Radars privatisés : les Français craignent une multiplication des amendes

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Radar Prive 08 04 2017

À partir de janvier 2017, les radars embarqués vont être gérés par des sociétés privées. L'association 40 millions d'automobilistes dénonce un moyen de faire davantage de bénéfices en flashant plus. Au gouvernement, on assure qu'il n'y aura pas plus de contraventions.

Fini les policiers et gendarmes dans une voiture banalisée. Les radars embarqués seront bientôt gérés par des sociétés privées qui prendront le volant des voitures banalisées. Objectif : lutter contre la mortalité routière, après une nouvelle hausse de 2,4% l'an dernier, et réaffecter les forces de l'ordre à d'autres missions. Une mesure fraîchement reçue par les automobilistes : 83% des Français n'apprécient pas la proposition, selon un sondage Harris Interactive pour 40 Millions d'automobilistes, révélé par Le Parisien.

Bernard Cazeneuve avait évoqué l'idée de faire appel aux sociétés privées pour réaliser les opérations de contrôle en novembre dernier. «Ces contrôles sont extraordinairement chronophages et prennent beaucoup de temps aux forces de l'ordre», expliquait alors le ministre de l'Intérieur. Un temps précieux que Bernard Cazeneuve voulait concentrer sur «la lutte contre le terrorisme, la maîtrise des flux migratoires, la sécurité publique». L'expérimentation commencera à partir de fin août, avant d'être généralisé probablement en janvier 2017.

«On privatise juste l'action de bouger la voiture, avec un chauffeur qui va se promener avec ce radar. On va dire avant au chauffeur par où il doit passer et après vérifier qu'il l'a bien fait. On contrôlera tout ce qu'il va faire dans le cadre d'un marché public, a déclaré à l'AFP Emmanuel Barbe, délégué interministériel à la sécurité routière. L'entreprise privée ne participe en rien à la constatation de l'infraction».

Radar Prive Encart 08 04 2017

Mais les automobilistes craignent surtout que cette privatisation entraîne une multiplication des contraventions. Ils sont d'ailleurs 86% à redouter que les sociétés privées ne réalisent des contrôles qu'aux endroits les plus favorables pour verbaliser, précise l'étude, et 76% à penser que les montants des amendes vont augmenter. L'association vient de lancer une pétition en ligne, «Souriez vous êtes flashés», pour s'opposer à la mesure. «Les radars ne peuvent pas être gérés par des sociétés privées dont l'objectif est la réalisation de bénéfices et qui flasheront à tout-va», argue dans Le Parisien Pierre Chasseray, délégué général de l'association «40 millions d'automobilistes».

Les associations en désaccord

Les amendes représentent en effet une véritable manne financière. En 2015, les automobilistes ont écopé de 26 millions de contraventions, ce qui a permis à l'État d'engranger 1.671 milliard d'euros, selon une étude de l'association «40 millions d'automobilistes». «La rétribution des prestataires agréés ne dépendra pas du nombre d'amendes», assure de son côté le délégué interministériel à la sécurité routière, dans Le Parisien. En clair, d'après lui, les entreprises ne seront pas encouragées à flasher plus pour gagner plus...

Dénonçant les «protestations indécentes et criminelles» de 40 millions d'automobilistes, Maître Jehanne Collard, avocate spécialisée dans la défense des victimes, déclare dans un communiqué : «Leurs arguments sont de la pure désinformation. Ils insinuent que les sociétés privées feront du chiffre, poussées par l'appât du gain. Et ils passent sous silence que la police conserve l'analyse des flashes et que c'est l'Etat qui encaisse les contraventions des conducteurs pris en faute.»

Côté associations de sécurité routière, les réactions divergent. La ligue contre la violence routière se dit favorable à la mesure. «Nous avons été les premiers à réclamer cette mesure de sous-traitance. Cela permettra de réaffecter les gendarmes et policiers à d'autres missions prioritaires comme les contrôles d'alcoolémie ou de comportements dangereux», explique Chantal Perrichon, présidente de la Ligue, au quotidien. L'accueil est en revanche plus mitigé du côté de la Prévention Routière qui voit dans cette mesure un «message d'impunité». «Lorsqu'on est verbalisé par un gendarme ou un policier, le message est plus pédagogique qu'un flash ou qu'un PV qu'on reçoit une semaine plus tard dans sa boîte aux lettres, expliquait l'association au Figaro. Il faut des gendarmes au bord des routes.»

 

Source(s) : LeFigaro.fr via Contributeur anonyme

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