mouvements de tous les abonnés, aux Etats-Unis bien sûr, mais également sur la planète entière.

Autrement dit, Trump a fait officiellement appel à Palantir pour créer une base de données complète ciblant tous les citoyens américains, traquant leurs moindres faits et gestes, ce qui commence à ressembler furieusement à un système de contrôle à la chinoise.

Cette décision serait à l’origine de la nouvelle envolée de Palantir ce 30 avril (+7,7 %) pour un nouveau record absolu à 181 $.

En réalité, cela fait presque deux décennies que Palantir collabore étroitement avec la CIA (son tout premier et unique client à l’origine en 2008), puis la NSA et d’autres agences gouvernementales pour l’espionnage des citoyens et entreprises américaines… ainsi que leurs concurrentes, ainsi que leurs dirigeants, mais aussi salariés, clients, etc.

La CIA et la NSA espionnent tout le monde ; l’outil analytique – et probabiliste – basé sur l’IA générative de Palantir est au coeur du dispositif visant à violer en permanence nos libertés fondamentales, en instaurant de fait une « société du contrôle » à bas bruit.

Vous m’objecterez que la CIA ou la NSA n’ont pas absolument besoin de Palantir pour tout connaître de nous, puisque des milliards d’utilisateurs étalent spontanément leur vie, en images, vidéo et leurs opinions politiques et confessionnelles en continu !

Mais répétons-le, Palantir tente de faire advenir un monde à la Minority Report. C’est si critique d’un point de vue social et sociétal que l’entreprise a comme client quasi unique les gouvernements : celui des Etats-Unis n’est pas le seul, mais il est de très loin le principal.

Palantir – et vous pressentiez que cela avait quelque chose à voir avec le rallye sans précédent d’avril/mai – est la valeur emblématique du rebond sans précédent évoqué en préambule.

Les particuliers se ruent sur les valeurs les plus chères, et Palantir fut leur choix N°1, ce qui par un phénomène autoréalisateur, entretient le « momentum » le plus irrésistiblement haussier (+75 % en 2025) que l’on ait pu observer sur une des valeurs phares du Nasdaq en mai.

A l’autre bout du spectre boursier, nous trouvons BHP Billiton, la plus grande et la plus rentable des sociétés minières au monde, qui fait une performance zéro depuis le 1er janvier, malgré des milliards de dollars (oui, je sais, c’est d’abord en livres sterling) de profits.

Comparons maintenant ces deux valeurs, non pas leur parcours – tellement dissemblables – mais leurs caractéristiques boursières…

  • Palantir affiche une capitalisation boursière de 315 milliards de dollars contre 125 milliards de dollars pour BHP.
  • BHP réalise un chiffre d’affaires 18 fois supérieur (54 contre 3,1 milliards de dollars).

Alors cela s’explique peut-être par les bénéfices ?

Raté : ceux de BHP sont presque 20 fois supérieurs avec 11,4 milliards de dollars contre 0,6 Mds$.

Peut-être que Palantir n’est pas si cher pour son secteur ?

Son PER est de 573 (plus de 10 fois la moyenne des « technos » les plus fortement valorisée), contre 11 pour BHP. Son ratio valorisation/chiffre d’affaires est de 100 contre 2,3 pour le conglomérat britannique (un des ratios les plus faibles du monde).

Palantir est donc la valeur affichant une capitalisation de plus de 100 Mds$ la plus chère de tous les temps.

BHP-Billiton a pratiquement tous les groupes industriels de la planète comme clients, Palantir n’a qu’une poignée de clients.

Mais BHP-Billiton n’est pas capable de prédire l’avenir (juste de rendre compte de la réalité de la demande à un instant « T », ce qui donne tout de même une idée de l’activité économique mondiale future), alors que Palantir, l’entreprise qui passe au crible de l’IA le plus de data sur la planète, ambitionne d’anticiper les moindres bouleversement sociétaux et géopolitiques avant qu’ils se produisent.

Et Palantir n’a émis aucun warning contre une éventuelle crise de la dette ou de conflit apocalyptique à l’échelle planétaire.

Souhaitons que Palantir, et ceux qui lui accordent un statut d’oracle, aient raison.

Si Palantir s’est planté, c’est que ses « modèles » ne valent rien… et cela risque de se payer cher en Bourse.

A condition qu’il existe encore des Bourses !

 

Source : La-chronique-agora.com


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mich
A partir du moment où on a officiellement fourni des armes pour faire la guerre à la Russie, pour elle, on est rentré en guerre. Donc ça ne change rien de ce point de vue.
Maintenant on peut penser que cette attaque d'un niveau supérieur va changer la riposte de la Russie. Mais je ne le pense pas car le Russie et ses quelques alliés est seule face au reste du monde quasiment. Les amerloques n'attendent qu'une chose, une bonne excuse pour rentrer en guerre de front, donc pour tenter de précipiter ça, ils font leurs petits coups de pute pour provoquer une réaction d'ampleur côté russe. Ce scénario vous rappelle rien ? La Russie est d'une certaine manière dans la position de l'Allemagne en 39. Attaquer à l'arme nucléaire signerait sûrement leur fin. On est pas dans une baston de café où on réagit à chaud mais dans de la géostratégie qui peut détruire des continents. Il ne va rien se passer de notable sauf une riposte proportionnée et sûrement un renforcement de sécurité.
Voilà mon avis.

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