L'homme du Puy-du-Fou, presque retraité de la vie politique, se lâche sur Paris Première, où il répondait aux questions de Natacha Polony dans "Polonium".
Quand deux souverainistes se rencontrent, qu'est-ce qu'ils se racontent ? Des histoires de souverainistes. Natacha Polony et Philippe de Villiers ont donc passé un bon moment lors de leur entrevue dans le cadre de Polonium, le talk-show de Paris Première, diffusé vendredi soir à 23 h 15. En confiance, l'ancien député européen, auteur du best-seller Le moment est venu de dire ce que j'ai vu (*) (240.000 exemplaires), a lâché ses coups : « Les hommes politiques qui sont au pouvoir depuis 40 ans sont des criminels », coupable, selon lui, d'une « haute trahison ». Celle d'avoir bradé la souveraineté française pour le « libre-échangisme, le mondialisme, l'islamophilie et le migrationnisme ».
Un monde noir ou blanc
Convaincu de vivre une « guerre civile » depuis les attentats, de Villiers n'y va pas avec le dos de la cuillère en caricaturant les positions de la classe politique, droite et gauche confondues. Comme si, depuis Maastricht, le monde politique français était divisé en deux camps : l'un représentant le paradis (la France comme patrie idéale protectrice aux vertus morales, intellectuelles et esthétiques) ; l'autre, celui des « mondialistes » qui seraient composés de vendus et qui « pensent que la France n'a plus rien à dire ». Alors que le juste milieu existe entre la tradition et l'ouverture, que l'un n'exclut pas l'autre, voire que les deux s'enrichissent. Mais non. Le monde est forcément noir et blanc, avec les bons et les méchants.
« Pourquoi les gens décrochent ? s'interroge-t-il. Parce qu'on nous dit : Moins il y aura de frontières, plus il y aura de sécurité. Plus il y aura de mosquées, moins il y aura d'islamistes. Plus il y aura de migrants, moins il y aura de chômage. [...] Mais à un moment donné, ça ne marche plus. » Ses propos sentent la sincérité quand il estime qu'il ne faut pas confondre la laïcité – « inventée par Jésus-Christ » – et le laïcisme qui débouche sur la radicalisation : « Quand on ne propose plus à nos jeunes nos gloires, nos drames, nos larmes, et même nos élans spirituels, ils vont chercher ailleurs d'autres drames, d'autres larmes, d'autres gloires et d'autres élans spirituels. »
Il reproche à François Hollande et Nicolas Sarkozy d'avoir aboli toute « sacralité » dans l'exercice du pouvoir. Alain Juppé prend une vanne sur son âge : « Juppé, il a commencé sa carrière sous Deschanel. Non, un peu plus tard. » Philippe de Villiers (né en mars 1949) exagère un peu, car il n'est guère plus jeune que le maire de Bordeaux (août 1945)... Bon, mais pour un bon mot, passons.
(*) Albin Michel.