On vous avait parlé des révélations du commandant Philippe Pichon à propos du fichier STIC, où c'est la présomption de culpabilité qui prévaut sur 36.000.0000 de fiches, concernant 1 Français sur 2, mais avec 87 % d'erreurs, car jamais remis à jour... Je ne m'explique pas la passivité de la CNIL (ici comme ailleurs) qui corrobore les faits dès 2009...

Ikea n’est visiblement pas la seule entreprise à avoir recours aux services de policiers complaisants pour recueillir des renseignements sur ses salariés, délégués syndicaux et clients mécontents. Sur France Info, un ancien commandant de police révèle que la pratique est monnaie courante.
Après les révélations du Canard Enchaîné, la direction de la Police nationale ne souhaite pas s’exprimer. Contactée par France Info, la CNIL ne commente pas cette affaire en particulier.
Dans un communiqué laconique, Ikea "désapprouve de façon claire et vigoureuse toutes ces pratiques illégales".
Mais sur France Info, celui qui fut le premier à dénoncer les dérives du fichier STIC révèle que les entreprises sont nombreuses à recourir aux informations – pourtant souvent erronées – contenues dans ce fichier "ramasse-tout" de la police.
Selon l’ex-commandant Pichon, "tous les policiers habilités par leur hiérarchie ont accès au fichier STIC. Soit environ 100.000 fonctionnaires". Sans compter ceux qui utilisent le code d’accès d’un collègue qui traîne sur un post-it collé sur l’écran de l’ordinateur.
Une fois introduit dans le système, qu’y trouve-t-on ? "Un Français sur deux est fiché par STIC – ce qui représente 36 millions de fiches – pour des choses vérifiées ou non vérifiées puisque certaines décisions de justice ne sont pas mises à jour, notamment les relaxes, ou les classements sans suite", poursuit l’ancien flic. Selon Philippe Pichon, "87% des informations sont erronées, fausses, et ne pourront en aucun cas servir l’intérêt général ou l’intérêt de la police nationale". Des chiffres corroborés par un rapport parlementaire et un rapport de la CNIL (Commission nationale informatique et libertés, télécharger ci-dessous). "Il y a une dimension subjective qui intervient dans le fichage du fichier STIC et c’est cette dimension subjective qui pose problème", analyse l’ancien fonctionnaire.
La plupart du temps, contre une bouffe, ça sert les DRH d’entreprises pour savoir quelle est la "fiabilité" d’un employé
Pour aller consulter une fiche STIC, il faut avoir un code d’accès, ou simplement être l’ami d’un fonctionnaire qui dispose d’un code. "Je trouve dommage de stigmatiser Ikea, car d’autres groupes français ou étrangers puisent abondamment leurs informations dans le fichier STIC", affirme l’ex-commandant Pichon. "STIC est utilisé par des policiers ou des chefs d’entreprises peu scrupuleux, à des fins d’espionnage (…) La plupart du temps, contre une bouffe, ça sert les DRH d’entreprises pour savoir quelle est la « fiabilité » d’un employé", poursuit-il. Selon Philippe Pichon, les policiers qui monnayent leurs informations restent "quand même l’exception".
Pour dénoncer les dysfonctionnements du fichier STIC, le commandant Philippe Pichon avait sorti en 2009 les fiches STIC de Johnny Hallyday et Jamel Debbouze, qu’il avait transmises à un site d’information satirique. Ces faits lui ont valu une mise à la retraite d’office, suspendue quelques mois plus tard par le tribunal administratif.
À télécharger Rapport de la CNIL sur les dérives du fichier STIC
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