Il faut bien trouver de l'argent pour payer les JO 2024...

Les automobilistes qui rechignent à payer leur stationnement, soit 90% des visiteurs à Paris, devront y réfléchir à deux fois car les pénalités vont exploser.
Attention aux prunes cet hiver ! Vous ne le savez peut-être pas encore, mais des centaines d'agents assermentés, employés par des entreprises privées, vont bientôt commencer à arpenter les rues de Paris à la recherche des fraudeurs d'horodateurs. Officiellement, ils ne seront aux manettes qu'au 1er janvier prochain, mais une "marche à blanc" est lancée dès à présent.
Après un appel d'offres, deux entreprises se sont réparties les arrondissements parisiens (3 lots en tout, deux pour Streeteo, un pour CSV) pour traquer les automobilistes qui rechigneraient à verser leur obole. Avec un cahier des charges très ambitieux : "réaliser au moins 25.000 contrôles par jour sur chaque zone" au nom de la Mairie de Paris, a détaillé mercredi l'adjoint en charge des Transports, Christophe Najdovski, qui prévoit ni plus ni moins qu'un "big-bang du stationnement" dans la capitale.
L'amende passe de 17 à 50 euros
La "municipalisation du stationnement" comme elle est appelée dans le jargon, c'est-à-dire l'entrée dans le giron de compétences des municipalités du contrôle du stationnement payant (le stationnement gênant reste lui à la charge de la Préfecture de Police), a été voté en 2014 dans la loi dite MAPTAM.
Le texte permet aux villes de fixer elles-mêmes le tarif du stationnement ainsi que le montant du "forfait post-stationnement" (dit FPS), qui remplace l'amende, le stationnement étant désormais dépénalisé. Terminé la contravention unique de 17 euros dans toute la France, chaque mairie est libre de fixer son FPS pour peu qu'il soit en corrélation avec la tarification appliquée.

A Paris, le montant du FPS a ainsi été fixé à 50 euros, "mais peut être revu par un simple vote du conseil municipal", précise Christophe Najdovski qui détaille la future tarification du stationnement en surface. La mairie conserve donc le tarif de 4 euros/heure dans le centre de la capitale (2,4 euros pour les arrondissements dits "périphériques"), mais elle fait sauter la limitation obligatoire à deux heures.
Seulement, "comme l'objectif est d'inciter à la rotation des places", le tarif des heures supplémentaires est majoré. Et pas qu'un peu ! "La troisième heure sera à 8 euros, la quatrième à 10 euros... et la 6e à 12 euros", détaille l'adjoint d'Anne Hidalgo. Montant à payer si vous stationnez en surface 6 heures consécutives : un peu moins de 50 euros !
"Un niveau qui justifie le montant de l'amende, estime l'adjoint qui cite alors les tarifs en vigueur des contraventions dans d'autres grandes villes : 60 euros à Lyon, 100 euros à Londres, 90 euros à Barcelone ou 55 euros à Amsterdam. C'est un montant suffisamment dissuasif. L'objectif ce n'est pas le matraquage, mais que les gens payent leur stationnement".
Aujourd'hui, "une chance sur 15 d'être verbalisé"
Ce qui est loin d'être gagné si l'on en croit les chiffres de la mairie. "Aujourd'hui, pour les visiteurs, on a un taux de respect (paiement dans les parcmètres) de 10% et la probabilité d'être verbalisé n'est que d'une chance sur 15", avance Christophe Najdovski. Conséquences, le manque à gagner pour les caisses de la ville est estimé à "300 millions d'euros par an", selon les services financiers. Avec l'aide de ses nouveaux prestataires, la Mairie de Paris a inscrit dans son budget préparatoire un montant de "330 millions d'euros" dans sa case recette. Un sacré jackpot en perspective pour un service qui ne lui coûtera que 10 millions d'euros par an (hors bonus) de frais de fonctionnement versé à ses deux prestataires.
Pour mener à bien leurs opérations de contrôles, les deux sociétés choisies (CSV et Streeteo) vont s'appuyer sur des véhicules (voitures et scooters électriques) qui effectueront des maraudes et pourront "flasher" les plaques d'immatriculation pour les comparer au fichier centralisé des horodateurs. "Mais ces véhicules ne pourront pas verbaliser automatiquement, ils serviront juste pour le repérage. Le contrôle sera toujours effectué par un agent", précise Xavier Heulin, le responsable de CSV (un groupement d'entreprises autour de la Caisse des Dépôts).
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Il s'agit avant tout d'une question juridique, la CNIL ayant interdit le contrôle automatique. Au grand dam des acteurs du secteur, qui jurent la main sur le coeur qu'ils ne sont "pas intéressés sur le nombre PV dressé". En revanche, dans le contrat d'une durée de 6 ans, figure bien une clause en cas de bon résultat. Plus les Parisiens paieront volontairement leur stationnement, plus les prestataires toucheront d'argent.
Résumé des nouvelles règles au 1er janvier 2018
Le prix du stationnement reste à 4 euros/heure les deux premières heures dans le centre et 2,4euros/heure dans les arrondissements périphériques.
Il passe à 8 euros la troisième heure, 10 euros la quatrième et jusqu'à 12 euros la sixième et dernière heure.
La contravention de 17 euros devient un "forfait post-stationnement" de 50 euros pour le centre de Paris (du 1er au 11e arrondissement) et de 35 euros en partie périphérique (du 12e au 20e arrondissement)
Les montants sont minorés pour un règlement effectué dans les 96 heures (de 50 à 35 euros et de 35 à 24,50 euros). Le FPS sera décompté des sommes déjà versées en cas de dépassement d'horaire.
Il sera possible de contester le FPS auprès du prestataire.
Environ 260 agents seront sur le terrain tous les jours pour effectuer un minimum de 75.000 contrôles/jour dans toute la capitale.
Source : L'Express.fr
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