Révélations sur le prix des médicaments français

Une enquête de France 3 révèle que des médicaments de laboratoires français sont achetés à l'étranger pour être revendus en France.

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Un reportage lève le voile sur le prix des médicaments en France. © K. Ohlenschläger / Picture Alliance / AFP

Des médicaments de laboratoires français achetés à l'étranger là où ils sont le moins chers pour être revendus en France : c'est l'une des découvertes d'une enquête du magazine Pièces à conviction diffusée mercredi sur France 3 (23 h 10).

Dans la banlieue de Milan, en Italie, deux hommes aux costumes impeccables dévoilent un entrepôt contenant plusieurs dizaines de tonnes de marchandises. Ce sont des médicaments en provenance de la République tchèque, du Portugal ou de Norvège.

Un des cartons arrive des Pays-Bas. Il contient du Plavix, un anticoagulant du groupe français Sanofi-Aventis, qui sera revendu à des pharmacies françaises. "On achète les médicaments là où ils coûtent moins cher et on les revend là où ils coûtent plus cher", résume un représentant de la société de distribution.

"Un comble"

Avant d'être acheminé vers les officines françaises, le Plavix acheté aux Pays-Bas fait un détour par la Toscane, où il est reconditionné avec une boîte et une notice rédigées en français.

"En quelques secondes, un Plavix acheté aux Pays-Bas prend l'aspect d'un Plavix français. Un Plavix bon marché, venu de l'étranger, en concurrence avec celui vendu plus cher aux pharmaciens français par Sanofi. Un comble !" commente le documentaire réalisé par Mahaut Chantrel et Lionel de Coninck.

La facture des laboratoires français est donc plus salée pour la France que pour l'Italie ou les Pays-Bas, plus offensifs sur le prix des médicaments. Ainsi, le Plavix est vendu 37,11 euros en France, 18,23 euros en Italie.

Le prix des génériques varie lui aussi fortement d'un pays à l'autre. Ceux cités par l'enquête (un anti-cholestérol et un anti-ulcère) coûtent 50 centimes aux Pays-Bas contre une dizaine d'euros en France.

Les médecins français dans le viseur

Le sujet souligne encore que les médecins français ont davantage tendance que leurs voisins européens à prescrire les dernières molécules, plus onéreuses sans être forcément plus performantes.

Il en va ainsi pour la rosuvastatine, la seule molécule anti-cholestérol n'ayant pas d'équivalent générique et vendue sous le nom commercial de Crestor, du laboratoire AstraZeneca. L'Assurance maladie avait indiqué en mai que le Crestor était prescrit 3 fois sur 10 en France en 2012, une proportion largement supérieure à celle de l'Allemagne ou du Royaume-Uni.

Le directeur général de l'Assurance maladie, Frédéric Van Roekeghem, avait alors estimé que la prescription de génériques à la place du Crestor représentait un "potentiel d'économies majeur de 500 millions d'euros par an".

L'industrie pharmaceutique est reine en France

Les efforts du gouvernement sur le coût des médicaments - 960 millions d'économies prévues dans le budget de la Sécurité sociale pour 2014 via des baisses de prix et le développement des génériques - sont modérés, selon l'enquête, par la volonté de préserver l'emploi dans l'industrie pharmaceutique.

"La France est le paradis de l'industrie pharmaceutique. (...) C'est là que (les industriels) sont les rois", conclut, amer, Michel de Lorgeril, cardiologue et chercheur au CNRS.

 

Source : Lepoint.fr

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